Secrets d'Histoire

Le tragique voyage inaugural du Titanic

- Par Dominique Roger

Coque noire peinte en rouge sous la ligne de flottaison, un liseré doré soulignant le pont principal, une superstruc­ture blanche et des cheminées jaune chamois couronnées

d'une imposante manchette noire. Le « paquebot des rêves », propriété de la compagnie bri-tannique WSL, White Star Line, impression­ne par sa puissance, son élégance, son audace archi-tecturale. Ses dimensions aussi en imposent: 269 m de long; dix niveaux de ponts; 52 m de haut, soit l'équivalent d'un immeuble d'une dizaine d'étages; quatre cheminées de 19 m de haut (dont une réservée à l'aération des cui-sines) expulsant les fumées de 29 chaudières. Le luxe intérieur est à l'avenant, propre à satis-faire les exigences de milliar-daires américains ayant déboursé l'équivalent de... 60000 euros d'aujourd'hui pour prendre place à bord du plus grand et du plus prestigieu­x paquebot ayant jamais vogué sur les mers. Il reste juste au Titanic, à faire ses preuves côté vitesse, un atout commer-cial capital pour une compagnie I h maritime internatio­nale: en cette année 1912, le record de traver-sée de l'Atlantique Nord est détenu par le Mauretania, armé par la Cunard Line. Le 10 avril 1912, à 13 heures 30, le Titanic appareille de Southampto­n, au sud de l'Angleterre, son port d'attache. Destinatio­n : New York. À son bord, 2 205 personnes - 329 passagers en pre-mière classe, 285 en seconde et 706 en troisième - dont 885 membres d'équi-page. Le soir même, à 18 heures 35, il croise dans la rade de Cherbourg, où des milliers de Français l'accueillen­t au son de La Marseillai­se. L'escale nor-mande est de courte durée, le géant de l'Océan mettant le cap vers l'Amé-rique à 20 heures 10. Le paquebot prend rapidement son rythme de croisière, 25 noeuds! Alors que les machines tournent à plein régime, que la vitesse augmente, le Touraine, unité de la CGT, Compagnie générale transatlan­tique, alerte à trois reprises te commandeme­nt du Titanic de l'existence de champs de Le naufrage du Titanic est un trau-matisme à l'échelle internatio­nale. Tous les journaux de monde entier mettent à la une le tragique événe-ment. Contribuan­t à construire le mythe, le New York Times raconte les faits les plus invraisemb­lables, histoire de tenir les lecteurs en haleine et de vendre du papier à pleines brassées. On peut lire ainsi qu'un passager, Emilio Portaluppi, serait resté désespérém­ent arrimé à un bloc de glace durant des heures. Que tes matelots Jack Williams et William French auraient été témoins de l'exécution de six personnes. Plus vil encore, le quotidien du milliar-daire William Randolph Hearst propose de coquettes sommes d'argent - l'équivalent de trois années de salaire -, aux opérateurs radio du Carpathia, le paquebot venu en aide aux naufragés, pour qu'ils lui réservent en exclusivit­é, leurs témoignage­s. glace rapprochés (banquise, growlers) menaçants. Le capitaine donne l'ordre de ralentir l'allure. Trop tard, hélas! L'aspérité sous-marine d'un iceberg racle et déforme, sur 90 m, la double coque faite de plaques d'acier et divisée en seize compartime­nts étanches. Comme de simples boutons de culotte, les rivets en fer (et non en acier) sautent, ouvrant une voie d'eau. En l'espace de trois heures, dans la nuit du 14 au 15 avril, le « paquebot des rêves » affronte le pire des cauchemars. Dans une panique indescript­ible, l'évacuation du bâti-ment commence. Il est 0 heure 45. À 2 heures 15, il se brise en deux, la pres-sion sur la coque étant trop forte. À 2 heures 20, le Titanic est entièremen­t englouti emportant, par plus de 3 800 m de fond, 1502 hommes, femmes et enfants. Ce sont les chiffres officiels, lesquels ne tiennent pas compte des éventuels passagers clandestin­s. Le naufrage du Titanic est un trau-matisme à l'échelle internatio­nale. Tous les journaux de monde entier mettent à la une le tragique événe-ment. Contribuan­t à construire le mythe, le New York Times raconte les faits les plus invraisemb­lables, histoire de tenir les lecteurs en haleine et de vendre du papier à pleines brassées. On peut lire ainsi qu'un passager, Emilio Portaluppi, serait resté désespérém­ent arrimé à un bloc de glace durant des heures. Que tes matelots Jack Williams et William French auraient été témoins de l'exécution de six personnes. Plus vil encore, le quotidien du milliar-daire William Randolph Hearst propose de coquettes sommes d'argent - l'équivalent de trois années de salaire -, aux opérateurs radio du Carpathia, le paquebot venu en aide aux naufragés, pour qu'ils lui réservent en exclusivit­é, leurs témoignage­s. En France, La Presse, grand quoti-dien populaire, n'évite pas l'écueil du sensationn­alisme : « Derniers détails sur la catastroph­e. Une ville flottante engloutie avec ses habitants. Près de 2000 morts. » Le PetitJourn­al du 17 avril 1912 affiche une galerie de portraits de l'équipage sous le titre, un brin cynique: « Une formidable catastroph­e »! Durant de nombreuses semaines, Le Figaro publie des articles détaillant la catas-trophe et rendant compte de l'avancée de l'enquête. L'Humanité s'interroge: « Pourquoi tant de victimes ?» Le Matin semble lui répondre: «Le Titanic n'avait pas assez de canots. » Cent six ans après la plus célèbre catastroph­e maritime, la presse continue de publier des articles avançant de nouvelles thèses sur son origine et pointant les responsabi­lités.

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met en une Le 29 avril 1923, Le Petit Journal naufragés du « Titanic » : l’hommage du « France » aux fleurs par-dessus bord. les passagers ont jeté des

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