Secrets d'Histoire

Didier Le Fur : « Cette tuerie officielle est alors une affaire politique et non religieuse »

Didier Le Fur, historien, spécialist­e des Valois.

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Qui a décidé du massacre de la Saint-Barthélemy ?

La question est compliquée, on ne peut pas désigner une personne en particulie­r. Au lendemain de l’attentat contre Coligny, tous les huguenots de guerre alors à Paris sont pris de crainte, les tensions montent. Charles IX tente d’apaiser les peurs et la colère. Pendant tous les conseils qui se succèdent dans la journée du 23 août 1572, l’idée de se séparer des huguenots de guerre va se créer. Prennent part à ces différents conseils, le roi, son frère, le duc de Guise, et Catherine de Médicis. L’idée de départ est de ne tuer que les capitaines qui se trouvent à Paris pour ramener la paix dans le royaume en supprimant les chefs de guerre. Cette tuerie officielle, qui répond à la volonté royale, va faire entre 50 et 100 victimes. C’est alors une affaire politique et non religieuse.

Le roi et sa mère ont-ils été dépassés par les événements ?

Ce que le roi et sa mère ne contrôlent pas, c’est le deuxième massacre. Lorsque le peuple parisien, qui est très catholique, apprend que l’on tue les chefs huguenots, il se rassemble autour des endroits où ont lieu les exécutions. Croyant que les huguenots ont préparé un coup d’État, les Parisiens se mettent en colère. Comme le roi a permis le massacre, le peuple décide de le continuer. On ne sait pas sous quelle autorité. Le mouvement de foule gagne tout Paris. Lorsque Charles IX est mis au courant de ce deuxième massacre, au matin, il tente de l’arrêter, mais n’est pas écouté.

Qu’en est-il de Catherine de Médicis ?

Elle n’est accusée qu’après. À la fin du xvie siècle et au début du xviie siècle, dans les mentalités, les deux massacres sont confondus et Catherine de Médicis est rendue responsabl­e de tout. Elle est une femme, de surcroît étrangère, elle a plus d’expérience au gouverneme­nt, elle est donc la coupable parfaite. En réalité, il n’y a aucune preuve, mais il a fallu attendre longtemps pour qu’on commence à l’innocenter.

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