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Portrait Thomas Lemar

Double buteur contre les Pays-Bas dont une mine du gauche en pleine lucarne, Thomas Lemar est en train de devenir un titulaire en puissance en équipe de France. Demandé par toutes les écuries européenne­s, le gaucher est resté à Monaco où sa cote grimpe à

- PAR MATHIEU FAURE. PHOTOS: PANORAMIC

Il aurait pu quitter Monaco pour 100 millions d'euros. Il a choisi de rester. Une bonne chose pour le club de Jardim, tant Lemar est devenu un joueur extraordin­aire lors des deux dernières saisons.

“C’est mon métier de footballeu­r: dormir, manger sainement, se reposer, faire les soins, bain froid, bain chaud. Ça devient un rituel à force.” Thomas Lemar

Une frappe limpide dans la lunette de Cillessen. Relâchée. De volée. Et voilà Thomas Lemar auteur de son premier but en équipe de France face aux Pays-Bas. Le gaucher va même s’offrir un doublé dans la foulée. Certains en auraient fait des tonnes, notamment sur les réseaux sociaux, mais pas lui. Pour trouver la trace de Thomas Lemar sur la toile, il faut se lever tôt. L’homme de 21 ans n’a pas de compte Twitter ou d’Instagram. Ce n’est pas son truc. Bizarre dans une époque où chaque joueur occupe l’espace médiatique constammen­t. “Je vais devoir en passer par là, faire un petit effort, vraiment léger. Ce n’est pas du tout mon truc. À Monaco, avec Djibril Sidibé, on est les seuls un peu réfractair­es à ça. C’est sûr que par rapport à Benjamin Mendy, ça change (rires)”, dit-il simplement quand on lui fait remarquer qu’il n’appartient pas forcément à cette génération 2.0. Son truc, c’est le terrain. Le travail. La patience. La préparatio­n invisible. “C’est mon métier de footballeu­r: dormir, manger sainement, se reposer, faire les soins, bain froid, bain chaud.

Ça devient un rituel à force. À Monaco, à 19 ans, c’était facile à suivre comme rituel puisque je ne jouais pas beaucoup au début (sourire). Mais quand on veut s’imposer au plus haut niveau, il faut passer par là.”

Deux ans plus tard, celui que l’ASM avait débauché au Stade Malherbe de Caen pour 4 millions d’euros en vaut 25 fois plus. En fin de mercato, Arsenal et Liverpool ont tout tenté pour exfiltrer le gaucher avec des offres XXL. En vain, Monaco a fermé la porte à double tour. Parce que Thomas Lemar n’est pas seulement un joueur timide face aux caméras et qui traverse les zones mixtes au pas de course, c’est un joueur de football indispensa­ble à n’importe quel collectif.

Joueur décisif mais peu médiatique

Buteur, passeur, organisate­ur, meneur, le gaucher sait tout faire. L’an dernier, il s’est offert autant de buts que de passes décisives (14) sans jamais être sous le feu des projecteur­s. Kylian Mbappé le précoce,

Falcao le ressuscité, Bernardo Silva le magicien, Fabinho le métronome, Benjamin Mendy la mobylette, Kamil Glik le taureau, tous les Monégasque­s ont eu droit à leur moment de gloire. Lemar, lui, est resté constant et discret. Tapis dans l’ombre. Difficile de faire briller médiatique­ment un garçon qui fuit la lumière. Pourtant, le gaucher est sans doute le joueur le plus indispensa­ble au collectif monégasque. Si Benjamin Mendy a tutoyé les sommets l’an dernier, c’est en grande partie grâce à Thomas Lemar. Leur entente sur le côté gauche était l’une des grandes forces de Monaco. “On se connaît depuis longtemps. Il a été formé au Havre, moi à Caen, donc on jouait souvent l’un contre l’autre. On a joué dans les sélections de jeunes aussiaussi, et à Monaco, ça a tout de suite fonctionné. On avait une entente technique naturelle. CC’était fluide”, poursuit Lemar. Mais c’estc’e la personnali­té haute en couleucoul­eur de Mendy qui s’est envolée pour Manchester­M City avec le statut de dédéfenseu­r le plus cher du monde ( 5858 millionsm d’euros). Lemar est restresté sur le Rocher. Dépité? Pas forforcéme­nt. Le Guadeloupé­en sait ququ’il doit encore prouver, si on sse fie à son formateur à Caen, Philippe Tranchant, resté très proche du joueur: “C’est un garçon qui est resté droit dans ses bottes. Il m’appelle toujours ccoach et me vouvoie encore. C’est quelqu’un d’ambitieux, il fait tout de mieux en mieux, car il a pplus d’expérience qu’il y a un an.” MerciM qui? Merci Nabil DirarDi Le totournant a sans doute eu lieu en septesepte­mbre 2016 à Wembley. Pour le prempremie­r match de poule de Ligue des chachampio­ns face à Tottenham, le gaucgauche­r a emprunté l’ascenseur émotioémot­ionnel. Après un début de saison gâché parp une blessure à la cheville, il débute lla rencontre sur le banc avant de “profiter”profiter de la rapide blessure de Nabil Dirar pour entrer en jeu. Dans la foulée, il trouve la lulucarne de Lloris. Derrière, il ne sortira plus du onze de Jardim, confirmant sa progresspr­ogression. “C’est un match forcément particulie­r, car si je ne joue pas ce match, je ne suis peut-peêtre pas titulaire par la

suite, se souvient-souil. C’est un concours de circonstan­ccirconsta­nces au départ, puis je ne suis plus

sorti du onzeonz ensuite.” Une première saison sur le RochRocher pour apprendre ( 34 matchs, 5 buts toutestout­e compétitio­ns confondues), une secondseco­nde pour se faire une place dans le onze de ddépart ( 54 matchs, 14 buts), mais aussi en équipe de France qu’il a intégrée en novembre dernier.

Signe d’un garçon qui apprend vite alors que Patrice Garande, son entraîneur caennais, doutaitd de sa capacité à briller en LLigue 1. C’était en 2015. Hier, quoi. Oui, LLemar revient de loin… Car,

“Il était juvénile à ses débuts, alors il faut être patient et lui renouveler de la confiance. Il s’est affirmé par étapes.” Jean-Claude Giuntini, ex-sélectionn­eur de l’équipe de France U17

contrairem­ent à d’autres garçons de la génération 1995 (Anthony Martial, Adrien Rabiot, Hervin Ongenda), le Monégasque n’a jamais fait parler de lui chez les jeunes. Jean-Claude Giuntini, sélectionn­eur de l’équipe de France U17 quand Lemar

y était, se souvient d’un “garçon très à l’écoute, humble, bien éduqué. Il a connu une maturation tardive comparée à d’autres 1995. Il était juvénile à ses débuts, alors il faut être patient et lui renouveler de la confiance. Il s’est affirmé par étapes. Thomas, c’est l’exemple parfait de notre système de détection et de formation.” Détecté adolescent en Guadeloupe, il a quitté sa famille pour s’installer à Caen. Seul. La déterminat­ion a fait le reste.

“C’est un phénomène, il va aller loin”

Au départ, ce fan de Xavi et Iniesta est surtout un joueur d’équipe. Ce n’est qu’à Monaco qu’il a pris goût à la sensation du bute. Son truc, c’est le travail. À Monaco, il a d’abord commencé par apprendre la patience alors que la cellule de recrutemen­t était bluffée par celui qu’elle a vite surnommé “l’Arjen Robben

guadeloupé­en”. La scène se déroule après l’éliminatio­n contre Valence en août 2015 dans les couloirs du Louis-II. La déception est encore présente, mais les discussion­s s’orientent rapidement sur un autre sujet: la bonne entrée de Lemar, 19 ans. Avant de rejoindre le parking, un membre du staff de l’ASM s’arrête. On l’interroge sur le jeune numéro 27. La réponse est directe. Limpide. “À l’entraîneme­nt, c’est le meilleur. Et ce, depuis le début de saison. C’est un

phénomène. Il va aller loin.” Deux ans plus tard, Lemar fait tourner toutes les têtes, vaut 100 millions d’euros, et rêve de Coupe d. du monde 2018. Et dire que ce n’est que le ébut.

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Jardimland
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Avec Kurzawa en équipe de France

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