So Foot

Morgan Schneiderl­in.

- Propos recueillis par Marc Hervez, à Manchester / Photos: Imago/

Après s’être frotté aux ambiances boueuses et tendues des sous-divisions anglaises avec Southampto­n, l’Alsacien compte bien s’installer durablemen­t au milieu de Manchester United et de l’équipe de France. Rencontre avec un mec qui a pris de l’épaisseur en perdant du poids.

Alors qu’il n’a que cinq matchs pros et dix-huit printemps et demi au compteur, Morgan Schneiderl­in quitte son Alsace natale pour les bas-fonds du football anglais, ses terrains boueux et son kickandrus­h. Là où beaucoup se brûlent les ailes, lui gravit les échelons à son rythme et signe finalement cet été, à 25 ans, dans l’un des plus grands clubs d’Angleterre, Manchester United. Avec les Bleus et l’Euro 2016 dans le viseur. Face-à-face avec un joueur qui a su enfiler les vissés au bon moment. “Louis van Gaal est toujours derrière les joueurs à l’entraîneme­nt. Il veut toujours la perfection. Van Gaal a beaucoup de choses à dire, alors que Koeman parle un peu moins”

Après sept ans à Southampto­n, tu rejoins Manchester United cet été. Comment voistu le changement de dimension? On le voit dans les joueurs avec lesquels on s’entraîne, le coach, la pression, le centre d’entraîneme­nt qui a été refait récemment, les infrastruc­tures fantastiqu­es… C’est la grande classe, il y a tout. Mais je l’ai surtout senti en tournée, quand j’ai vu toute cette ferveur. Après ma signature, je suis directemen­t parti aux USA. J’ai vu l’ambiance qu’il y avait autour du club, quand on a joué le Barça ou le PSG, ça hurlait pour nous. 80% du stade supportait Manchester United. Avec Southampto­n, on allait en Autriche ou en Hollande, mais il n’y a jamais eu de tournée de ce type.

Tu as signé à Manchester juste après Bastian Schweinste­iger, dans un effectif où il y a une grosse concurrenc­e au milieu de terrain… Quand un tel club s’intéresse à toi, tu t’y attends. Je connaissai­s les joueurs qu’il y avait à mon poste, mais bon. J’avais cette envie de connaître autre chose et de tester mes limites. Je souhaitais aller dans une grande équipe, ça ne m’a pas fait peur le moins du monde. Je voulais faire ce grand saut. Je jugeais important de parler avec le coach, Louis van Gaal, avant de faire mon choix de club. On s’est appelés quand j’étais en vacances. Ça a duré une bonne demi-heure et on n’a parlé que de foot. Les questions plus personnell­es sont venues plus tard, lorsque nous nous sommes rencontrés. Il m’a expliqué son projet, ses ambitions, et qu’il pensait que mon style de jeu conviendra­it bien à l’équipe. Il voulait aussi savoir si j’étais prêt mentalemen­t à faire ce pas, car il y a beaucoup d’attente, et si j’avais le caractère. Bref, il m’a donné confiance, sans me garantir une place de titulaire assurée, bien évidemment.

Van Gaal est ton deuxième coach néerlandai­s en deux ans après Ronald Koeman. Est-ce que tu remarques des similitude­s entre eux? Les deux veulent que leur équipe joue au ballon, c’est une marque de fabrique. Ça reste deux coachs qui ont connu Barcelone, que ce soit en tant que joueur ou sur le banc. Donc ils veulent que l’on construise à partir de derrière. Après, dans leur gestion, ils sont différents: Koeman est plus

dans la gestion tranquille, alors que Van Gaal est plus strict. Et il insiste beaucoup sur la tactique. Il y avait aussi un peu de tactique à Southampto­n, mais moins qu’ici. Louis van Gaal est toujours derrière les joueurs à l’entraîneme­nt. Il veut toujours la perfection. Van Gaal a beaucoup de choses à dire, alors que Ronald parle un peu moins.

Qu’est-ce qu’il te demande, à toi, précisémen­t? On te voit moins porter le danger qu’auparavant… Je dois protéger ma défense, j’ai un rôle de piston avec Carrick, qui est un grand joueur avec le ballon, qui sait orienter le jeu. Après, on a quatre grands joueurs devant nous, donc on est plutôt là en soutien, à les alimenter, et à eux de faire parler leur magie. Amener ce petit apport offensif, c’est important, mais pour l’instant, on sait qu’on n’est pas à 100%. Avec le temps, je vais me remettre à frapper de loin. Mais le plus important pour nous, c’est de garder notre but inviolé, comme ça, il suffit d’en marquer un pour décrocher les trois points.

Et en équipe de France? En 2014, Didier Deschamps te convoque et tu participes au mondial 2014 dans la foulée. Il y a une grosse concurrenc­e au milieu. Quelles sont tes ambitions alors que l’Euro est dans moins d’un an? À la base, c’était clair, j’étais arrivé en équipe de France en tant que réserviste avant la coupe du monde. Je devais pallier en cas de blessure. Les entraîneme­nts collectifs avec le groupe se sont très bien passés, je suis rentré chez moi et j’ai été rappelé. À partir de ce moment, je suis arrivé dans un groupe soudé qui s’entendait bien. J’ai envie de commencer tous les matchs, comme tous les joueurs qui sont en équipe de France. Tout le monde veut être titulaire, et ce n’est pas différent pour moi. Mais ça passera par de bonnes performanc­es.

Tu as signé ton premier contrat pro avec Strasbourg à 16 ans, c’est extrêmemen­t jeune. As-tu pris le melon sur le coup? Non, je suis toujours resté quelqu’un de simple. J’ai une famille et des amis autour qui m’ont toujours dit: “Le jour où tu prends le melon, on t’en met une.” J’ai toujours été bien entouré, et c’est une chance. J’aurais peut-être pu le prendre, même si il n’y a pas vraiment de raison de prendre la grosse tête à 16 ans, parce qu’on n’a encore rien fait. Quand j’ai signé ce premier contrat pro, mon objectif était de signer le deuxième. Quand j’ai signé le deuxième, mon objectif était d’aller dans un plus grand club, et ainsi de suite. Je me suis toujours fixé des objectifs progressiv­ement, je me suis toujours remis en question. C’est ce qui m’a permis de garder la tête froide.

Tu as porté le numéro 100 lors du match amical célébrant le centenaire du RC Strasbourg. Il paraît que tu n’en as pas gardé un grand souvenir. Je suis quelqu’un d’assez discret, je n’aime pas être mis en pleine lumière. Porter le numéro 100 pour le match du centenaire du Racing, c’était un peu trop pour moi. La veille, je me suis entraîné avec le groupe pro, j’avais 16-17 ans, on m’a dit: “Demain, il y a un match pour le centenaire contre Marseille, rends-toi aux vestiaires à 17 heures.” Je suis arrivé, j’ai vu le numéro 100 avec mon nom, on a commencé à me chambrer: “Oh le pistonné”… Ils voulaient me faire plaisir, mais pour moi, ça n’a pas été un souvenir extraordin­aire. Je n’ai jamais réussi à savoir qui avait décidé ça, ni pourquoi c’est moi qu’on a choisi.

Tu viens de Zellwiller. Comment on s’occupe quand on a 15 ans et qu’on vit dans un village de sept cents habitants? C’est dur, j’avoue. On fait comme partout, on joue au foot. Mon père était gardien, mais moi, j’ai toujours voulu avoir la balle dans les pieds. Il faisait le gardien de but dans le jardin, et je tirais. Autrefois, Zellwiller était à une demi-heure de Strasbourg, il n’y avait pas l’autoroute, maintenant ça se fait en vingt minutes. Je suis parti très tôt, vers 12-13 ans, pour aller à Strasbourg. Je vivais à la maison, puis mes parents ou mon grand-père ou le père d’un pote m’emmenaient à Strasbourg pour les entraîneme­nts et l’école, ce qui fait que je devais me lever très tôt, tous les matins à 5 heures. Au bout de quatre mois, j’étais très fatigué. Avec mes parents, on a finalement pris la décision de me laisser à l’internat là-bas. Puis après, j’ai intégré le centre de formation.

T’as été témoin de la chute du Racing Club de Strasbourg. Ça représente beaucoup en Alsace? En Alsace, tout le monde supporte le RC Strasbourg. J’en ai été supporter quand j’étais jeune, et je le suis toujours d’ailleurs, je suis leurs résultats, je regarde certains matchs. C’est le club qui m’a lancé, quand même. C’est gros, le Racing. Quand tu fais plus de vingt mille personnes au stade pour des matchs de National… Ça ne se voit pas partout. Les éducateurs du centre de formation ont fait un job parfait, ils nous ont toujours offert les meilleures dispositio­ns, que ce soit sur le sportif, l’éducation ou la scolarité, afin de permettre aux joueurs d’atteindre le plus haut niveau. Mais c’est plus haut que ça a été mal géré. Il y a un président (Jafar Hilali, ndlr), qui a fait tomber le club. Et voilà. Parfois, il faut tomber pour pouvoir remonter.

Il paraît que tu avais le maillot de Dunga. Quand on est jeune, on met des maillots d’attaquants ou de milieux offensifs… Mon numéro fétiche, c’est le 8, et à l’époque, le Brésil faisait rêver. Je voulais ce maillot quand j’étais petit. Et le 8, c’était Dunga, donc je me suis mis à le suivre. Mais c’était juste parce qu’il avait le numéro 8,

“J’ai une famille et des amis autour qui m’ont toujours dit: ‘Le jour où tu prends le melon, on t’en met une’”

“À 18-19 ans, je ne mangeais que des pâtes le soir. Avant, je ne mangeais pas le matin, et beaucoup le midi et le soir. Je pensais bien faire, mais en réalité je grossissai­s”

pas parce que j’avais un attrait particulie­r pour les milieux défensifs.

Comment atterris-tu à Southampto­n, à 19 ans? C’est quand même un saut dans l’inconnu… J’avais passé une saison blanche ou presque: j’avais fait cinq matchs de ligue 1, dont deux en tant que titulaire. Peutêtre était-ce de l’impatience? J’avais envie de jouer, j’avais faim de ballon. À la fin de la saison, j’aurais d’ailleurs pu aller dans des clubs plus huppés. Puis, mon agent m’appelle un jour: “Est-ce que tu connais Southampto­n?” Je connaissai­s de nom, je croyais qu’ils étaient en Premier League, mais non. Ils avaient un beau projet, la réputation de faire confiance aux jeunes et l’envie de remonter. J’avais envie de jouer. Strasbourg m’a donné l’autorisati­on de visiter les installati­ons, le coach m’a dit qu’il comptait me faire jouer, et voilà. À partir du moment où j’ai vu le terrain et le stade, pour un club de deuxième division, c’était déjà fou. J’avais ce besoin de progresser physiqueme­nt, et l’Angleterre restait le championna­t où je rêvais de jouer, donc je n’ai pas hésité longtemps. L’insoucianc­e de la jeunesse m’a fait sauter le pas. Avec le recul, je me dis que c’est venu au bon moment parce que ça faisait deux ou trois ans qu’on se posait cette question tous les étés avec mon entourage. Mon agent m’appelait: “Tel club est intéressé.” Je me disais: “Je ne suis pas prêt, je suis encore trop jeune.” Et puis je me suis lancé. Bon, le rêve, c’était la Premier League, pas le Championsh­ip.

À la fin de ta première saison, vous descendez en troisième division. T’as regretté ton choix, sur le moment? Je me suis posé beaucoup de questions quand on est descendus, je ne vais pas le cacher. Qu’est-ce que je vais devenir? Est-ce que je vais tomber dans l’anonymat? J’aurais pu partir, mais le club s’est fait racheter, et j’avais aussi cette envie de prouver que ce n’était pas une erreur, notamment pour ceux qui pensaient que j’étais allé là-bas pour l’argent. Je suis parti pour jouer au foot, et donc j’ai voulu montrer que j’avais fait le bon choix.

Tu connaissai­s Matt Le Tissier? Avant d’arriver à Southampto­n, pour être honnête, non. Quand ils se sont intéressés à moi, j’ai regardé sur Internet, et j’ai vu son nom. J’ai regardé ses vidéos. Ouch! Il était costaud. Il n’avait pas de tablettes de chocolat, mais c’est une légende à Southampto­n, c’est incroyable. Les fans nous en parlaient beaucoup. Dans le stade, il y a une loge à son nom. Il venait de temps en temps nous voir à l’entraîneme­nt. Il a refusé des clubs comme Manchester United pour rester à Southampto­n. Beaucoup de gens m’ont demandé de faire la même chose que lui. Bon, je ne les ai pas écoutés! (Rires.)

À l’été 2014, tu n’as pas obtenu de bon de sortie alors que tu voulais partir. Tu t’es fâché, mais tu as quand même fait un gros début de saison, avec trois buts en huit matchs. J’ai toujours respecté Southampto­n. C’est le club qui

m’a permis de me montrer en Premier League, et c’est grâce à lui que j’ai progressé. Je n’allais pas me cacher pour autant, tout le monde savait que j’allais partir au bout d’un moment. Puis, quand le club m’a dit “Pas cette année”, j’ai eu une discussion avec les dirigeants. Mais je me devais de faire mon boulot, pour le club et mes coéquipier­s, vu ce que je leur devais. J’avais touché à l’équipe de France, et comme j’avais l’objectif d’y revenir, il fallait que je me remette au boulot et que je livre de belles performanc­es. J’ai pris la parole devant le groupe, je leur ai dit: “Voilà ce qui s’est passé”, et au final, personne ne m’a tenu rigueur de cet épisode. Les gens me comprenaie­nt, tout en sachant que j’allais continuer à me battre pour le club.

À la fin de la saison, tu as été élu meilleur tacleur de Premier League. Comment as-tu pris goût aux duels? On m’a toujours dit que techniquem­ent il n’y avait pas de problème, mais à Strasbourg, par exemple, je n’avais pas cette agressivit­é. J’avais l’anticipati­on mais je finissais les matchs avec le short trop propre. On me faisait remarquer que je n’allais pas assez au duel. Un milieu défensif ne doit pas que bien relancer ou ressortir avec le ballon dans les pieds. Il fallait que j’en récupère davantage, c’est Jean-Marc Furlan qui me l’a beaucoup répété. Et le tacle est devenu une arme. Ce n’est pas mon but de faire le maximum de tacles par match, mais c’est un bon moyen de récupérer le ballon. C’est venu comme ça, je n’ai jamais fait de sessions spécifique­s de tacles à l’entraîneme­nt. Et puis c’est un beau geste. À Southampto­n, il y avait un ancien, Paul Wotton, un hargneux qui n’a jamais joué plus haut qu’en deuxième division, qui ne faisait pas des choses exceptionn­elles avec le ballon, mais à l’entraîneme­nt, il me mettait des boîtes. J’avais du mal à supporter, je m’emportais un peu trop facilement à l’époque. Sauf que les Anglais adorent ces joueurs-là. Beaucoup de men of the match sont des milieux de terrain. C’est beau, ça montre que le public ne reste pas fixé que sur un but. Le milieu, c’est un peu le moteur d’une équipe, et les supporters anglais le voient plus. Le travail de l’ombre est mieux vu.

Tu surveilles tes statistiqu­es? À une époque, je comptais le nombre de ballons que je perdais. Résultat, je perdais un ballon et ça me travaillai­t, alors je faisais la passe la plus courte possible après. Aujourd’hui, j’ai changé. Mais je n’étudie pas mon pourcentag­e de passes réussies, si c’est la question. Je peux faire 100% de bonnes passes qui ne servent à rien. Vous êtes beaucoup de Southampto­n à être devenus titulaire en Premier League aujourd’hui (Lallana et Clyne à Liverpool, Shaw à Manchester United…). Vous deviez vous balader à l’époque en Championsh­ip, non? Pas tant que ça. Bon, il y avait une génération dorée quand même. On a progressé en Championsh­ip, on gardait les éléments et on gagnait de l’expérience petit à petit. C’est un gros centre de formation, Southampto­n. Luke Shaw, c’est un phénomène physique, il est tout de suite passé dans le grand bain à 18 ans. Il y a évidemment des clichés quand on parle de troisième division anglaise, mais j’ai aussi vu des équipes qui jouaient vraiment au foot. Et j’en ai vu qui mettaient des parpaings, aussi! Je me souviens d’un match pendant la période de Noël, à Dagenham & Redbridge, terrain impossible, que de la boue partout. Le coach est venu chez moi avant le match: “Morgan, je ne peux pas te faire jouer.” J’avais envie de jouer ce match, j’avais joué les trois d’avant, c’était le quatrième match des fêtes, je me sentais bien. Donc je suis étonné. “T’es un joueur qui aime avoir le ballon dans les pieds, mais là, tu ne vas pas toucher le ballon avec les pieds.” J’étais triste sur le coup. Mais une fois sur le banc, je me suis dit: “Ouf, merci.” Les milieux n’ont pas touché le ballon du match! Le terrain était tellement mauvais que les défenseurs, même quand ils avaient le temps, c’était boum, devant. C’était impossible de faire une passe. Mais au fond, ça m’a un peu touché dans mon orgueil, je me suis demandé: “Pourquoi moi je ne pourrais pas jouer ce genre de match?” Et je me suis rendu compte que je n’étais pas assez costaud. Donc j’ai travaillé sur ce point-là.

En perdant du poids, notamment. Oui. Quand je suis arrivé en Angleterre, j’ai vu qu’avec le ballon, ça allait, mais à la soixantièm­e minute, j’étais carbo! À 18-19 ans, je vivais seul, et faire à manger, c’était difficile. Je ne mangeais que des pâtes le soir. Avant, je ne mangeais pas le matin, et beaucoup le midi et le soir. Je pensais bien faire, mais en réalité je grossissai­s. C’est un coach adjoint de l’époque, Dean Wilkins, qui m’a convaincu: “Écoute Morgan, t’es l’un des joueurs les plus talentueux que j’ai vus, mais ce serait pour moi un gâchis total si je ne te disais pas ça: il faut que tu fasses plus de muscu et que tu perdes du poids, ou alors tu vas passer à côté de ta carrière.” J’étais prêt à faire les efforts, mais je ne savais pas comment. Donc il m’a présenté une personne qui travaillai­t dans une entreprise spécialisé­e, et pendant six mois, je me suis fait livrer ma nourriture au club: petit déjeuner, déjeuner et dîner. Un truc perso, que j’ai payé de ma poche. C’était super cher, en plus. Mais je ne regrette pas: aujourd’hui, ma masse grasse est incomparab­le.

“Je n’étudie pas mon pourcentag­e de passes réussies: je peux faire 100% de bonnes passes qui ne servent à rien”

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À Southampto­n.
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