Catherine de Médicis et la chute de la maison des Valois
Catherine de Médicis est-elle l’artisane de la fin des Valois ? Certes, autour d’elle, c’est l’hécatombe, son mari et ses fils meurent prématurément. Certes, son penchant pour les « intrigues florentines » lui a tissé une légende noire, laquelle est peut-
Henri II perd la vie dans un tournoi, une méningite emporte François II, Charles IX se compromet lors du massacre de la SaintBarthélemy, puis meurt d’une maladie de sang, Henri III est assassiné. Autant de rois au destin tragique qui ont un point en commun : leur parenté avec Catherine de Médicis. Épouse du premier, mère des trois autres, elle semble avoir fait peser sur ses proches une malédiction qui leur a coûté la vie et a même éteint la dynastie des Valois.
Une reine diabolique et machiavélique
Les accusations portées contre Catherine de Médicis ne manquent pas. Le principal crime imputé à l’Italienne est évidemment son rôle dans le massacre de la Saint-Barthélemy. Jalouse, despotique, machiavélique, avide de pouvoir, voire ensorceleuse, Catherine de Médicis n’aurait répugné à aucune bassesse pour parvenir à ses fins. Que cette légende soit fondée ou non – les historiens tendent aujourd’hui à corriger cette exécrable réputation –, il est troublant que tous les proches de la reine aient connu une fin prématurée. Sa première « victime » n’est autre que son mari…
Henri II : des jeux qui tournent au drame
L’époux de Catherine, le roi Henri II, reçoit, au cours d’un banal tournoi organisé à l’occasion de mariages royaux, le 30 juin 1559, un coup de lance qui lui coûtera la vie. Accident malencontreux ? Les faits sont plus troublants. Avant le tournoi, des astrologues, notamment le célèbre Nostradamus, déconseillent au roi de jouter, prédisant même sa mort. Autre signe, Catherine en personne, suite à un rêve prémonitoire, demande à son époux de renoncer au combat. Comme si cela n’était pas suffisant, le cheval du roi s’appelle Malheureux. Henri II, qui n’est pas superstitieux contrairement à sa femme, ne tient pas compte de ces avertissements et engage la joute avec vaillance. Alors qu’il s’élance pour la seconde fois, se produit le choc fatal : son adversaire, Gabriel de Lorges, comte de Montgommery, lui porte un coup de lance au visage. Malgré la visière, un morceau de l’arme se plante dans son oeil. Les plus
grands médecins de l’époque ne peuvent rien pour lui. Le roi s’éteint après dix jours d’agonie. Catherine de Médicis est, d’après les sources de l’époque, profondément affectée par la mort de son époux. Ne serait-ce pas cependant la première « victime » de son influence néfaste ?
François II : une maladie opportune
Devenu roi à la mort de son père, alors qu’il n’est âgé que de 15 ans, François II ne va pas régner longtemps : sa mort prématurée met un terme à un règne qui se déroule dans un contexte politique difficile. Le jeune roi, qui a toujours eu une santé fragile, notamment à cause de problèmes d’oreille, tombe soudainement malade le 16 novembre 1560. Les médecins diagnostiquent une méningite contre laquelle ils ne peuvent rien. Le roi s’éteint le 5 décembre : la dynastie des Valois se voit à nouveau amputée d’un de ses membres. Si la reine n’exerçait pas officiellement de régence, elle n’en jouait pas moins un rôle politique important sous le règne de son fils aîné, notamment pour les questions religieuses. La mort de François lui ouvre ainsi des perspectives plus importantes : son deuxième fils, Charles, n’ayant que 10 ans, elle devient « gouvernante de France », exerçant ainsi la régence. Mort après mort, Catherine accroît ainsi son pouvoir…
Charles IX : un règne empreint de sang
Avec Charles IX, qui règne de 1560 à 1574, l’emprise néfaste de la reine prend une autre dimension. Si Catherine exerce la régence jusqu’à la majorité de son fils, une fois Charles IX majeur, la reine-mère continue à avoir son mot à dire sur l’administration du royaume. Un épisode sanglant le démontre : on soup-
çonne Catherine d’avoir poussé Charles IX à prendre la décision du massacre de la SaintBarthélemy dans la nuit du 23 au 24 août 1572. Cet événement sanglant entache de manière indélébile la réputation et l’autorité du roi. Pour ce qui est de sa santé, Charles IX n’échappe pas à la malédiction familiale : fragile psychologiquement et physiquement, il a toujours eu une mauvaise santé. Elle s’aggrave sous la pression d’une situation politique difficile. Un complot monté contre lui achève de l’épuiser. Le roi se réfugie au château de Vincennes où la fièvre et des problèmes pulmonaires ont finalement raison de lui le 30 mai 1574. Cette mort précoce donne matière aux rumeurs : le roi aurait été empoisonné ! L’autopsie indique cependant qu’il n’en est rien. Une fois encore, il ne semble y avoir de remède ni pour le roi, ni pour le royaume. Seule Catherine est inébranlable.
Henri III, le dernier Valois
Le 2 août 1589, après quinze ans de règne, la mort violente d’Henri III vient clore cette série noire. Le 1er août 1589, Paris est sur le point d’être assiégée, le roi est réfugié à Saint-Cloud. Le matin, alors qu’il est installé sur sa chaise percée, est introduit un certain Jacques Clément, moine dominicain ligueur, qui se dit porteur de nouvelles de la cour. Le moine s’approche du roi pour lui parler en privé et lui remettre des lettres. Profitant de la concentration du souverain sur les missives, le traître le frappe au ventre avec le couteau qu’il tenait caché sous son habit. La réaction du roi est immédiate : il retire le couteau de son corps et le retourne contre son agresseur avant que les gardes ne se portent à son secours. Sur l’instant, Henri III pense ne pas être trop gravement blessé, il va même vaquer à ses occupations royales. Mais, dès le soir, son état s’aggrave : une péritonite se déclare, la fièvre le gagne. Sentant que sa fin est proche, le roi désigne son cousin, Henri de Navarre, pour être son successeur. Henri III a bien fait de se montrer prévoyant : il meurt le 2 août dans la nuit, entraînant avec lui dans la tombe la dynastie des Valois.
Charles IX se réfugie au château de Vincennes où la fièvre et des problèmes pulmonaires ont finalement raison de lui le 30 mai 1574.