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BENOÎT MILLOT “ÊTRE ARBITRE, ÇA COMPTE SUR UN CV!”

L'arbitrage, c'est un peu l'école de la vie. Benoît Millot, arbitre internatio­nal français, nous livre quelques clés de réussite d'un métier exigeant mais passionnan­t.

- PROPOS RECUEILLIS PAR FLAVIEN BORIES. PHOTOS: PANORAMIC

“L'arbitre gendarme ou policier, c'est complèteme­nt décalé avec le football d'aujourd'hui.”

Qu’est-ce qu’un bon arbitre? Un arbitre est partenaire du jeu. Il doit avoir une certaine lecture du football qui lui permette de laisser vivre le jeu quand c’est possible et sanctionne­r lorsque c’est nécessaire. C’est un athlète capable de se mettre au niveau physique des compétitio­ns et il doit savoir communique­r. L’arbitre gendarme ou policier, c’est complèteme­nt décalé avec le football d’aujourd’hui. Il faut être capable d’expliquer ses décisions, sans se justifier en permanence.

Pour certains jeunes, il est difficile d’assumer son désir de devenir arbitre. On les taxe souvent de ringards. Beaucoup d’arbitres dont moi avons vécu cette situation. Mais le gros avantage de ce métier, c’est qu’il vous fait mûrir et vous donne le sens des responsabi­lités. Vous apprenez à gérer les conflits, ce n’est pas donné à tout le monde. Quand on cherche des stages ou son premier emploi, être ou avoir été arbitre, sur un CV, ça a de la valeur.

Peut-on vivre de l’arbitrage? Gagner sa vie en tant que salaire, non. Par contre, vous touchez des indemnités. Les montants varient en fonction du district et d’une ligue à une autre, mais globalemen­t, ça tourne autour de 60 euros par match. Si vous en faites quatre par mois, ça agrémente le quotidien. Mais l’argent ne doit pas être un moteur.

Une technique pour apprendre les fameuses lois du jeu? C’est sûr, ce n’est pas le dernier bouquin en vogue, mais il est indispensa­ble de les connaître. Quand on regarde un match de foot et lorsque des situations nous interpelle­nt, on peut s’interroger sur la façon dont on aurait réagi si on était à la place de l’arbitre en place. C’est là qu’il faut consulter son livre et regarder dans ce cas précis quelle était la bonne décision à prendre. Il faut toujours s’interpelle­r sur les situations de jeu qu’on peut rencontrer grâce aux matchs qu’on regarde à la télé. Si vous lisez le livre de façon complèteme­nt théorique et que vous l’appliquez tel quel sur le terrain, vous allez rencontrer de graves problèmes.

Comment réagir lorsqu’on a pris une mauvaise décision? Il faut avoir une certaine force mentale, une carapace, une armure parfois. Les contextes de match sont parfois difficiles. Il faut être capable d’évacuer ses erreurs même quand on a des doutes. On n’a pas toujours réponse à tout. L’arbitrage, c’est quelque part un challenge. Que faire lorsqu’on est sur le point de perdre son sang-froid? Appeler les capitaines ou les éducateurs et essayer d’en faire des alliés. Leur expliquer très brièvement que, par les messages qu’ils vont passer à leurs partenaire­s, ils vont peut- être permettre de faire redescendr­e la tension. Le rôle de l’arbitre consiste de plus en plus à maîtriser l’engagement des joueurs, leur frustratio­n, leur nervosité, leur attitude.

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