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CHRISTOPHE­R NKUNKU & ALEC GEORGEN

Dans l’ombre d’Ángel Di María, Layvin Kurzawa ou Serge Aurier, les jeunes Christophe­r Nkunku (19 ans) et Alec Georgen (18 ans) frappent à la porte. Avec comme modèles Adrien Rabiot et Presnel Kimpembe, et comme mentors Maxwell ou Marco Verratti. Interview

- PROPOS RECUEILLIS PAR FLORIAN CADU. PHOTOS: CHRISTIAN GAVELLE/PSG / PANORAMIC.

C’est l’année des premières pour vous. Christophe­r, tu as marqué ton premier but en Ligue 1 contre Lorient. Alec, tu as connu ton premier match avec les pros en janvier. Vous réalisez ce qu’il vous arrive?

Alec Georgen: Pas trop au début, mais petit à petit, oui. Mais on s’installe tranquille­ment, au fur et à mesure. Quand j’ai remplacé Lucas en Coupe de la Ligue contre Bordeaux, j’ai réellement compris que je côtoyais les meilleurs joueurs européens. J’en suis très fier.

Christophe­r Nkunku: C’est clair qu’on a du mal à réaliser. Mais il faut être au niveau du groupe quand le coach fait appel à nous. Pour que les gens qui nous regardent à la télé ne se disent pas juste: “Ah lui, c’est le

petit jeune.” Non, on doit montrer qu’on fait partie intégrante de l’équipe.

Faire trembler les filets en championna­t avec le Paris Saint-Germain, ça fait quoi? CN: C’était un peu fou! (Il sourit, Thiago Silva vient d’entrer dans la pièce et chambre gentiment les deux jeunes en les prenant en

photo.) À la mi-temps, mes partenaire­s et le staff m’ont conseillé de frapper davantage. Quand Edi (Cavani, ndlr) me la met, j’ai deux choix: je dribble ou je tire. Je tire et ça termine au fond. À ce moment-là, dans la tête, on se rappelle tout ce qu’on a enduré pour arriver à ce niveau-là.

Alex, c’était aussi fort lors de tes débuts avec l’équipe première?

AG: Ce n’est pas un aboutissem­ent, mais c’est vrai que c’est une grosse étape. On se remémore tout, on a une pensée pour tous les entraîneur­s et personnes qui nous ont aidés à atteindre cet objectif. Après, on se concentre sur son jeu et c’est surtout à la fin du match, quand on reprend nos esprits, qu’on apprécie la grandeur de la chose. On en profite un maximum.

“ÊTRE AU NIVEAU DU GROUPE QUAND LE COACH FAIT APPEL À NOUS” “Quand j’ai remplacé Lucas en Coupe de la Ligue contre Bordeaux, j’ai réellement compris que je côtoyais les meilleurs joueurs européens.” Alec Georgen

On vient de voir Thiago Silva passer, en mimant un peu le rôle de grand frère. Vous sentez que les autres joueurs vous aident au quotidien?

CN: Vu de l’extérieur, les gens peuvent avoir l’impression que les grands joueurs ne prennent pas le temps d’intégrer les jeunes. C’est tout le contraire. Ils sont déjà passés par des grands clubs dans lesquels on les a aidés et font pareil avec nous. Ils nous mettent donc vraiment à l’aise. Ce n’est que du plaisir parce qu’on peut exprimer notre talent sans pression.

AG: Ils sont très proches de nous. Les joueurs d’expérience nous donnent beaucoup de conseils sur ce qui peut se passer autour du foot comme sur le terrain. Mais même quand ils ne nous parlent pas, juste en les observant, on apprend d’eux. Il y a un effet miroir. On progresse aussi beaucoup en regardant ceux qui jouent à notre poste.

Ce n’est pas trop impression­nant d’évoluer avec ces joueurs au très beau CV?

AG: Il y a évidemment une certaine distance au départ. On arrive sur la pointe des pieds, on se fait tout petit, on reste dans notre coin.

CN: On a l’habitude de voir ces joueurs à la télé, et d’un coup, tu te retrouves à côté d’eux. Tu n’as plus qu’à travailler si tu veux atteindre leur niveau, voire les dépasser.

AG: Mais s’entraîner à côté d’eux ne fait pas peur non plus. Ça nous pousse à redoubler d’efforts.

Difficile de garder les pieds sur terre dans ce contexte ou pas?

CN: Je n’ai pas ce genre de problème, parce que je suis plutôt quelqu’un de réservé, de timide. Mon entourage, qui est également comme ça, va rapidement me rappeler à l’ordre si je prends la grosse tête. Beaucoup de personnes vont me le dire. Et pour l’instant, on ne m’a pas encore fait ce genre de reproches.

AG: De l’extérieur, les gens peuvent penser que tu prends la grosse tête, parce qu’on élève notre exigence technique, tactique… Alors qu’en fait, pas du tout. Moi aussi, j’ai la chance d’être bien entouré et on me recadrerai­t très vite si je ne gardais pas la tête sur les épaules.

Unai Emery aime bien lancer des jeunes. Quelle est sa relation avec vous? Toujours derrière vous? Il vous laisse tranquille­s?

AG: Il arrive à trouver le juste milieu entre les deux. Il est très proche de nous à l’entraîneme­nt et nous donne pas mal de consignes, mais il nous laisse nous exprimer tout en nous imposant des limites à ne pas franchir. C’est ce que je trouve remarquabl­e dans son travail avec les jeunes.

CN: Je pense exactement la même chose. Il tente de nous transcende­r en partageant sa motivation. Raison pour laquelle il crie beaucoup durant les séances. Il se comporte avec vous de la même façon qu’avec les autres? AG: Il y a forcément une petite différence, mais il essaye de rester le même avec

“Le plus difficile est de faire un tri entre les bonnes et les mauvaises fréquentat­ions. Une fois que ce tri est fait, il n’y a plus de souci.” Christophe­r Nkunku

tout le monde. C’est ça qui est vraiment intéressan­t dans sa manière de coacher: il réclame la même exigence à un jeune et à un plus vieux. Il n’aura aucun scrupule à choisir l’un ou l’autre. Et on sent qu’on a une part de responsabi­lité dans ce groupelà, même si elle est moindre que les autres. On essaye de faire notre trou petit à petit, comme Christophe­r le réalise ces derniers temps en accumulant du temps de jeu.

Emery est aussi méthodique qu’on le dit?

AG: Ah oui. Il fait attention au moindre détail, il regarde tous les matchs à la vidéo… Il est vraiment très minutieux et ne laisse rien au hasard.

CN: C’est enrichissa­nt. Dès qu’on termine un match, on voit ce qu’on a fait de bien ou de mauvais avec lui ou ses adjoints.

On imagine que les parcours de Presnel Kimpembe ou d’Adrien Rabiot, qui sortent eux aussi du centre de formation, sont inspirants…

AG: Presnel joue énormément de matchs, Rabiot est carrément titulaire, donc c’est clair qu’on s’inspire d’eux et qu’on essaye de suivre leurs traces. Après, je sais que pour Rabiot, c’est passé par un prêt à Toulouse, Presnel non… Chacun à son propre parcours, mais le but converge vers un même point: devenir titulaire au PSG.

CN: Cet objectif me tient également à coeur. En voyant leurs situations, je me dis que rien n’est impossible.

Vous seriez d’accord, vous aussi, pour être prêtés?

CN: Si je dois partir, ça voudra dire que c’est la bonne solution pour moi. Ce qui n’a pas été le cas jusque-là, car je sens que je progresse.

AG: C’est une option. Il n’y a pas de parcours modèle. Mais comme Christo, je n’ai pas voulu partir ces dernières années, car j’ai encore une marge de progressio­n ici.

Vous venez tous les deux de la région parisienne. Vous êtes fans du club?

CN: J’ai toujours été pour le PSG, c’est vraiment un rêve de jouer au Parc des Princes et de défendre le maillot de Paris. Ce club me fait kiffer.

AG: Pareil. Je suis né en banlieue parisienne, c’est mon club de coeur, je le supporte depuis tout petit et je suis allé au Parc dès que j’ai pu m’y rendre. Donc réussir ici…

Si votre trajectoir­e est pour le moment très linéaire, elle impose des sacrifices. Comment on gère ça, notamment en ce qui concerne les relations sociales?

AG: Ce n’est pas facile de garder contact avec nos amis et la famille. On a beaucoup d’heures de travail, c’est fatiguant… Il ne faut pas faire n’importe quoi à l’extérieur. Mais même si on n’a pas énormément de temps libre, ça reste du plaisir. Notre métier, c’est notre passion.

CN: Le plus difficile est de faire un tri entre les bonnes et les mauvaises fréquentat­ions. Une fois que ce tri est fait, il n’y a plus de souci.

À l’extérieur justement, vous représente­z désormais l’image du club. La pression n’est pas trop forte à votre âge, sachant par exemple que si quelqu’un vous voit ivre en boîte de nuit, la photo paraîtra le lendemain?

CN: Moi, je fais abstractio­n de tout ça. Bien sûr, je sais très bien que j’ai des responsabi­lités. Mais la pression médiatique ne m’empêche pas de vivre ma vie et de faire ce qui me plait. Sans tomber dans les excès, quels qu’ils soient.

Vous faites quoi de votre temps libre, du coup? Alec, il paraît que tu aimes la politique et mijoter des petits plats…

AG: Je ne dirais pas que j’aime la politique, mais je m’intéresse à ce qui se passe dans mon pays. Comme tout Français, quoi. En revanche, c’est vrai que j’aime bien cuisiner. Je sais faire les choses basiques, mais j’essaye justement d’élaborer des choses un peu plus sympas que des pâtes.

CN: Moi, je passe du temps avec ma famille parce que je ne la vois pas souvent. Et puis, la Playstatio­n, films, séries… En ce moment, je suis sur Prison Break!

“J’ai la chance d’être bien entouré et on me recadrerai­t très vite si je ne gardais pas la tête sur les épaules.” Alec Georgen

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