So Foot

“Ma plus grosse erreur: avoir laissé partir Pirlo”

- Par G.B. Olivero Pour La Gazzetta dello Sport – ITALIE

Sur ses 71 ans, Adriano Galliani en a passé trente au Milan AC. Où il exerce désormais son boulot de vice-président comme si ce n’était pas un travail. Avec passion donc, mais sans smartphone: le bougre se sert encore d’un téléphone à clapet.

RQue vouliez-vous devenir lorsque vous étiez enfant? Président du club de foot de Monza, la ville où je suis né. J’étais fou amoureux de foot, mais je n’avais pas les qualités pour devenir footballeu­r.

Et que voudriez-vous faire plus tard? Comme disait Humphrey Bogart dans Casablanca: “Je ne fais jamais de plan en avance.” Mais ça me plairait de m’occuper encore du Milan. Et ensuite, je m’en irai sur une plage à Rio.

Il y a un peu moins de deux ans, vous aviez annoncé votre démission… Encore Humphrey Bogart: “Je ne me souviens pas, trop de temps a passé.”

On dit que vous êtes resté à Milan parce que vous auriez bénéficié d’une prime de départ trop coûteuse pour le club… C’est une vacherie. Je ne suis pas un employé du Milan, mais un administra­teur. Et un administra­teur n’a aucune prime de départ quand il s’en va.

Il paraît que vous ne voulez pas d’un directeur sportif influent au Milan. Je ne vois pas le problème. C’est mon trentième mercato estival. J’ai une telle base de contacts que je crois être en mesure de gérer le mercato du Milan. Il y a aussi le responsabl­e des recruteurs de l’équipe première, Rocco Maiorino, avec moi. Je décide avec l’entraîneur, en suivant aussi les conseils du président. Et Ariedo Braida (directeur général du Milan AC, ndlr) a tout de même été directeur sportif de 1986 à 2013.

Quels sont vos rapports avec Paolo Maldini? Pourquoi ne travaille-t-il pas pour le Milan AC? Nos rapports sont bons. Paolo est la légende du Milan. Je n’ai jamais eu de problème avec lui et il n’y a aucune prescripti­on à son sujet. Je lui avais offert la direction du secteur jeune avec beaucoup d’autonomie, mais il a refusé.

Quelle est la plus grosse erreur que vous ayez faite? Laisser partir Pirlo. Une erreur partagée avec d’autres. Ne me demandez pas qui… Quel est le onze type de vos trente années au Milan? Rossi – Tassotti, Costacurta, Baresi, Maldini – Rijkaard, Pirlo, Seedorf – Kaka – Gullit, Van Basten. Sur le banc: deux attaquants, Chevtchenk­o et Inzaghi. Entraîneur­s: Sacchi, Capello, Ancelotti.

Mihajlovic est-il le bon choix pour ouvrir un nouveau cycle? Le choix de Mihajlovic est un signal de rupture avec le passé récent. Il a toutes les caractéris­tiques qui serviront à Milan. Il me rappelle Capello.

Pourtant, vous avez tenté d’aller convaincre Ancelotti à Madrid, alors que, clairement, c’était sans espoir. Ce n’était pas sans espoir. Ancelotti était très tenté par un retour à Milan. La principale raison pour laquelle il a refusé est l’opération qu’il a subie et qui l’a obligé à observer deux mois d’arrêt.

Ce Milan peut-il lutter pour le scudetto? On est capables de lutter avec les autres grandes équipes pour les trois premières places. C’est un Milan qui a profondéme­nt changé: entraîneur, staff technique, système de jeu, dix nouveaux joueurs entre recrues, retours et promotions en équipe première.

Bacca et Luiz Adriano réussiront-ils à coexister? Lors d’un dîner à Arcore (où se trouve la fameuse villa de Silvio Berlusconi, ndlr) avec le président et Mihajlovic, le système de jeu a été choisi d’un commun accord: un 4-3-1-2, celui de l’histoire du Milan de Sacchi à aujourd’hui. Nous avons choisi d’avoir deux attaquants de surface, Bacca et Luiz Adriano, de reculer Ménez en 10.

Combien de fois avez-vous dû user de votre diplomatie pour calmer Berlusconi? Avec le président, j’ai un rapport antérieur au football qui remonte au 1er novembre 1979. Depuis ce jour, nous sommes en pleine harmonie. On se parle beaucoup, depuis toujours. À la fin de nos échanges, nous sommes d’accord. Le président est démocratiq­ue, il n’impose pas son autorité mais cherche à me convaincre de son raisonneme­nt.

Vous ne direz jamais une parole négative sur Berlusconi, mais il a bien un défaut… Tout le monde en a… Mais je crois qu’il en a moins que les autres. Il est infiniment meilleur que celui qui est décrit par la presse et par ceux qui ne le connaissen­t pas.

Sur une échelle de 1 à 10, à quel point avez-vous profité de la vie? Je n’aime pas le terme “profiter”, mais je pense avoir bien vécu.

Sur une échelle de 1 à 10, à quel point estimezvou­s vous y connaître en football? Le football est comme la religion. Il a des mystères joyeux et des mystères douloureux. Je n’ai pas encore compris, après trente ans, ce que signifiait comprendre le football.

Sur une échelle de 1 à 10, à quel point avezvous été sincère lors de cette interview? 10.

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Imitation de Jacques Chirac.
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