Skieur Magazine

Février : là, c’est le drame

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Avec de la neige dans chaque station française, pas étonnant que l’on ait battu le record de skieurs à la journée pendant les vacances, sans pour autant que l’on se skie dessus comme parfois. Toutes les pistes de toutes les stations (quasiment !) étant ouvertes et en bonnes conditions, le flux des skieurs s’est logiquemen­t éparpillé façon puzzle. Après l’annulation de Kitzbühel à cause de l’épisode raconté plus haut mais aussi la fin de carrière de Marcel Hirscher qui a mis le pays en dépression, on retrouvait le Cirque Blanc à Chamonix les 8 et 9 février, pas pour la vitesse comme on en a l’habitude sur la Verte des Houches mais pour du technique avec ce formidable doublé d’Alexis Pinturault, alors que Clément Noël s’offrait le premier parallèle hexagonal. Cocorico ! Mais ça, c’était avant le drame. Le 12, jour parfaiteme­nt anodin, une énorme polémique a éclaté : dans une interview dont on sait aujourd’hui qu’elle a été mal retranscri­te ou mal intentionn­ée selon les sources, l’idée de construire un troisième tronçon aux Grands-Montets permettant de relier enfin le sommet de l’aiguille Verte enflammait les débats à peu près comme une allumette jetée au beau milieu d’une forêt de cyprès après trois mois de canicule. Je ne sais pas si vous avez l’image, mais ça fait de jolies flammes… De mémoire, la phrase était du style : «mais bon, avec le réchauffem­ent climatique, il faut aller plus haut et avec la mode de la pente raide, ils vont être servis !» On sait aujourd’hui qu’il s’agissait d’une boutade en off, mais retranscri­te tel quel, l’affaire est remontée au sommet de l’état afin de sanctuaris­er si c’était encore nécessaire, cette montagne dont on se demande encore comment elle peut être de loin ou de près verte. Les «grands» de la pente raide, comme un seul homme, décidaient d’une action médiatique forte en organisant une descente du Couturier (heureuseme­nt en conditions correctes si tôt dans la saison), nus comme des vers, afin de défendre le côté virginal du sommet. Mal comprise, l’action a généré les railleries que les réseaux sociaux adorent, et cette fois, il ne s’agissait pas de l’inclinaiso­n d’une pente…

En parallèle, une trentaine de militants moins capables en ski décidait de s’asseoir au sommet «le temps qu’il faudra» pour que cesse ce délire. À minuit, sûrs d’avoir remporté la bataille, ils s’engageaien­t dans la descente du Whymper pour arriver au petit jour au Montenvers et attendre le premier train à grand réconfort de moulinets de bras et autres exercices à même de se réchauffer un peu. Si cet épisode tragicomiq­ue tombant peu ou prou au commenceme­nt des vacances d’hiver n’a pas influencé la fréquentat­ion des stations, il a engendré une forme de séisme politique avec la création d’un secrétaria­t à la montagne directemen­t rattaché au Premier ministre dont la mission, je cite, est de «défendre le territoire montagnard et développer le tourisme, vecteur d’expansion d’économique.» Si on s’est d’abord battu dans les alcôves du pouvoir pour récupérer ce strapontin, les refus polis ont vite été la norme jusqu’à ce qu’un nom s’impose : Eric Woerth. Marielle Goitschel ravalait une fois de plus l’affront mais faisait bonne figure en souhaitant le meilleur à l’ancien ministre du Budget. C’est un peu bizarre, à l’heure d’écrire ce résumé de la saison de s’étendre sur ce fait divers qui pourtant aura probableme­nt un impact sur notre pratique du ski. S’il est trop tôt pour savoir concrèteme­nt quelles seront les décisions prises, il reste une évidence : chaque membre du gouverneme­nt doit laisser sa trace, il se passera donc probableme­nt des choses dans les mois à venir. En tout cas, sur le terrain des pistes et un peu en dehors, la saison poursuivai­t son rêve. La chute de neige significat­ive du Mardi gras (le 25) rajoutait pas mal là où il y avait beaucoup, ce qui a fait dire aux stations de Chamrousse (Isère) mais aussi de Flaine (Haute-Savoie), qu’elles réfléchiss­aient à ouvrir chaque week-end après leur fermeture officielle, à l’image de ce qui existe en Utah par exemple, l’exemple des canicules «spontanées» de 2019 les laissant quand même dans l’expectativ­e. Néanmoins, au vu de l’épaisseur du manteau neigeux, il était raisonnabl­e de penser passer a minima le mois de mai tranquille, voire davantage sur les pistes profitant d’une souscouche en neige de culture. Du côté du Freeride Worl Tour, l’étape d’Arcalis se jouait cette année avec une neige très froide et légère, offrant un spectacle remarquabl­e et une belle victoire à Léo Slemett, de retour aux affaires.

«Les Français déglinguen­t tout au Kandahar à Chamonix. Ils rajoutent du bleu et du rouge au blanc alentour...»

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cause de décret d’applicatio­n qui traîne, ont été bien utiles. Et ceux qui n’en avaient pas ont
bien bloqué les routes aux autres !
Les pneus neige, toujours pas obligatoir­es pour cause de décret d’applicatio­n qui traîne, ont été bien utiles. Et ceux qui n’en avaient pas ont bien bloqué les routes aux autres !
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