Skieur Magazine

Avril… Ne te découvre pas d’un fil

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Certes, c’est facile. Pire, c’est un peu faux car la météo a joué à saute-mouton : un coup l’hiver, un coup l’été, sans jamais vouloir trancher. À peine on sortait les tenues légères qu’il fallait remettre des couches épaisses, tant et si bien que l’on n’a jamais autant reniflé dans les télécabine­s qu’à cette époque de l’année ! Les premiers refuges ouvraient en montagne, le plus grand challenge pour les randonneur­s était de retrouver les non-gardés sous la neige ou de tomber pile poil sur ceux dégagés à grandes rasades d’huile de coude par les courageux gardiens, que l’on reconnaiss­ait facilement à leurs mains truffées d’ampoules. Beaucoup ont même préféré renoncer à ouvrir si tôt, comme le Chatellere­t au pied de la Meije par exemple, la route étant toujours bloquée peu après St Christophe à cause du risque d’avalanche encore très présent, même si beaucoup de petits malins savaient que l’on pouvait pousser jusqu’aux Etages, les quelques habitants ayant une dérogation pour circuler tôt le matin. Sinon, ça faisait quand même une sacrée trotte… Ce cycle d’alternance de chaud et de froid avait un bon côté néanmoins, celui de purger en une grosse dizaine de jours les faces exposées au soleil et rendre ainsi la montagne un peu moins dangereuse. Au moins, en respectant les horaires, on pouvait dans les étroitures passer côté cône d’avalanche si l’autre semblait craignos, chose impossible auparavant. Une fois de plus, et comme depuis deux années, c’est du mont Blanc qu’est venu le nouveau cataclysme. Contrairem­ent à toutes les prévisions, le flamboyant maire de Saint Gervais avait dû laisser son siège de maire à son opposant déclaré sur le tard qui, au prix camping sauvage, mais un tourisme moderne comme l’ont bien compris nos voisins de Courmayeur. Ouvrant sur un court créneau entre 2 et 3 heures du matin pour les alpinistes tentant le sommet, puis à partir de 8 heures pour les skieurs, il sera le poumon de notre cité. Car oui chers administré­s, je vais également implanter deux lignes de pioches montant jusqu’à l’observatoi­re Vallot, et investir dans une dameuse électrique, bientôt disponible sur le marché pour porter un projet écologique­ment irréprocha­ble. Saint Gervais va devenir la première station de ski en France où l’on peut skier 365 jours par an !» On avait beau être aux portes de l’été, c’est peu de dire que l’annonce a secoué le landerneau montagnard, tout en laissant un peu rêveur les skieurs qui ne disaient pas non au projet, rapidement soutenu par la fédération de ski qui voyait là un bon moyen d’économiser les coûteux voyages en

Amérique du Sud tout en faisant du bon globule rouge aux athlètes. Il y avait de quoi prendre une longueur d’avance sur la concurrenc­e pensait Michel Vion, lui qui avait justement grandi au pied du mont Blanc, du moins des Dômes de Miage.

Ce dernier rebondisse­ment clôturait l’hiver riche et surprenant venant de s’écouler. Un hiver pas comme les autres, puisque jamais un hiver ne ressemble à un autre, un hiver blanc qu’il aurait été bien improbable d’imaginer… Ou alors, ça aurait été de science-fiction !

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Début janvier ? Non, début avril ! On a skié là où on ne skiait plus depuis longtemps...
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