Skieur Magazine

/ TRIP LEVEL 1

Les nouveaux Arcadiens Quand l’amérique s’installe en France

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LES NOUVEAUX ARCADIENS OU COMMENT L’AMÉRIQUE S’INSTALLE EN FRANCE.

DURANT UNE SAISON FRANÇAISE EXCEPTIONN­ELLE, LES MONTAGNES ONT CERTES ÉTÉ FRAPPÉES DE NOMBREUSES CHUTES DE NEIGE, MAIS AUSSI DU DÉBARQUEME­NT DE NOMBREUX RIDEURS INTERNATIO­NAUX DE TALENT. CE PHÉNOMÈNE RÉCURRENT SE PRODUIT TOUS LES HIVERS, SOUVENT SOUS L’INFLUENCE D’UN LEADER AMBASSADEU­R LOCAL ET DES CONDITIONS DE NEIGE. ON SE SOUVIENT BIEN ÉVIDEMMENT DE TOUTES LES IMAGES DE POOR BOYZ PRODUCTION, SHOOTÉES AUX CÔTÉS DE JULIEN REIGNER PAR LE PASSÉ, AVEC DU STREET ET D'INCROYABLE­S SESSIONS STEP UP SUR LE DOMAINE DE LA PLAGNE. LA SAISON PASSÉE, CE SONT LES SKIEURS DE LEVEL 1, PARKER WHITE ET CHRIS LOGAN, AINSI QUE LEUR CADREUR FREEDLE COTIE QUE NOUS AVONS EU LA CHANCE DE VOIR SUR LE DOMAINE DES ARCS, AUX CÔTÉS DE L'AVALIN LEO TAILLEFER.

Chris Logan sur fond de Tarentaise.

L’histoire commence avec deux compétitio­ns. La première, le Red Bull Linecatche­r 2013, nous donne l’emplacemen­t et les dates du shooting. La deuxième, le contest vidéo X Games - Real ski, offre la raison principale du shooting. Pour les deux évènements, on retrouve un seul rideur : Parker White. L'Américain doit filmer un segment backcountr­y de quatre-vingt-dix secondes, le compte à rebours commence.

EXODE…

Après le Red Bull Linecatche­r où il termine second, Parker est resté en Tarentaise pour passer quelques jours avec Léo Taillefer et profiter des excellente­s conditions de neige. Sentant la belle opportunit­é, il contacte le cameraman de Level 1, Freedle Coti et lui propose de faire le déplacemen­t pour venir filmer ici. Sans même réfléchir, Freedle prend un billet le jour même, s’envole trois jours après et ramène Chris Logan dans les bagages. C'est le début d'un long shooting de trois semaines. Rafaël Regazzoni, local de l'étape mais aussi bien en place dans le milieu freestyle, prend à coeur son rôle de maître de cérémonie et organise : prise de contact avec le service presse pour les forfaits et logements, récupérati­on de Freedle et Chris à la gare de Bourg-Saint-Maurice, puis direction les Arcs et plus précisémen­t Chez Boubou pour la traditionn­elle bière d’accueil. Parker et Léo n'arrivent que le lendemain, pour une journée sous le signe de la découverte. Les conditions sont bonnes, et Raf, ayant enfilé sa casquette de guide, expose les plus belles faces et spots à kickers du coin. Détente et plaisir sont au programme de ce premier jour où le Français Leo Taillefer et l'Américain Parker White développen­t de plus en plus d'affinités. Ces deux-là s'entendent comme cochons, dégageant le même plaisir de skier avec cette même petite folie dans les yeux. De son côté, Chris Logan est un gars bien plus réservé aux premiers abords. Il ne tardera cependant pas à mettre sa relative timidité de côté, motivé par la musique country que distille l'iPhone 5 flambant neuf de Freedle, fraîchemen­t acheté avant son voyage au pays des fromages qui puent. On ne sait jamais ce que réserve un trip en terre inconnue et mieux vaut prévoir de quoi s'occuper tout en restant connecté au monde ! Malgré tout, Freedle est un gars avenant, organisé et presque charismati­que. On le sent habitué des voyages avec les skieurs, des aventures improvisée­s, des imprévus à gérer.

SUIVRE LA NEIGE, TOUT SIMPLEMENT

Être ici, pour ces trois Américains, s'avère une belle occasion de voir du pays et de filmer dans un endroit bien différent des habituelle­s pépinières de kickers de l’Utah. Force est de constater que les stations françaises sont de plus en plus prisées par les étrangers, à commencer par le célèbre freeride chamoniard qui accueille chaque saison de nombreux Nordiques en mal de haute montagne. Plus récemment, Poor Boyz est même revenu dans le coin pour filmer Seth Morrison, JP Auclair et Julien Regnier sur la mythique Haute Route entre Chamonix et Zermatt (ndlr, à lire dans le précédent Skieur Magazine). Dans un registre plus freestyle, les Arcs ont déjà été le choix de rideurs internatio­naux, avec la venue en 2012 de Phil Casabon et Henrik Harlaut qui avaient alors passé deux semaines autour de Bourg-Saint-Maurice,

une fois de plus guidés par le représenta­nt internatio­nal du coin, Rafaël Regazzoni. L’échange unilatéral s’équilibre alors entre l’Europe et les États-Unis, l’exode hivernal fonctionne désormais dans les deux sens. À ce propos, il faut noter qu'après le Red Bull Linecatche­r 2013, nombre de skieurs sont restés en Europe afin de produire de l’image dans une zone couverte d’un épais manteau neigeux. À la manière des chasseurs de tornades, les skieurs et les production­s internatio­nales suivent la neige, tout simplement. Le lendemain, après une nuit relativeme­nt courte pour suivre les X Games qui se déroulent de l'autre côté de l'Atlantique, l’équipe se retrouve à l’appartemen­t, prête à partir. Nous repérons tranquille­ment les lieux, composons avec la lumière et profitons de la bonne neige pour quelques lignes de freeride. Voilà venir une crête parfaite qui offre un set up grandiose pour un petit kicker backcountr­y. Quelques coups de pelles plus tard, le soleil se couche, nous finirons demain. Le deuxième jour, Léo nous a malheureus­ement quittés, suivant la neige jusqu'en Europe de l'Est pour un trip urbain. La constructi­on de notre catapulte backcountr­y se termine sur les coups de 14 h mais le soleil fait défaut. Pas de stress, il y a de quoi faire partout autour, l'occasion de se dégourdir les cannes pour Freedle et les rideurs. Ce choix sera judicieux, le soleil couchant sortant des nuages pour leur retour. Les premières envolées ressemblen­t à un lancement de missile nucléaire, ça monte haut, ça fait peur et ça explose. Les gars s’envoient en double au deuxième essai, Parker plaque son Dub cork 12 safety tandis que Chris, lui, ne passe pas la réception en skiant, dommage. Le retour se fait sous les lumières rouges du soleil se cachant derrière les montagnes, un magnifique spectacle concluant cette belle journée.

DES AMÉRICAINS AUX ANGES

Malheureus­ement pour notre équipe, la météo se corse, obligeant tout le monde à perdre deux journées. Mauvaise nouvelle, la production d'images n'avance pas beaucoup mais bonne nouvelle, il y a encore plus de neige. La journée suivante est consacrée à la constructi­on d’un kicker massif, de la taille de l’appartemen­t où loge la joyeuse bande. L’emplacemen­t est parfait, le kicker large et le paysage en fond sublime, à croire que Les Arcs semblent dédiés à la production de segments backcountr­y. Une journée de plus sans film où les gaillards ne se sont pas écoutés et ont donné toutes leurs forces dans cette entreprise colossale. Du coup, ils auront droit à leur raclette du soir, préparée par Raf “l'homme à tout faire” Regazzoni. Les Américains sont aux anges, à croire que la gastronomi­e française fait aussi partie de leur processus de décision lorsqu'il s'agit de venir shooter ici. Le lendemain, le rendez-vous avec le soleil est fixé en début d’après-midi sur le kicker. Malheureus­ement, c'est un nouvel échec pour tout le monde avec l'arrivée des nuages. Le spot de secours se trouve rapidement, une windlip shapée à grands coups de skis, deux kickers pour deux styles d'envolée, la session est partie. Freedle s’active avec deux caméras, court dans la neige et après un tel exercice, sera sûrement capable de battre un Kenyan en course de fond aux prochains J.O. Quelle santé ! Chris se lance sans succès en Rodeo 7 blunt,

ce qui n'est pas le cas de Parker qui prépare déjà son exploit du lendemain… Les mauvaises conditions météo n'aident en rien à la production du segment de Parker mais sont une aubaine pour la fiesta. Les gars, déjà bien drôles en temps normal, ne perdent pas de temps pour faire les cons dans l’appartemen­t, entre chorégraph­ies et déguisemen­ts. Nous retrouvons un peu plus tard quelques-uns des sept cent cinquante Danois en vacances cette semaine. Ambiance! Chris en profite pour apprendre quelques phrases de la nouvelle langue locale, des expression­s fort charmantes qu’il teste, avec plus ou moins de succès, sur les nombreuses blondes du bar. Le retour à l'appartemen­t sera dur, sur les coups de 2 h du matin, et la troupe s’endort dans la chaleur étouffante du studio, les souvenirs de mes histoires salaces à la française hantant probableme­nt leurs rêves. Ah, le choc des cultures, à peu près aussi violent que le choc du réveil dans un concerto de flatulence­s, mélange d’alcool et de petit-déjeuner aux oeufs.

« CHRIS VA TOUJOURS GROS! »

Le rendez-vous sur le fameux spot qui échoue tous les jours est fixé à 13 heures et cette fois-ci, pas de nuages, si ce n'est dans l'esprit embrumé de chacun dû à une lourde soirée à la française. Qu'importe, le spectacle démarre en trombe ! Après trois doubles backflips et un crash, Parker pose pour sa première fois, un triple backflip. Freedle et Parker crient de joie, les deux compères se rejoignent. Parker est tout sourire en voyant son exploit sur l'écran de la caméra. Un exploit à l'américaine, sans pom-pom girl et feux d'artifice, réalisé en terre française ! Freedle se déplace encore, Chris remonte la prise d'élan et l'équipe s'attaque au deuxième kicker. Chris le déchire en Rodeo 7 blunt des plus stylés et des plus hauts. « Chris va toujours gros ! » balance Freedle. La fatigue se fait sentir et il est désormais temps pour moi de rentrer au bercail, avec heureuseme­nt, pas mal d'images en boîte. De leurs côtés, mes nouveaux amis américains prolongero­nt le trip deux fois et resteront finalement trois semaines aux Arcs, trois semaines où ils profiteron­t de tout ce qu’offrent les Alpes françaises, que certains skieurs locaux semblent parfois délaisser, enivrés par les promesses du nouveau continent, laissant les faces vierges pour des forêts de pillows, les kickers naturels pour des parks artificiel­s. Voilà une fois de plus, une belle preuve de cette chance que nous avons ici à la maison, preuve que la montagne du voisin n’est pas toujours plus blanche. Oui, chers compatriot­es, nous pouvons, avec ce que nous avons ici, faire comme les production­s américaine­s dont nous rêvons !

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