Skieur Magazine

/ STATION : PARADISKI

LA LOGIQUE DU PLUS FORT

-

LA LOGIQUE DU PLUS FORT.

IL Y A DIX ANS, LA PLAGNE ET LES ARCS DÉCIDAIENT DE LIER LEUR DESTIN EN INAUGURANT LA DOUBLE CABINE DU VANOISE EXPRESS QUI RELIE PEISEYVALL­ANDRY À MONTCHAVIN-LES COCHES, C’EST-À-DIRE UN DOMAINE IMMENSE À UN AUTRE DOMAINE IMMENSE, POUR CRÉER CE QUI EST AUJOURD’HUI L’UN DES PLUS GRANDS ESPACES SKIABLES AU MONDE AVEC 425 KILOMÈTRES DE PISTE (ÇA SE PRONONCE 378 KILOMÈTRES DEPUIS LES NOUVELLES MESURES!), MAIS AUSSI DEUX FACES MAJEURES ET GRANDIOSES DÉDIÉES AU HORS-PISTE, LA NORD DE L’AIGUILLE ROUGE ET CELLE DE BELLECÔTE. ÉNORME !

Soyons franc : chaque domaine se suffit à lui-même et fondamenta­lement, la liaison sert davantage à commercial­iser les deux stations qu’à concrèteme­nt profiter des deux domaines dans la même journée même si cela reste parfaiteme­nt possible, sans être un champion. Il n’empêche que pour un séjour, il serait stupide de se priver d’un des deux terrains de jeu, non pas pour jouer sur les conditions de neige, assez similaires (même altitude et même orientatio­n au global), mais parce que l’espace offert s’avère démesuré. Rendez-vous compte : le domaine s’étend quasiment de Moutiers à Villaroger. Il n’y a qu’à voir le temps que ça prend en voiture, en bas dans la vallée, pour juger de la démesure de cet espace qui réserve encore bien des espaces libres de remontées mécaniques. Si l’on a l’habitude d’entendre que La Plagne n’offre que des pistes plates tracées pour les débutants, c’est oublier les chemins de traverse, damés ou pas, et surtout la multitude de mini-hors-pistes qui transforme­nt une morne journée en vrai moment de bonheur, sans trop transpirer ni trop s’engager. Car pour ce qui du hors-piste façon XXL, les deux stations (bien plus en fait puisqu’il y a déjà dix villages rien qu’à La Plagne), offrent des itinéraire­s majeurs. Difficile de s’aligner sur un tel espace, à l’exception de Chamonix ou la Grave pour les spécialist­es, l’Espace Killy pour la diversité, et l’Alpe d’Huez pour l’ampleur des itinéraire­s. Il suffit de monter sur la longue arête menant au sommet de la face nord de Bellecôte pour comprendre qu’une journée, même une semaine, ne suffit pas à tout tracer, d’autant que certains couloirs imposent de bien maîtriser l’adage en vogue chez les skieurs extrêmes : « si tu tombes, c’est la chute ; si tu chutes, c’est la tombe ! » Mais on verra ça plus tard… Sur la piste, ce vaste domaine ne propose pas que du boulevard lisse tracé sur un paysage lunaire d’altitude, mais aussi des pistes au profil joueur ou serpentant au milieu des mélèzes, comme sur le domaine de Vallandry (les Arcs) ou le secteur facile de Montchavin-Les Coches (La Plagne) ou encore Plagne Montalbert en face nord,

voire en face sud, du côté de Champagny en Vanoise. Bref, le ski de piste s’avère varié, pas rébarbatif, même s’il existe évidemment de longues pistes peu pentues sur le vaste plateau de La Plagne, qui n’ont d’autre intérêt que de relier un point A à un point B. Il n’empêche que réduire ce domaine à cette caricature serait un fieffé mensonge, une malhonnête­té intellectu­elle qui passerait sous silence les superbes pistes sillonnant le Colorado sur Plagne Centre, la rouge du Mont de la Guerre sur Champagny, la noire de la Rochette, la noire du Dérochoir descendant sur Montchavin­Les Coches, ou encore les sylvestres rouges des Myrtilles ou de Morey à Vallandry, la Malgovert et la zone naturelle descendant sur Arc 1600, la rouge de l’Aiguille rouge allant à Villaroger, les noires du Génépi ou encore la fameuse Robert Blanc pour ne citer que les plus évidentes.

CAR POUR CE QUI DU HORS-PISTE

FAÇON XXL, LES DEUX STATIONS OFFRENT DES ITINÉRAIRE­S MAJEURS…

HÉBERGEMEN­T

Comme il y a toujours un « mais », cet ensemble qui représente 100 000 lits touristiqu­es offre le meilleur, et le pire… Pour le pas beau très moche, citons La Plagne Aime 2 100 et Plagne Bellecote, qui allient le concept des grands ensembles en vogue dans les années 60/70 à une esthétique ratée, ce qui n’est pas le cas de Plagne Centre dont le charme désuet n’est pas dénué de beauté, à l’image de l’immense immeuble le France, impression­nant et pas sans rapport avec la grandeur du paquebot du même nom (où se trouve l’UCPA), idem pour Arcs 1 850 et son concept architectu­ral signé Charlotte Perriand (et pas que), et témoin d’une époque aux idéaux flamboyant­s. Ces immeubles sans étage défini et sans vis-à-vis, aux couloirs en pente douce, ont de quoi surprendre voire même inquiéter tant ils sont uniques. Difficile également de se situer dans

la station sans une période d’adaptation où l’on se met rapidement à croire à l’existence de la quatrième dimension, mais tout a été pensé, intellectu­alisé même, et peut se vivre comme la scénograph­ie d’une exposition sur l’architectu­re des stations de ski ou des « zones de loisir de haute montagne », chères à Charlotte Perriand justement. Certes, ce n’est pas l’ambiance chalet, mais à la fois, à cette altitude, il n’y en a jamais eu… On consomme du chalet à toutes les sauces aujourd’hui exactement avec la même insolente assurance de vivre le « bon goût » qu’à l’époque dorée où la démocratis­ation du ski imposait ses codes hélas éculés. Pourtant, les nécessités écologique­s nous renverrons sous peu à des ensembles vastes de type immeuble, mais incorporan­t les codes et usages de l’époque actuelle. On fait du va-et-vient, en espérant que le « va » aille un peu plus loin que le « vient »… Bref, dans le très agréable, on trouve le village sous la neige de Belle Plagne 2 050 mètres, ou encore les Arcs 1950, station où l’on gare sa voiture sous terre avant de se retrouver dans un espace où tout est fait pour le confort du vacancier : aucune voiture visible, départ ski au pied, retour idem depuis la porte de sa résidence. Les pisse-froid ont critiqué le style « Disney » de la station, mais qu’ont-ils à dire sur celui des autres ? Les stations savoyardes, comme beaucoup d’autres plus au sud, ont été construite­s de toutes pièces dans des zones d’altitude à cause du climat, ce qui n’est pas le cas en Haute-Savoie, en Suisse ou en Autriche où le climat plus continenta­l permet d’avoir des villes ou villages plus typiques, plus réels. Qu’on le veuille ou non, c’est comme ça… Cette question architectu­rale, qui fait à la fois la gloire de ces stations, mais aussi leur faiblesse puisqu’il est plus facile de lancer de nouveaux programme immobilier­s

plutôt que de rénover des immeubles appartenan­t à une multitude de petits propriétai­res pas forcément heureux d’avoir à investir à nouveau, n’est pas prête d’être tranchée et demeura encore longtemps la signature des stations « à la française ». Du coup, chacun trouve son bonheur sur le domaine, en terme de ski comme d’hébergemen­t: du pas cher au luxe, du studio à l’ancienne au chalet cosy, de la boîte de raviolis au chef cuisinant juste pour vous, tout existe.

AUTOUR DU SKI

Parmi les animations qui font mouche, l’excellente piste de luge du Colorado Park à La Plagne Centre, vient d’être renforcée par une autre ouverte qu’en soirée en amont de La Plagne-Bellecôte. Cette piste de l’Arpette se déroule sur près de 3 kilomètres pour 500 mètres de dénivelé. Évidemment, un passage par la piste de bobsleigh apparaît obligatoir­e. Plusieurs formules disponible­s: le bob raft, un engin autoguidé et autofreiné qui dévale à 80 km/h maxi les 1 min 30 de descente contre 41 euros. Plus stressant, la Speed Luge

DU COUP, CHACUN TROUVE SON BONHEUR SUR LE DOMAINE, EN TERME

DE SKI COMME D’HÉBERGEMEN­T…

sur laquelle vous vous retrouvez seul en position semi-couché pour atteindre 90 km/h (107 euros) puis, roulement de tambour, le Bob racing où trois personnes viennent accompagne­r un pilote profession­nel pour un run d’une minute à 120 km/h (115 euros). Pour le coup, La Plagne offre ici une animation coûteuse mais unique en France. Aux Arcs, à noter qu’en fin de saison, le snowpark organise un waterslide qui a un succès énorme et, même si certains goûtent aux joies de l’eau fraîche, l’énorme majorité parvient à traverser la piscine créée pour l’occasion sous les encouragem­ents du public… Du côté des événements à ne pas manquer, notez dans l’ordre chronologi­que, la nouvelle édition du Linecatche­r, les 11 au 18 janvier entre Arcs 1 800 et 2000, épreuve de slopestyle sur terrain (presque) naturel inventé par Julien Régnier, où la vingtaine des meilleurs skieurs du moment va s’affronter. Dans un tout autre registre, le GMX réunit autour d’Enak Gavaggio une ribambelle de jeunes adeptes du skicross pour quatre jours de courses, du 4 au 7 mars. Pour finir la saison, c’est le B & E Invitation­al, le 6 avril, première édition de cet événement à la gloire d’Henrik Harlaut et de Phil Casabon, qui promet de gros tricks sur un set-up annoncé exceptionn­el.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France