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Interview Emmanuel Petit Le champion du monde 1998 explique comment bien préparer son Mondial.

“Une Coupe du monde se joue sur des détails”

- PROPOS RECUEILLIS PAR MATHIEU ROLLINGER. PHOTO: PANORAMIC

Champion du monde en 1998, Emmanuel Petit pose les principes de base pour préparer une compétitio­n aussi importante qu’un Mondial disputé à la maison. Et pour lui, la victoire finale peut se jouer sur le moindre détail. À partir de quel moment démarre réellement la préparatio­n pour une Coupe du monde?

Bien en amont, mais il faut éviter de se projeter trop à l’avance. Il y a le risque de perdre pas mal d’influx nerveux et de trop cogiter. Mais ce n’est pas en arrivant en stage que l’on commence à le faire. C’est étape par étape.

Pourtant, lors d’une année de Coupe du monde, tout le monde doit avoir ça en tête dès le début de la saison…

Ça ne sert à rien de trop se prendre la tête, il faut juste faire en sorte de ne pas avoir de regrets en fin de saison. Il n’y a rien de plus frustrant, tu peux même le vivre comme une injustice. Personnell­ement, je n’ai jamais considéré être un joueur incontourn­able et je me disais à chaque fois que je devais faire mon maximum pour être appelé. Parfois, il y a des joueurs qui sont meilleurs que toi, qui ont fait une meilleure saison, et il faut savoir aussi l’accepter.

Dans la préparatio­n individuel­le, que faut-il prendre en compte?

Il y a trois principes fondamenta­ux: la diététique, le sommeil et l’attitude à l’entraîneme­nt. Si tout ça est bien respecté, tu mets toutes les chances de ton côté. Quand on se fait sortir dès les poules en Corée du Sud en 2002, notre préparatio­n n’était pas assez profession­nelle. On était loin du sérieux de 1998 ou 2000. Le haut niveau ne supporte surtout pas la médiocrité et l’approximat­ion. Tu peux avoir tout le talent que tu veux, si tu arrives en dilettante, il y a très peu de chances de réussir ensuite. Il faut que ça soit réglé comme du papier à musique ou une Formule 1.

Quelle est l’importance des matchs de préparatio­n?

Ça permet d’avoir du temps de jeu ensemble, trouver des automatism­es, peaufiner la préparatio­n. L’avantage de l’équipe de France féminine, c’est que la grosse majorité des filles jouent dans les mêmes clubs, contrairem­ent aux garçons qui sont éparpillés dans une quinzaine de clubs. Ça simplifie le travail de la sélectionn­euse.

Pour la cohésion, est-ce que tout se joue en stage de préparatio­n?

Oui, on a besoin de se retrouver en intimité, d’être un peu exclu du monde. C’est nécessaire pour trouver une unité.

Et comment gérer l’ennui, qui doit forcément exister entre les entraîneme­nts, les matchs et les autres obligation­s?

Combler les temps morts, c’est toujours un objectif important pour le staff. Il y a plein d’activités à faire. Au sein de l’équipe de France masculine, on avait trouvé plein d’activités. Ça peut être des balades, de la lecture, des jeux de cartes, une sortie en vélo… Il faut surtout s’aérer la tête. C’est le plus important. C’est une pression plus accrue, mais une bonne pression. C’est un facteur X: l’organisate­ur, surtout avec le niveau de cette équipe de France, part avec un avantage. L’apport du public, les repères, la pression médiatique, tout ça mis bout à bout, ça apporte ce petit plus pour gagner un titre majeur. Pour moi, une Coupe du monde se joue aussi sur des détails, et encore une fois, les détails ont un lien important avec tout ce que tu as pu faire les semaines précédente­s. Elles en ont conscience.

“Le haut niveau ne supporte surtout pas la médiocrité et l’approximat­ion. Tu peux avoir tout le talent que tu veux, si tu arrives en dilettante, il y a très peu de chances de réussir ensuite.”

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