So Foot

Michy Batshuayi.

- Propos recueillis par Swann Borsellino et Pierre Maturana, à Marseille / Photos: Renaud Bouchez, à l’hôtel Pullman, IconSport, Panoramic et Imago/Panoramic

Avec le départ de Gignac pour le Mexique, Michy, 21 ans, devient l’attaquant titulaire de l’Olympique de Marseille sauce Michel. Un défi qui ne fait pas peur au joueur, qui s’est forgé un petit caractère dans les parcs de la banlieue bruxellois­e…

Si l’Olympique de Marseille a laissé filer André-Pierre Gignac au Mexique, c’est parce qu’il a recruté, à l’été 2014, un espoir belge, technique et décisif avec ce qu’il faut de nonchalanc­e. Quelques entrées fracassant­es et une dizaine de buts plus tard, Michy Batshuayi, formé dans les parcs de la banlieue bruxellois­e, est désormais l’avant-centre titulaire des Phocéens. Ce qui ne l’empêche pas de saigner ses après-midi entre sa Playstatio­n, le Jet-Ski et… Bob l’éponge. Après tout, “Batsman” n’a que 21 ans. “La Liga ne m’attire pas, avec ses matchs à 23 heures. Tu passes ta journée à l’hôtel à attendre, tu dors, tu manges, tu dors, tu manges… C’est chiant: à la fin, t’as juste grossi!”

Tu as un profil atypique en ligue 1: tu es un des derniers avants-centres dribbleurs du championna­t. Ça te vient d’où ce goût du crochet, des petits espaces et du jeu avec la semelle? Ça vient de la rue quand on était petits. Je suis né à Jette, en banlieue de Bruxelles, j’ai grandi à Evere et Molenbeek. En Belgique, il y a beaucoup de joueurs qui jouent au futsal aujourd’hui. Nous, on n’avait pas ça. Au quartier, on n’avait pas d’ordinateur, pas de Playstatio­n, notre moyen de s’amuser, c’était le ballon. On essayait de se dribbler entre nous, et voilà. On jouait dans la rue, mais surtout dans les parcs. Chaque équipe avait sa petite réputation, tu gagnais un parc, tu te faisais connaître et t’allais dans un autre parc…

Le plus connu, c’est le Parc des Éléphants… Oui, à Berchem (Berchem-Saint-Agathe est une commune de la région bruxellois­e, ndlr). C’était vraiment chaud, il y avait des petits et des grands, et souvent un peu de castagne. Il n’y avait pas d’arbitre, rien, ça se terminait en bagarre! Parfois tu te faisais menacer, si tu laissais passer un but quand t’étais gardien ou si tu ne marquais pas. Tu te faisais gifler!

Vous faisiez des équipes, donc, comme dans Street Dancers? Il y avait des équipes super fortes, des plus grands… C’était le premier à deux, si tu perdais, tu pouvais passer toute la journée, ou plusieurs heures, sur le côté avant de rejouer un match. Donc tu te donnes à fond pour ne pas perdre. Je jouais souvent avec et contre des plus grands, c’est comme ça que t’évolues le plus. De nombreux joueurs sont passés par là: Julien Vercautere­n de Nice, Junior Malanda (décédé en janvier 2015, ndlr), et d’autres qui évoluent en Belgique…

C’est la meilleure école pour apprendre le foot? Moi, mon fils, je le mettrai seulement à 15 ans dans un club. Avant, il faut qu’il joue dans la rue. À Anderlecht, j’ai assisté à des matchs de jeunes, avec le coach qui perdait et qui s’acharnait sur les enfants. Il leur criait dessus parce qu’il ne voulait pas perdre, comme un supporter. Alors que les enfants sont là pour s’amuser. Parfois, les entraîneur­s oublient que c’est un amusement.

C’est toujours un amusement pour toi, maintenant que c’est ton métier? Je fais la part des choses. Il y a quelque chose en jeu…

Du coup, ça influe sur ta façon de jouer? Dans un parc, tu peux tenter des crochets, mais avec les enjeux du foot profession­nel, il faut savoir quand faire la passe et éviter le crochet de trop… Ça, c’est l’expérience. Quand tu es sur le terrain, tu regardes à gauche, à droite, tu vois qu’il n’y a qu’un défenseur, c’est là que tu peux dribbler. Alors que si tu vois un coéquipier mieux placé que toi, et qu’il y a deux défenseurs, faut lui passer. C’est pour ça qu’il faut lever la tête et analyser la situation dans laquelle tu es pour prendre la bonne décision. Mais je ne suis pas dans une position où je suis obligé de dribbler, je suis aussi souvent dos au but.

Tu penses à quoi dans le couloir avant de rentrer sur le terrain? Je regarde mes adversaire­s directs, les deux défenseurs. Je regarde s’ils sont joyeux ou énervés. Avant, dans la journée, je regarde des vidéos, les appels qu’ils n’aiment pas, les courses dans le dos, leurs points faibles, leurs points forts…

Avec le départ d’André-Pierre Gignac, tu es devenu l’avant-centre titulaire de l’OM. À seulement 21 ans, tu te sens prêt? Je sens surtout que l’équipe est bien. Je suis venu à Marseille pour ça, pour être dans un grand club, une bonne équipe, avec un grand stade et des super supporters. Avoir beaucoup de pression, c’est la vie du footballeu­r. C’est ce qu’on cherche, nous, les jeunes.

Tu as un objectif personnel pour cette année? Je ne suis pas le genre de mec à se dire: “Cette année, j’en mets vingt.” Je suis le genre de mec à se dire: “Cette année, je mets beaucoup de goals et je fais gagner l’équipe.” Je ne suis pas très chiffres, mon record, c’était vingt et un, et ce n’était pas au Parc des Éléphants… Faut surtout que je m’améliore sur mes frappes de loin, je suis nul. Je dois encore travailler ça et bosser mon jeu de tête. Je dois progresser, je suis dégueulass­e à ce niveau-là. Je me le dis, on me le dit.

Le recrutemen­t de l’OM est marqué par les départs (Ayew, Imbula, Payet, Gignac, Morel), mais surtout par les arrivées d’Abou Diaby et Lassana Diarra… C’est bien de les voir arriver pour remplacer les joueurs partis. Ce sont des joueurs que l’on n’a pas besoin de présenter, des internatio­naux confirmés. Pour nous, les jeunes, c’est important. Abou se prépare très bien. Les kinés ont l’air confiants. À 100%, il peut faire énormément de bien au reste de l’équipe.

Tu penses quoi du niveau de la L1? Pour le moment, c’est le meilleur championna­t dans lequel j’ai joué! On joue le titre, mais il ne faut sous-estimer personne. La saison dernière, on avait un super collectif. Le but refusé contre Lyon a changé beaucoup de choses, on aurait pu tenir tête au PSG au lieu de connaître une chute de régime. D’ailleurs, même contre Paris, je n’ai pas été très impression­né. À part par Maxwell: même s’il joue en défense, il pourrait jouer 10, il sait tout faire, il est à l’aise dans toutes les situations.

Tu dégages des airs nonchalant­s sur le terrain avec tes facilités techniques, ta façon de contrôler le ballon avec la semelle, de lever la tête, parfois… On me le dit souvent. C’est faux, ce sont juste des airs! C’est de la concentrat­ion.

Marcelo Bielsa te prenait à part pour te donner des consignes et suivre ton évolution? Il me parlait seulement avant les matchs, quand il nous prenait un par un dans son bureau. S’il m’avait dit d’aller aux buts, j’y serais allé!

Tu es bon aux buts? C’est Alessandri­ni notre quatrième gardien! Même s’il est petit, il est fort aux buts.

Comment as-tu accueilli la démission de Marcelo Bielsa, après votre défaite face à Caen? Il paraît que tu étais énervé en sortant des vestiaires… J’étais très surpris, mais absolument pas énervé à la sortie du stade. Je suis simplement parti rapidement parce que j’allais rejoindre ma famille qui était venue nombreuse au Vélodrome.

Pour remplacer Marcelo Bielsa, l’OM a choisi l’Espagnol Michel. Tu le connais? Je sais qu’il s’agit d’un ancien grand joueur du Real Madrid, et qu’il a fait de bonnes choses en ligue des champions contre Manchester, notamment, de mémoire. Pour le reste, je vais le découvrir à la Commanderi­e (Rires)! J’espère que tout va bien se passer, qu’on gagnera nos matchs en affichant un style offensif et conquérant, à l’image du club. En tout cas, on est déterminés à faire tout ce qu’il faut pour réaliser une énorme saison.

Qu’attendent les entraîneur­s de ta part? Que je fasse vivre un enfer aux deux centraux. Chaque joueur a ses adversaire­s à tenir en face. Moi, c’est les deux derniers défenseurs. Je suis le premier défenseur de l’équipe. Je dois faire les efforts qu’on me demande, défendre et me sacrifier. Ce qui est un peu dommage parce que, du coup, je peux manquer d’efficacité en phase offensive, mais c’est pour le bien de l’équipe.

L’année dernière, Gignac était dans l’axe, mais travaillai­t beaucoup côté gauche. Où te sens-tu le mieux? Moi? N’importe où! À gauche, à droite, au centre… Je suis un joueur qui décroche, même si je n’ai jamais pensé à jouer numéro 10. Mon poste, c’est 9, parce que j’ai l’amour du but. Ça vient du papa, ça! Il me conseille depuis que je suis tout petit. Il était attaquant en Afrique et devait venir jouer en Europe. Ça ne s’est pas fait à cause d’un problème au genou. Du coup, ce sont ses fils qui mettent des buts et c’est lui qui les célèbre! (Rires.)

Parce que ton petit frère, Aaron, 18 ans, joue à Anderlecht. Tu as déclaré que c’était un excellent footballeu­r… Je regarde la plupart de ses matchs. En ce moment, il ne joue pas beaucoup, il rentre pour des bouts de matchs parce que Anderlecht a acheté deux attaquants. Ça va être dur, mais je lui ai dit que c’est un peu comme moi: à mes débuts, il y avait cinq attaquants devant moi. Le combat est difficile, mais une fois que t’as gagné ce combat-là, tu ressors plus fort. Il est rapide, il a le sens du but et beaucoup de qualités. Il ferait un bon attaquant de l’OM! (Rires.)

Il paraît que tu détestes marquer des buts moches. Tous les buts n’ont pas la même valeur? Un but, c’est un but… Mais c’est sûr que t’es plus fier de toi si tu fais un crochet puis que tu mets la balle en lucarne que si tu tires, que c’est détourné par deux joueurs et que ça trompe le gardien. Tout le monde aime marquer des buts… C’est comme sur la Playstatio­n!

Lemina, Cabella, Mendy, Ocampos, toi… Il y a beaucoup de jeunes très joueurs à l’OM. Est-ce que ça ne va pas jouer des tours à cette équipe? On sait ce qu’il faut faire. J’ai confiance en mes coéquipier­s. Je sais que si je dribble trop et que je perds la balle, ils vont m’engueuler, mais ils vont tout faire pour récupérer la balle. Et moi pareil, si un joueur perd le ballon sur un dribble, je vais lui crier dessus, mais je vais l’aider à le récupérer.

“Pour moi, tous les bons joueurs peuvent s’entendre. Hazard et De Bruyne vont vite tous les deux, rapides, ils voient bien le jeu, ils ont les deux pieds, ça devrait être facile pour eux”

Le dernier attaquant belge de l’OM s’appelle Jürgen Cavens, mais le meilleur buteur belge s’appelle Daniel Van Buyten. Tu les a consultés avant de venir à l’OM? Non… On m’a beaucoup parlé de Van Buyten positiveme­nt ici. Il a laissé une bonne image. Je l’avais vu l’année dernière, il était là, au bord du terrain pour un match, on s’est salués, il est super sympa. Quant à Cavens, j’ai déjà entendu son nom mais je ne devais pas être né! Si? En tout cas, je dois tout faire pour que les fans continuent à m’apprécier, des bons matchs et marquer des goals.

Ta relation avec Gignac était particuliè­re, vous étiez assez complices. On se souvient qu’il t’a longuement parlé dans l’oreille pour son dernier match au Vélodrome. On regrette, on aurait voulu jouer un peu plus à deux. On reste en très bons termes. C’était plus un ami qu’un concurrent. Il m’a appris beaucoup de choses. Il m’a donné beaucoup d’indication­s sur les défenseurs de ligue 1, sur ce qu’ils aimaient ou pas. Quand je rentrais, ça m’aidait. J’ai beaucoup appris de ses courses et de son travail défensif. C’est ce que je retiens de lui.

Tu comprends son choix d’aller jouer au Mexique? Je trouve que c’est du gâchis, il pouvait encore jouer à haut niveau. Mais je ne sous-estime pas le niveau là-bas, il paraît que c’est fort, je dis juste qu’il aurait encore pu rendre des services en Europe.

D’autant que tout le monde adorait Gignac en ville, à Marseille… Quand je marche en ville, je vois plein de jeunes qui portent l’équipement complet de Marseille, qui crient quand ils voient les joueurs. C’est une ville qui adore le foot. Liège, c’était identique, mais c’était beaucoup plus petit par rapport à ici.

Les fans ont parfois du mal à orthograph­ier ton nom… Certains ratent même leur flocage. Ils n’ont qu’à mettre “Bats”. Ou “Batsman”! (Rires.)

La saison dernière, on a également vu que tu étais un as de la communicat­ion, notamment sur les réseaux sociaux. C’est naturel ou tu le fais parce que ça fait partie du métier? Quand une personne te parle, bah tu dois répondre! Ce n’est pas très gentil de pas répondre. Il y a beaucoup d’enfants qui sont là, ça leur fait plaisir. Petit, j’aimais être à leur place. Quand j’avais 13 ans, au centre de formation d’Anderlecht, je terminais vite les cours et je courais voir les entraîneme­nts des pros. C’était magnifique, j’avais les yeux qui brillaient.

Tu as eu quelques problèmes de comporteme­nt au centre de formation d’Anderlecht… J’avais beaucoup d’énergie, comme beaucoup de jeunes. J’étais dissipé, mais au final, ça m’a permis de devenir excellent en jardinage!

Développe… (Rires.) J’étais souvent sanctionné, et ils ne savaient plus quoi inventer comme punitions. Ils me faisaient ramasser les ballons, les chasubles, mais ça me faisait rien… Donc ils ont essayé de trouver plus dur en me demandant de donner un coup de main au jardinier. Je déblayais la grande allée qui mène au centre d’entraîneme­nt avec un aspirateur à feuilles, et je me souviens même avoir planté quelques fleurs…

Sur Twitter, tu as fait le buzz avec tes petits protègetib­ias fétiches que tu portes depuis que tu as 12 ans. Ce n’est pas un peu léger face à Moustapha Bayal Sall, David Luiz ou Renato Civelli? Je n’ai pas peur, j’ai reçu beaucoup de coups, mais je touche du bois (il tape fort sur la table, ndlr)… Je récupère beaucoup, je m’étire à la maison. Beaucoup de jeunes ne le font pas, c’est mon papa qui m’a conseillé de faire ça.

La saison passée, quand tu ne jouais pas, barré par Gignac, tes proches te disaient quoi? Ils me disaient que je n’étais plus au Standard mais dans un plus grand club, que je savais ce qui m’attendait, qu’il fallait continuer à travailler.

Tu évoques souvent ton enfance au quartier. C’était comment? Comme dans tous les quartiers, avec des gens qui tiennent les murs. C’est partout pareil. Je suis souvent en contact avec eux. J’y retourne tous les étés, pour les voir, taper un foot… Je n’ai pas beaucoup de nouvelles personnes dans ma vie. Ce sont toujours les mêmes gens, les mêmes noms, les mêmes têtes. C’est plus sain. Ce sont des gens qui me rentrent dedans quand je fais n’importe quoi. Je n’aime pas trop quand on me chouchoute.

Ça te manque, le quartier? Parfois, ça me manque. Mon rêve, c’était de devenir joueur pro, peu importaien­t les sacrifices. Il y a des fois où mes potes jouaient tard au foot, en bas du quartier, et moi je devais dormir tôt parce que j’avais match le lendemain. C’est ça, la vie, les sacrifices qu’il faut faire pour réussir.

C’était quoi, une journée type du petit Michy? J’allais au parc toute la journée. Je prenais le ballon le matin, je voyais mes amis, on se rassemblai­t au parc, on jouait

“À mes débuts, il y avait cinq attaquants devant moi. Le combat est difficile, mais une fois que t’as gagné ce combat-là, tu ressors plus fort”

“Au parc, à Berchem, c’était vraiment chaud, il y avait souvent un peu de castagne. Il n’y avait pas d’arbitre, rien, ça se terminait en bagarre! Parfois tu te faisais menacer ou gifler!”

toute la journée, on débriefait les matchs, on charriait ceux qui prenaient des petits ponts et on allait tous manger à la friterie, au “snack”, ensemble, puis on rentrait dormir.

Tu n’étais pas né quand le Belge Raymond Goethals a gagné la ligue des champions. Qu’est-ce que tu connaissai­s de l’OM avant de venir? Je me rappelle d’un maillot bleu ciel, magnifique! C’est un club à part. Je n’y croyais pas quand ils m’ont appelé. En plus, c’est Bielsa qui me voulait. L’OM est le club préféré de tout le monde en Belgique, tous les jeunes du quartier, mes amis, aiment l’OM. Puis l’OM a une super réputation en Afrique, tout le monde les kiffe là-bas, il n’y a pas d’équivalent en France.

Comment as-tu choisi entre le Congo et la Belgique? Je n’ai pas choisi. Pour moi, j’ai grandi en Belgique. J’ai fait tout mon apprentiss­age en Belgique, j’ai joué dans toutes les catégories jeunes. J’ai été appelé en Espoirs, et pour moi, c’était naturel de continuer sur cette voie. Il suffit de me connaître deux minutes pour comprendre ça. Mais je n’oublie pas mes racines, je représente aussi le Congo.

Pour revenir à la Belgique, tu avais été exclu des Espoirs avant un match contre Chypre en 2013… Erreur de jeunesse, c’est du passé.

Tu es encore jeune. Mais plus mature! J’ai progressé sur ça l’année dernière.

L’objectif avec la Belgique, c’est l’Euro 2016. Cette sélection revient de très loin, quand on pense au bordel que c’était il y a quelques années et que l’équipe était dans les bas-fonds du classement Fifa. On a une génération en or pour le moment. Je n’imaginais pas la part de responsabi­lité du sélectionn­eur Marc Wilmots là-dedans. Mais il m’a parlé, il m’a expliqué ce qu’il voulait faire, ses ambitions dans le jeu. Les gens ne s’en rendent pas compte, mais il faut le féliciter de son très beau travail. C’est plus une famille qu’une équipe de foot. À la coupe du monde, ça se voyait qu’ils rigolaient bien en dehors, et qu’ils savaient être sérieux pendant les matchs. Même le coach, il met des vannes, fait rigoler la galerie, mais le jour du match, il ne rigole plus. Ce qui est sûr, c’est que la Belgique va faire mal à l’Euro: soit ils vont le gagner, soit ils vont perdre en finale! (Rires.)

Quelles sont les ambitions de Wilmots, au juste? Il fait en sorte que le groupe s’entende bien en dehors du terrain. C’est le premier truc: l’entente. Faut que ça parle, que ça rigole, et là, il n’y aura aucun problème sur le terrain. Tous ont des énormes qualités.

Tu as marqué pour ta première sélection, en mars 2015 contre Chypre. Mais la concurrenc­e est rude à ton poste: Benteke, Lukaku, Origi… Comment tu vas te démarquer pour faire partie du groupe à l’Euro? Je ne sais jamais répondre à ça… Du coup, je vous la repose. Je peux apporter quoi à la Belgique?

Tu parais plus technique que les autres attaquants qu’on a cités. Tu pourrais peut-être être plus complément­aire avec Eden Hazard ou Kevin De Bruyne, notamment. Mais ils sont tous hyper techniques, en fait! Romelu Lukaku, par exemple, il est puissant. Les gens se focalisent donc sur son physique, mais il est très doué techniquem­ent aussi.

De Bruyne et Hazard peuvent s’entendre? Pour moi, tous les bons joueurs peuvent s’entendre. Ils vont vite tous les deux, rapides, ils voient bien le jeu, ils ont les deux pieds, ça devrait être facile pour eux. Tous ces joueurs sont de la même génération, on a les mêmes délires, on regarde les mêmes choses.

Même Bob l’éponge? Il paraît que tu as demandé au service de communicat­ion de l’OM où était la salle de ciné la plus proche le jour même de la sortie du film… Bob l’éponge, sérieuseme­nt? Oui! Je regardais ça le matin, le soir. C’est un dessin animé que j’adore, comme Dragon Ball ou Olive et Tom, et mon personnage préféré, Mark Landers. Mais là, c’est nul, j’ai tout regardé, il n’y a pas de nouvelle saison de Bob l’éponge, pas de nouveaux épisodes… J’ai le sac à dos, il est très beau, ce n’est pas juste pour faire le malin!

Le meilleur, c’est Patrick, l’étoile de mer, non? Quoi? Il est trop nul, lui. Il est trop con. C’est le plus nul du dessin animé.

Tu vas voir quoi d’autre, au cinéma? Des comédies. Pas de films qui font peur, parce qu’après j’ai du mal à dormir. Et je suis obligé de me mettre un dessin animé! À Liège, j’étais tout seul… J’aime bien être seul, mais pas dormir seul!

Tes idoles s’appellent Thierry Henry et Ronaldo. Deux gros ego. Ronaldo était trop trop fort. Thierry Henry avait son style à lui. Ronaldo était dans la meilleure équipe, le Real Madrid. Et Henry était trop fort pour Arsenal sur la fin. Ronaldo aurait pu faire plus mal sans ses blessures. En revanche, mon petit frère ne jure que par Messi. Il regarde plein de vidéos de lui. Mais je lui dis de ne pas le faire. C’est le problème des jeunes: ils ne regardent que ces joueurs-là. Après, ils vont essayer de faire pareil que Messi et se faire tacler…

Il y a des joueurs actuelleme­nt qui t’impression­nent? Messi, c’est un génie. J’aime beaucoup Robben et Ribéry. J’aime bien nettoyer le petit filet comme Robben.

Pas de défenseurs, genre Vincent Kompany? C’est très agressif ça, comme joueur, faut bien dormir avant de jouer contre ce genre de mecs! (Rires.) D’ailleurs, Kompany est fan de l’OM. Il venait ici pour voir les entraîneme­nts quand il était petit. Quand je dis que les Belges aiment l’OM…

Tu aurais pu le rejoindre en Premier League: des rumeurs t’envoyaient en Angleterre cet été… Ouais, c’est vrai, mais je n’ai jamais pensé à partir. L’Angleterre attire tout le monde. Même leurs publicités sont meilleures que toutes les autres. C’est n’importe quoi les scores là-bas, il peut y avoir des surprises. Et des goals magnifique­s. Après, physiqueme­nt, c’est plus dur, mais c’est comme ça que tu deviens plus fort.

Et la Liga, ça ne te botte pas? Ça ne m’attire pas trop, les matchs à 23 heures et tout ça… Quand tu te réveilles, t’as envie de vite jouer. En Belgique, tu joues à 18 heures, c’est parfait, ici c’est 20 heures, mais 23 heures… T’es trop pressé, tu passes ta journée à l’hôtel à attendre, tu dors, tu manges, tu dors, tu manges… C’est chiant: à la fin, t’as juste grossi!

Tu avais un plan B autre que le football si ça n’avait pas marché? (Il réfléchit…) Donner des conseils aux profs pour des meilleures punitions? (Rires.) Il n’y avait que le foot. La première fois que j’ai joué, j’étais tout petit… Ma première licence, je l’ai prise à Evere, un bon club. À l’école, mes professeur­s me conseillai­ent de jouer au foot, alors ils se sont renseignés, en ont parlé à mes parents.

Tu étais bon dans d’autres sports? J’étais bon dans tous les sports d’équipe, où il y a du mouvement. Je regarde beaucoup de foot, quasiment que ça, tout le temps: que ce soit la Premier League, ou même de la ligue 2 avec mon père. C’est une encyclopéd­ie du foot, il peut regarder des matchs au Brésil et tout ça.

Fin juillet, un type a posté un selfie avec un mec qui te ressemblai­t à peine, en pensant que c’était toi… Je le connais, en plus, le mec! C’est un ami de Belgique. Son frère m’a appelé: “S’il te plaît, Michy, enlève la photo, mon frère est en vacances avec sa fille en Turquie, il ne peut plus sortir de sa chambre.” Alors que moi, j’étais ici à l’entraîneme­nt, et eux à la plage! J’ai dû demander au mec d’enlever son tweet parce que ça cartonnait et que tout le monde était devant la porte de celui qui était censé me ressembler.

Tout ça parce qu’il avait des petites tresses, en gros. Oui! D’ailleurs, je n’aime pas couper mes cheveux. Au Standard, j’avais une coupe de merde (des longues tresses collées au crâne, ndlr). Disons que je me cherchais…

“Je ne suis pas le genre de mec à se dire: ‘Cette année, j’en mets vingt.’ Je suis le genre de mec à se dire: ‘Cette année, je mets beaucoup de goals et je fais gagner l’équipe’”

“Je n’ai pas beaucoup de nouvelles personnes dans ma vie. Ce sont toujours les mêmes gens, les mêmes noms, les mêmes têtes. C’est plus sain. Ce sont des gens qui me rentrent dedans quand je fais n’importe quoi”

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Le réveil.
Le mépris. Le réveil.
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Le dégoût.
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L’enthousias­me.
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Les fleurs du mal au ventre.
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