L’Élysée, un palais républicain (Paris)
Tout commence en 1718. Henri Louis de la Tour d’Auvergne, comte d’Évreux, veut complaire à Philippe d’Orléans : pour être digne de s’afficher aux côtés de celui qui assure la régence sous Louis XV, il se résout à posséder son propre hôtel particulier. Il achète quelques arpents maraîchers au lieu-dit Les Gourdes, au milieu de masures du chemin du Roule. Un petit palais d’architecture classique sort de terre. Le 14 décembre 1720, un grand bal en l’honneur du régent scelle le destin de ce lieu, où le pouvoir ne cessera de s’exercer… En 1753, la marquise de Pompadour, devenue indésirable à la Cour et détestée du peuple, s’y fait oublier, tout en restant au coeur de Paris. Les propriétaires se succèdent ainsi jusqu’à la Révolution, qui transforme le nouvel « ÉlyséeNational » en appartements. En 1815, Napoléon y fait ses adieux. En 1848, son neveu, le futur Napoléon III, devient le premier président de la République de l’Histoire : « l’Élysée Napoléon » revient dans le domaine de l’État, pour ne plus jamais en sortir. Après la chute de l’Empire et depuis 1873, tous les présidents se sont installés à l’Élysée, redevenu « National » (sauf de 1940 à 1946, où il est déserté). À écouter d’anciens conseillers et chefs de cabinet, les présidents successifs s’accordent à dire que le palais est « malcommode au quotidien », que les pièces importantes sont trop éloignées les unes des autres, que le protocole y est trop pesant. Et qu’il y règne un « phénomène de Cour » inhérent à l’Histoire du lieu.