PRENDRE UN KICKER
Si l’on oublie la conduite sur neige en elle-même, les sauts restent la base du freestyle, ce truc qui a toujours existé au-delà des époques. En cherchant bien dans les albums de photos de famille, il y a des chances pour que vous y dénichiez quelques images d’un ancien en train de s’adonner au twist écart ou à l’arrêt bougnette sur un bord de piste en cuillère… C’est clairement l’essence même de la discipline, son côté le plus spectaculaire, celui qui fait hurler les foules car c’est du concret, ça impressionne, encore plus lorsqu’on maîtrise l’art du vol qui ouvre la porte aux acrobaties les plus folles. Sachez quand même avant de vous lancer qu’un gros backflip des familles impressionnera toujours plus qu’un double cork 12 : pas besoin de brûler les étapes donc…
OÙ DÉBUTER :
Les petites tables du park conviennent parfaitement aux débuts dans les airs et permettent de progresser au rythme de chacun. Comme les pistes, leur difficulté est la plupart du temps signalée par une couleur : verte, bleue, rouge et noire, dans l’ordre croissant, noire étant le module réservé aux pros. Bien sûr, rien ne vous oblige à rester dans le park et le moindre tas de neige peut faire office de tremplin, tant que la réception reste dégagée, et plutôt pentue.
LA CONDUITE :
Malgré leur code couleur similaire, tous les sauts sont très souvent différents, une table verte n’étant pas forcément la même que celle d’une autre station. Quoi qu’il en soit, la première chose à faire consiste à estimer la vitesse nécessaire pour prendre le saut, vitesse qui permet d’atterrir dans la réception prévue à cet effet et ni avant ni après. Le plus simple est d’observer les autres riders pour en juger mais la solution mathématique reste possible avec toutes les données nécessaires : votre poids, le coefficient de glisse, l’inclinaison de la pente, etc. : compliqué… Le saut se déroule en trois parties : l’envol, le vol et la réception. Une fois arrivé au bout de la piste d’élan, il s’agit de rester relax sur les skis, détendu, les mains devant et de fixer le bout du kicker. À sa sortie, on a le choix de se laisser voler sans déplier les jambes, ou de pousser légèrement en dépliant celles-ci afin de donner une petite impulsion. Attention à ne pas forcer cette impulsion pour ne pas se déséquilibrer dès le début des hostilités ! En vol, le regard fixe désormais la réception. Gardez les mains devant et remontez légèrement les jambes tout en gardant le buste droit afin d’adopter une position groupée, sans forcément se retrouver complètement en boule. On peut laisser les skis à l’horizontal pour continuer tranquillement la parabole, ou pencher légèrement les spatules vers l’avant pour plonger
SKIEUR MAGAZINE un peu plus tôt vers la réception, à la manière des ailerons d’un avion. Lorsque la neige se rapproche dangereusement, continuez de fixer la réception en conservant la position adoptée précédemment, puis amortissez la réception avec les jambes et les chevilles, toujours les bras devant. Bien joué, vous voilà de retour sur la neige ferme !
LE PLACEMENT DU CORPS :
Être relax au décollage, jambes et chevilles fléchies, buste droit, mains devant. Se grouper légèrement en vol, tout en conservant le buste droit et les mains devant. Amortir avec les jambes la réception, toujours les mains devant.
À ÉVITER :
- Arriver trop vite ou trop lentement sur le module. Sur une table verte ou bleue, il ne devrait pas y avoir trop de dégâts mais cela ne sera pas le cas sur une table rouge ou noire où le risque de tomber de haut est plus important, que ce soit sur la table en elle-même ou en fond de réception (testé et approuvé, luxation de hanche à la clé). Bref, faites un maximum de checkspeed pour appréhender l’élan et gare à l’évolution de la neige. La vérité du matin n’est pas forcément celle de l’après-midi, et inversement… - Pousser trop fort en sortie de kicker est aussi une erreur à éviter car c’est le meilleur moyen pour vous déséquilibrer dès le décollage. - Ne surtout pas garder les bras en arrière car ils vous déséquilibreraient et vous partiriez directement sur l’arrière, ce qui ne présage rien de bon pour la suite… Il en est de même si vous arrivez trop à cul sur le kicker.