L'Auvergne L'inépuisable énergie des Arvernes
L’inépuisable énergie des Arvernes
Le passé de l’Auvergne se confond volontiers avec l’Histoire de France : le chef arverne Vercingétorix n’est-il pas notre premier héros national ? Quel pays étonnant ! Occupant le coeur de l’Hexagone, la partie nord-ouest du Massif central affiche l’intemporalité d’une moyenne montagne sauvage, tandis que son chef-lieu Clermont-Ferrand a toujours fait preuve d’une audacieuse modernité.
L’Auvergne est le pays des Arvernes, ce peuple celte qui, deux siècles avant notre ère, s’établit dans la partie sud de l’actuelle France, entre les Pyrénées, les rivages de l’Atlantique et le Rhin. Véritable nation, le Pays arverne bat une monnaie utilisée dans toute la Gaule. Il se montre cependant incapable de résister à l’expansion romaine, vers 120 avant notre ère. Il se trouve dès lors durablement affaibli jusqu’à ce qu’un certain Vercingétorix organise la résistance. En l’an -52, le jeune
chef – il a 20 ans tout juste –, réunit une armée qui inflige une défaite aux légionnaires de César sur le plateau de Gergovie, qu’on situe 7 km au sud de Clermont-Ferrand.
Sentiment d’indépendance
Cette même année, Vercingétorix sera vaincu à Alésia (en Côte-d’Or) et, afin d’éviter le massacre de ses hommes, se constituera prisonnier. L’Histoire de France, la même qui évoque « nos ancêtres les Gaulois », le reconnaît ainsi comme le premier héros national, celui qui a
réalisé l’union des tribus gauloises pour lutter contre l’envahisseur romain. Même si la défaite définitive d’Alésia suit de très près le succès initial de Gergovie, les descendants des Arvernes entretiennent encore un sentiment d’indépendance. En témoigne, dans les années 470, la résistance de Sidoine Apollinaire, évêque de Clermont, à l’expansion des Wisigoths. Plus tardivement, apparaît un autre héros national, lorsqu’avec la victoire de Vouillé, en 507, Clovis incorpore l’Auvergne au territoire franc.
Cohérence géographique et climatologique
Ayant définitivement perdu son autonomie, l’Auvergne dépend alors du royaume austrasien, qui a Reims pour capitale, avant de passer sous la coupe du duc d’Aquitaine. Cela n’empêche pas, toutefois, son Église de conserver toute sa puissance puisque, en 1095, c’est Clermont que le pape Urbain II choisit pour prêcher la Première Croisade. De manière inéluctable cependant, le destin de l’Auvergne est d’appartenir au royaume de France. Tout comme celui de la Maison Bourbon, dont le duché occupe la partie nord de ce territoire, apparaît comme étant de régner un jour sur la France. On notera d’ailleurs qu’outre des intellectuels comme Grégoire de Tours (538-594), Blaise Pascal (1623-1662) et Pierre Teilhard de Chardin (18811955), la région a donné au pays deux chefs d’État : Georges Pompidou (1911-1974), originaire de Montboudif dans le Cantal, et Valéry Giscard d’Estaing (né en 1926), dont la famille tient ses origines dans le Puy-de-Dôme. Aujourd’hui, la définition géographique de l’Auvergne ne paraît pas évidente à établir, certains allant jusqu’à la confondre avec le Massif central, ce qui paraît exagéré. En revanche, calquer ses frontières sur celles des départements de l’Allier, du Cantal, de la Haute-Loire et du Puy-de-Dôme – soit l’ancienne région administrative – répond à une cohérence géographique aussi bien que climatologique : un massif montagneux à prédominance volcanique et d’altitude moyenne, majoritairement exposé aux influences océaniques. Ces deux éléments induisent d’ailleurs une particularité étonnante : sait-on suffisamment que le département du Puy-de-Dôme et le bassin de Vichy possèdent un tiers de toutes les sources minérales françaises ? À cela, deux explications. L’eau y est abondante parce que le Massif central, faisant obstacle aux masses d’air humide venues de l’Atlantique, bénéficie de précipitations abondantes ; en s’infiltrant dans les roches volcaniques, généreuses en minéraux et en gaz, le liquide s’enrichit en éléments thérapeutiques. Parmi les plus connues, les eaux de Vichy et de Châtel-Guyon soignent l’appareil digestif ; celles de Royat sont bienfaisantes pour le coeur et les artères ; celles du mont Dore et de La Bourboule soulagent l’appareil respiratoire… Si les thermes sont une invention romaine, sous le Second Empire, « aller aux eaux » devient un art de vivre. Comme le prouve l’architecture caractéristique des plus anciennes stations thermales de la région, qui distillent leur charme d’un autre temps.