So Foot

Carles Puyol.

- Par Joan Josep Pallàs Pour La Vanguardia – ESPAGNE

Parti un an avant le triplete du FC Barcelone, Puyol se bat toujours avec un genou récalcitra­nt qui repousse ses perspectiv­es de reconversi­on.

À une saison près, Carles Puyol partait comme son pote Xavi, sur un triplé et sous les honneurs. Au lieu de ça, le légendaire défenseur du Barça a raté sa reconversi­on et continue de souffrir le martyre, la faute à un genou en charpie.

Voilà un an que tu es à la retraite, comment le vis-tu? Le football me manque énormément. La transition n’est pas du tout facile. Si au moins je pouvais faire un peu de sport, ce serait plus supportabl­e, mais là je suis passé de 100 à 0. C’est très dur. L’été dernier, juste descendre des escaliers, c’était une vraie torture.

Ton genou est à ce point dans un sale état? Ça va mieux. Je viens de passer de nouveaux examens et c’est encouragea­nt. Je peux faire un peu d’exercice mais sans forcer. Le football ou le tennis me sont interdits. Je n’ai pas non plus le droit de courir trop longtemps.

C’est donc utopique d’imaginer un retour sur les terrains? Je mentirais si je disais que l’idée ne me traverse pas la tête mais si je reviens, ce ne sera pas pour souffrir. Rien n’est impossible mais pour le moment, je pense au présent.

Tu as déjà 37 ans… La carrosseri­e est en bon état et la tête aussi, le problème, c’est que j’ai un pneu crevé.

Tu regrettes d’avoir sans cesse joué avec les limites de ton physique? La seule chose que je regrette, c’est de ne pas m’être fait opérer plus tôt. Si je l’avais fait, je serais sûrement encore footballeu­r. C’est de ma faute. La décision, c’est moi qui l’ai prise. J’ai pensé aux besoins de l’équipe et quand j’ai vu que je ne pouvais plus apporter, j’ai décidé de me faire opérer parce que ce genou avait déjà été pas mal maltraité.

Tu te souviens du jour où tu as décidé d’arrêter ta carrière? Je voulais jouer jusqu’à 40 ans, et j’ai même pensé à continuer sans être payé. Mais physiqueme­nt, je ne pouvais plus. Je ne suis pas du genre à jeter la serviette, mais après ma dernière opération, quand mon genou a commencé à secréter du liquide, j’ai compris que je ne pouvais plus être compétitif. Tata Martino voulait m’aligner mais je lui disais: “Choisis-en un autre, ils sont meilleurs que moi.”

Tu sais ce que tu veux faire après? Directeur sportif? Entraîneur? Agent? Tout fait plutôt envie mais je dois me former. J’ai fait la formation pour devenir directeur sportif et maintenant je m’attaque à celle d’entraîneur. Je vais peutêtre me découvrir une vocation à laquelle je ne croyais pas!

Ta reconversi­on en tant qu’adjoint de Zubizarret­a (alors directeur sportif du club, ndlr) n’a pas duré longtemps. À quel moment as-tu compris que ça ne fonctionna­it pas? Lors de mon premier jour au bureau, je me suis senti bizarre et quand au mois de novembre, je ne me sentais pas bien, j’ai dit au président que je voulais partir. En décembre, je l’ai annoncé à Zubi et après, il s’est passé ce qu’il s’est passé (suite à une défaite face à la Real Sociedad et à une campagne de recrutemen­t jugée catastroph­ique, Zubizarret­a est limogé début 2015).

Finalement, vous partez le même jour… C’est une erreur de la part du club. Tout était prêt de mon côté pour l’annoncer le 2 janvier, alors que ça avait déjà été repoussé plusieurs fois. Moi je n’avais aucun souci à donner les raisons de mon départ, mais le club m’a dit que ça ne pouvait pas être la première nouvelle de l’année. Je leur ai demandé s’ils comptaient virer Zubi et ils m’ont dit que non.

Pourtant ils l’ont fait. Je n’ai pas aimé. Encore moins la façon dont ils l’ont fait. C’était inimaginab­le que je l’apprenne via les réseaux sociaux. Je me suis senti très mal.

Après la défaite face à la Sociedad, tu te disais que la saison était terminée? Non. Bon, de là à dire que le club allait faire le triplé… Mais l’équipe était bien. La saison qui arrive sera sur la même dynamique. Il y a une très grosse équipe.

Se souviendra-t-on de ce Barça comme celui de Lionel Messi? Oui. Il est tellement au-dessus de tous les joueurs que j’ai pu voir. C’est un extraterre­stre. Il est encore plus fort aujourd’hui qu’il y a quatre ans parce qu’il lit mieux le jeu. Il est imparable.

Même toi tu n’as jamais réussi à l’arrêter? Je me souviens avoir essayé lors d’une petite opposition à l’entraîneme­nt, un contre un. Je me suis dit: “Bon, on va voir si j’en suis capable”, et ça a été l’humiliatio­n. Pep m’a dit: “Carles, ne me le blesse pas.” Je lui ai répondu: “Si tu ne veux pas qu’il arrive quoi que ce soit, arrête l’entraîneme­nt.” J’ai tout essayé, il m’a dribblé à chaque fois. Il va à une vitesse qui nous dépasse.

“À l’entraîneme­nt, en un contre un, je me suis dit: ‘On va voir si je peux arrêter Messi’, et ça a été l’humiliatio­n”

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Chien d’eau.
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