Skieur Magazine

GAVAGGIO

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En 2002, 2004, 2006, 2007, 2011, 2012… île du nord, île du sud... Je n’ai pas de préférence, j’aime les deux îles qui offrent un paysage assez semblable, même si j’aurais un petit faible pour le nord ! Je suis incapable de ressortir tous les noms de stations mais j’ai la chance de les avoir quasi toutes faites : des stations sur les volcans aux stations à l’unique télésiège une place, en passant par les grosses stations buildings ou celles quasi urbaines. Les deux îles prennent de toutes façons les mêmes précipitat­ions de front, merci à la mer et à l’océan, et merci aux petites montagnes japonaises de retenir les nuages !

A mon sens, la qualité de la neige est surtout au fait qu'il neige tous les 2 ou 3 jours maximum ! La neige n’a pas le temps de subir le climat changeant, le soleil ne perce quasiment jamais mais le vent peut faire des petits ravages sur les crêtes. Dans l’ensemble, c’est un puit de peuf sans fond. La qualité est donc exceptionn­elle, ce n’est pas aussi léger que la neige de l’Utah, mais cela reste sur la quasi totalité de l’hiver, une poudreuse de rêve. On a que très rarement une poudreuse champagne, comme en Alaska du fait du manque de déclivité. En station, tous les runs sont quasiment protégés par les arbres, c’est donc un ski de forêt monstrueux ! On peut subir l’effet du vent, si on crapahute aux alentours, et qu’on arrive sur des crêtes mais là encore, la neige dure ne ressort pas, du moins elle peut ressortir, mais si on est malin, il suffit de glisser là où le vent n’a pas trop travaillé. Les seules fois où j’ai été déçu de la qualité de la neige, c’est quand le soleil vient à pointer son nez, que l’humidité ressort et que la neige se transforme, cela peut aller super vite mais il suffit alors d’attendre 24 heures pour qu’une nouvelle chute repointe son nez. Comment peut-on être vraiment déçu ? Le Japon peut permettre de skier un run total en sous-marin, donc sans rien y voir. Du coup, on ne se souvient que de ce que l'on a ressenti, que du feeling : une sensation de malade !

J’ai voulu avancer un peu trop près d’un départ de pente, j’étais au pied des derniers arbres qui indiquaien­t la ligne de rupture mais le vent avait pour le coup bien fait son boulot de petit perturbate­ur de plaisir... Je suis passé à travers la corniche mais j'ai pu m'aggriper à un arbre. L'énorme corniche est partie avec une coulée. Ce qui était fou, c’est que la vue de côté dessinait une petite lip de 20 cm de haut, mais quand tout s’est décroché, c’est en fait 1m50 qui sont partis… J’étais pile poil sur une énorme zone d’accumulati­on, comme un con !

C’est différent car les jours de poudreuse, le temps de remonter en siège, la neige a pu recouvrir tes traces !

C’est différent, car les runs sont courts et que tu peux faire 20 rotations sans t’en rendre compte !

C’est différent, car tu te retrouves à skier comme un vieux guide, en petits virages sautés, tellement la neige est profonde. C’est différent, car personne ne sort des pistes et que lorsque tu tournes la tête à droite et à gauche, tu ne sais jamais où aller tant il y a des petits runs improbable­s. C’est différent, car la neige japonaise, tu peux en bouffer sans modération. C’est différent, car c’est le seul endroit au monde où tu peux partir avec trois masques de rechange pour la journée, et que les trois y passent. C’est différent, car tu perds toute notion du ski à proprement dit, tu évolues sur un matelas d’air, un coussin de soie, une poudreuse en plume... C’est différent, car c’est l’unique endroit au monde où chaque année, tu te dis vraiment : « putain que j’aimerais y retourner ! ».

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