ESPAGNE-TAHITI (10-0)

TITULAIRE LE 20 JUIN 2013

“Quand je repense à ce match contre l’Espagne, j’en ai des frissons. C’était pour la Coupe des Confédérations, dans ce stade mythique qu’est le Maracanã. Pour ce genre de match, deux options: soit on fait Fort Alamo et on attend que l’orage passe, soit on tente de proposer quelque chose pour prendre le plus grand plaisir contre une équipe incroyable. On a choisi la deuxième option. On était lucides, on savait qu’on n’allait pas gagner. Mais le discours du coach, c’était: prendre du plaisir, savourer, parce que même des garçons qui jouent en Ligue 1 n’auront pas tous la chance d’affronter les champions du monde et doubles champions d’Europe en titre. Pendant la sieste de l’après-midi, on fait 800 fois le match dans la tête. Mais une fois qu’on monte dans le bus pour aller au stade, on rentre dans une bulle. La délivrance, c’est d’entrer sur le terrain: on y est enfin. On se dit qu’on va déguster comme dans un resto trois étoiles. Au début, on a des yeux de petits gamins, mais si on les regarde trop, on sait qu’on va prendre une dérouillée. Un gardien déteste prendre des buts. J’en ai pris dix! C’était dix fois un enfer, mais ça reste une expérience incroyable. Dès que je faisais un arrêt, ça hurlait dans le Maracanã. C’était comme si je marquais! Sur un centre, Fernando Torres m’explose la main. Je lui dis: ‘ T’as pas besoin de

faire ça pour m’éliminer.’ Il a rigolé, il n’avait pas fait exprès. À la fin du match, émotionnellement, j’ai craqué. Je me retrouve au milieu du terrain avec Pepe Reina. Il me dit: ‘ Ne pleure pas. Sois heureux de vivre ça. On a joué tous les deux au Maracanã et ça, personne ne nous l’enlèvera.’”