So Foot

Manuel Pellegrini.

- Par Felipe Vial et Alejandro Cisternas Pour El Mercurio – CHILI

Prolongé à la surprise générale, l’entraîneur chilien de Manchester City a décidé de se refaire une image, tout en punchlines et “moi je”.

Loué pour sa discrétion sur et hors des terrains, le coach chilien de Manchester City, Manuel Pellegrini, a décidé de casser son image. Et de verser dans l’ego-trip.

Qu’est ce qui a manqué à Manchester City pour réaliser une meilleure saison? De l’ambition et de la rigueur. Peut-être que les succès de la saison précédente ont créé un relâchemen­t. Je suis le premier responsabl­e parce que je dirige ce groupe. Ce n’est pas une excuse mais je ne vois pas pourquoi nous aurions dû être les favoris alors que Chelsea, Liverpool, Arsenal et United ont pu dépenser autant qu’ils voulaient sur le marché des transferts (City avait été pénalisé par le fairplay financier, ndlr). Le moment où tu as le plus besoin de te renforcer, c’est juste après avoir été champion…

De quoi a besoin City pour s’améliorer sur la scène européenne? On a besoin d’améliorer l’effectif. Pas juste pour gagner des titres, mais pour aller plus haut. Face au Barça, c’était criant (1-3 sur les deux matches en huitièmes). Il y a encore un énorme écart entre nous et les grands clubs d’Europe. On fait en sorte de la raccourcir, sur le terrain et dans les bureaux. Pour la saison à venir, je veux gagner avec un jeu attractif parce qu’il y a manière et manière de gagner.

Considérez-vous être au sommet de votre carrière? Je suis heureux de ce que j’ai accompli parce que j’ai progressé étape par étape, au Chili, en Équateur, en Argentine, et puis quand je suis parti à Villarreal, le contrat qu’on me proposait représenta­it la moitié de ce qu’on m’offrait au Mexique. Mais j’ai toujours eu l’ambition de triompher en Europe.

Vous avez déclaré que les sélectionn­eurs devaient être de la même nationalit­é que la sélection qu’ils dirigent. Pourquoi? Ça devrait même être un règlement de la Fifa. Puisque c’est le cas pour les joueurs, pourquoi ça ne le serait pas pour les sélectionn­eurs? Les sélections reflètent la réalité de chaque nation. C’est pour cette raison que tous les membres d’une sélection, des joueurs au staff doivent être de la même nationalit­é. Moi, par exemple, ça me ferait une peine immense de devoir diriger une sélection contre le Chili.

Vous vous sentez suffisamme­nt reconnu au Chili? Oui, énormément. Surtout depuis mon passage au Real Madrid. J’ai gagné huit ou neuf titres dans ma carrière, j’ai changé la façon dont on entraîne en Argentine ou en Espagne. J’ai changé la manière de jouer, en utilisant des milieux relayeurs plutôt que des milieux fixes. D’ailleurs la sélection espagnole s’est mise à jouer de cette façon juste après.

Il se dit que la Roja vous a repris d’autres trouvaille­s tactiques. C’est vrai? Oui. Villarreal jouait d’une façon absolument différente de toutes les équipes de Liga. En Espagne, on plaçait des attaquants sur les cotés pour qu’ils fassent des allers-retours. Moi, j’ai positionné des milieux mobiles qui produisent des espaces. C’était un système destiné à utiliser les espaces créés par le mouvement des joueurs, et que j’ai lancé en Argentine. Résultat: San Lorenzo (que Pellegrini a entraîné lors de la saison 2001-02) est l’équipe qui a le plus gagné de l’histoire, en marquant le plus de buts et en étant admirée de tous (il a obtenu le plus grands nombres de points de l’histoire du championna­t argentin, 47, et le plus grand nombre de victoires consécutiv­es, 13).

Ça vous fait plaisir qu’on vous reconnaiss­e pour ces succès? Ce que j’ai fait à Villarreal, c’est bien plus fort qu’un titre de champion: je suis arrivé là-bas et j’ai réussi ce que personne n’avait réussi et que personne ne réussira plus jamais. À Malaga, j’ai réussi ce que personne n’avait réussi. À San Lorenzo, j’ai réussi ce que personne n’avait réussi. Je vais au Real Madrid et je réalise la meilleure campagne de son histoire en championna­t jusqu’alors mais je ne gagne pas de titre (96 points sur 114 possible, 2e au final à 3 points du Barça). J’ai réalisé des choses que personne n’avait faites avant moi. Est-ce dû au hasard?

Vous obtenez un record avec le Real, mais vous êtes face au meilleur Barça de l’histoire. Face à Dortmund, avec Malaga, vous encaissez un but non valable. Face à Arsenal, en demi-finales retour de ligue des champions avec Villarreal, Riquelme manque son penalty. Vous croyez à la malchance? Tout dépend comment on se place. Moi j’aurais adoré arriver en demi-finales de ligue des champions avec Malaga, que Riquelme marque ce penalty et être champion avec le Real Madrid. Mais j’ai aussi adoré obtenir neuf titres et travailler dix ans en Europe, pour moi ça vaut la même chose. J’essaie de rationalis­er alors non, je ne crois pas en la malchance mais en la constance qui, bien souvent, n’est pas valorisée.

“J’ai changé la façon dont on entraîne en Argentine ou en Espagne”

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Manu le Malin.
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