DE L’ARCTIQUE À L’ANTARCTIQUE, L’AVENTURE DES EXPLORATIONS FRANÇAISES
« Rendre hommage aux pionniers des pôles français que la mémoire collective a laissé sombrer dans l’oubli ; rappeler que la France tient plus que jamais sa digne place dans la grande aventure des pôles ; donner envie au lecteur d’y aller lui-même. » Dans l’avantpropos de son dernier ouvrage, Les Pôles, une aventure française, Dominique Le Brun, écrivain de Marine, spécialiste du monde maritime, navigateur, est on ne peut plus explicite. Outre qu’il partage avec Jean-Louis Étienne, son préfacier, une passion pour ces terres de l’extrême, il essaye de comprendre pourquoi et comment les bouleversements climatiques observés par la communauté scientifique à chacun des pôles sont capitaux pour le futur immédiat de la planète. La conquête des pôles a débuté il y a cinq siècles. Dès les premières décennies du xvie siècle, les armateurs et négociants en soie de Rouen et le syndicat des négociants en soierie lyonnais sont en quête d’une « route de la soie maritime » en direction de la Chine, le passage du Nord-Est. En 1609, après que Jacques Cartier a découvert le Canada, la Compagnie française du pôle arctique organise des voyages d’explorations. Pour l’Arctique, l’histoire de grandes expéditions est associée aux noms de Jean-François de La Pérouse, surnommé à l’époque « le piéton du Grand Nord », Joseph-René Bellot et Émile de Bray qui à bord de navires de la Royal Navy participent aux recherches de l’expédition de Sir John Franklin dans les parages du passage du Nord-Ouest, Jules de Blosseville qui cartographie la côte orientale du Groenland, le prince Napoléon... La véritable découverte du pôle Nord, des plus contestée, ne sera établie qu’en 1909, avec l’expédition de l’Américain Robert Edwin Peary. Le commandant Charcot, Paul-Émile Victor, « l’âme des expéditions polaires françaises », Jean Malaurie (premier Européen à atteindre le pôle géomagnétique nord) sont les héros modernes des pôles auxquels l’auteur rend un bel hommage. Au pôle opposé de l’Arctique, la découverte de l’Antarctique est tout aussi émaillée d’épopée. Ce sont les capitaines malouins au xviiie siècle qui vont ouvrir la voie du grand Sud. La flottille de bateaux marchands pour se rendre auprès des comptoirs des colonies d’Amérique centrale met cap vers le détroit de Magellan et le cap Horn, avant de caboter le long des côtes chiliennes et péruviennes. Avec cette route maritime, ils évitaient les Espagnols, commerçant dans les mêmes eaux… Et ouvraient la voie du continent austral. Les pionniers de l’exploration australe auront pour noms Louis-Antoine de Bougainville, fondateur d’une base avancée aux îles Malouines sous Louis XV; Yves-Joseph de Kerguelen, puis Jules Dumont d’Urville, qui déploiera le drapeau tricolore en terre Antarctique en un lieu qu’il baptisera terre Adélie en hommage à son épouse. Comme pour le pôle Nord, la découverte du pôle Sud ne sera attestée qu’en 1911 grâce à l’expédition du Norvégien Roald Amundsen. L’expédition du Britannique Robert Scott venait de se faire damer le pion par Amundsen. Toute l’équipée mourra d’épuisement, de froid et de faim sur la barrière de Ross. En cette année qui marque le 65e anniversaire de la loi de 1955 portant sur la création des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), cinquième bien naturel français inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, Dominique Le Brun nous offre un livre, accessible quoiqu’érudit, sur un pan de notre Histoire assez méconnu, mais aussi un palpitant récit d’aventures humaines en tout point extraordinaires. Pour en savoir plus... Le Roman des pôles (collectif) et Antarctide, le continent qui rendait fou, de Dominique Le Brun, Omnibus. Sites Archipôles : archives-polaires.fr