En uniforme et… en jupons
Après la défaite de Sedan, l’État, qui aspire à former une armée plus efficace, intègre des cyclistes à partir de 1875 pour faciliter la communication entre les unités et les déplacements silencieux. Les femmes sont également conquises par cet objet formidable qui leur assure une grande autonomie. Une ordonnance de 1 800 leur défend de porter le pantalon, mais l’interdiction est levée de 1 892 à 1 909, si « la femme tient par la main un guidon de bicyclette ou les rênes d’un cheval ». La mode s’adapte alors à l’objet en vogue en proposant des culottes bouffantes pour ces dames. Les académiciens crient au scandale et parlent d’une « machine de stérilité » pouvant blesser l’organe féminin. Certains poussent même leur propos en prétendant que la selle provoquerait l’orgasme ! Émile Zola voit, quant à lui, dans la bicyclette un outil d’émancipation féminine. En Angleterre, les suffragettes n’hésitent pas à revendiquer de nouveaux droits tout en se déplaçant à bicyclette dans une société victorienne aux moeurs strictes. Mais une femme en deux-roues ne se revendique pas forcément féministe : comme les hommes, elle fait partie d’une élite éclairée qui dispose de temps et d’argent et croit aux vertus du progrès.