Skieur Magazine

LE SYNDROME DE LA PAGE BLANCHE…

- Mathieu RAYNAUD

Mi-septembre, le temps s’accélère. Même si l’été joue les prolongati­ons et fait du grand n’importe quoi, comme à son habitude me direz-vous, il est grand temps de se préparer à la saison d’hiver qui débute dans les salles obscures avec la deuxième édition du High Five Festival. Et moi, après avoir bouclé ce numéro, je me demande bien quelle direction va prendre mon édito. Pas que les idées me manquent, mais simplement parce que pour la première fois, je ne suis plus sûr d’être en phase avec la pratique, ou plutôt, avec ce que le monde du ski inflige au freestyle.

Évidemment, il y a de quoi débattre sur l’évolution à vitesse grand V de notre sport passé du joyeux bordel pas franchemen­t organisé à une discipline olympique (presque) bien rangée. Il y a encore tellement à dire sur ces changement­s, sur le retrait des marques de skis ou le manque criant d’infrastruc­tures où pratiquer, qu’on pourrait encore se demander si les Jeux ont été bénéfiques… Et puis vaut-il mieux privilégie­r le format websérie au film long ? Vaut-il mieux un ski classique pour le slopestyle plutôt qu’un de freestyle à double rocker ? Joffrey Pollet-Villard et Candide Thovex incarnent-ils mieux le spirit que Kevin Rolland et Nick Goepper ? Et doit-on en déduire que seuls le backcountr­y et le street demeurent désormais les vraies branches du freestyle, sauvages et rebelles ? Encore tout un tas de questions et de sujets, tellement même, déjà traités ou pas, que je ne sais même plus par où commencer, ni où aller, à un point même que je me demande si je ne suis pas atteint du syndrome de la page blanche. Je me suis renseigné sur la question, un peu comme à chaque fois qu’on s’inquiète et j’ai lu ça : « ...syndrome souvent dû au fait que l’auteur a mis ses personnage­s dans une situation complexe de laquelle il s’avère incapable de les sortir ». À l’éclairage de cette définition, je vois finalement mieux où se situe mon problème : le freestyle, et plus généraleme­nt le freeski, se sont mis dans une situation tellement complexe qu’ils sont même arrivés à me perdre, à nous perdre, à faire que l’on ne sait plus ce qui est vraiment cool ou ce qui ne l’est pas, ce qui est bon pour le sport ou ce qui ne l’est pas… En revanche, toi, l’hiver, oui toi là-bas, ne me la fais pas à l’envers avec un quelconque blocage artistique et ne va pas te poser de questions à la con : on ne te demande rien de bien compliqué et si d’ici deux mois, tu ne nous as pas repeint tout ce paysage en blanc (travail soigné, avec plusieurs couches…), laisse-moi te dire que ça va chier sévère, panne d’inspiratio­n ou pas !

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