Romanov, le destin tragique du dernier tsar
Fragilisé par les mouvements sociaux, la guerre russojaponaise de 1904-1905 et les maladresses d’un tsar bon mais influençable, le pouvoir des Romanov s’écroule après plus de trois cents ans de règne en Russie, balayé par la Première Guerre mondiale. Leur règne glorieux s’achève dans le sang, une nuit de juillet 1918.
Je suis un tsar malchanceux », soupirait Nicolas II. « Ce n’est qu’un enfant », jugeait son père, Alexandre III, qui l’a peu préparé à son futur rôle tant le jeune homme montrait d’indifférence pour la politique. À la mort de son père en 1894, Nicolas II est rattrapé par son inexpérience. Il a 26 ans et éclate en sanglots : « Je ne suis pas capable d’être tsar. » Une tragédie pour cet homme faible et influençable qui n’aspirait qu’à une vie de famille.
Un mariage d’amour et un drame intime
En 1894, Nicolas épouse Alix de Hesse-Darmstadt, la petite-fille préférée de la reine Victoria. C’est un mariage d’amour qu’ils ont réussi à imposer à leurs familles. Jusqu’au bout, ils s’aiment passionnément et forment un couple uni. Après quatre filles (Olga, Tatiana, Maria et Anastasia), l’impératrice accouche d’un héritier, Alexis, en 1904. Mais l’enfant est hémophile. Ce secret d’État fragilise la dynastie. Pour le préserver, la famille impériale se replie sur elle-même.
L’influence néfaste de Raspoutine
Cet isolement coupe le tsar de son peuple. Son autoritarisme, encouragé par sa femme, et la répression féroce d’une manifestation pacifique, le Dimanche rouge, qui provoque la révolution de 1905, signent le divorce avec son peuple. Celui que ses sujets appelaient « Petit Père » devient « Nicolas le Sanglant ». Depuis 1905, Grégori Raspoutine s’est glissé dans l’intimité de la famille impériale : lui seul parvient à soulager Alexis de ses crises d’hémophilie. Alexandra lui accorde une confiance aveugle. Mais le peuple accuse ce débauché de manipuler l’impératrice et le tsar. Entraîné dans la guerre par le jeu des alliances, Nicolas II prend la tête des armées et confie la régence à Alexandra. En décembre 1916, Raspoutine est assassiné. Le tsar prend la mesure de la catastrophe. Entre famines et défaites militaires, le pays est une poudrière. Nicolas II abdique sans résister en mars 1917.
Le massacre de la famille impériale
Détenus dans de cruelles conditions, les Romanov espèrent pouvoir partir à l’étranger. Mais l’avancée des troupes des Russes blancs inquiète Lénine. Pour éradiquer toute possibilité de restauration, les bolcheviks décident de liquider Nicolas II et sa famille. Dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918, le commandant en chef Iourovski réveille la famille impériale. Dehors, on fait tourner le moteur d’un camion pour couvrir le vacarme qui va suivre. Iourovski prononce leur condamnation à mort et ordonne de faire feu. Quand la fumée se dissipe, Alexis et plusieurs de ses soeurs sont encore vivants : les joyaux que les femmes avaient cachés dans la doublure de leurs vêtements ont servi de gilets pare-balles… Leurs geôliers les achèvent à coups de baïonnette. Enterrés dans la forêt, les corps des Romanov seront tous retrouvés et authentifiés grâce à leur ADN. Toute la famille repose désormais dans la cathédrale Pierre-et-Paul à Saint-Pétersbourg.