So Foot

“Pourquoi Cristiano devrait-il forcément être un chouette type?”

- Propos recueillis par Vincent Berthe / Photos: Isabel Pinto et Panoramic

S’il ne compte pas parmi les 156 000 socios de Benfica, Antonio Zambujo n’en est pas moins un Benfiquist­a patenté. Le jeune chanteur, qui oeuvre au retour en vogue du “blues

du Portugal”, vit le foot avec la même distance dont il fait preuve à l’égard du fado: exempt de mélancolie et joliment ironique. Il s’agirait ainsi de foutre la paix une bonne fois

pour toutes à l’ego de Cristiano Ronaldo…

Une relation compliquée. Mon père a dû vite se faire une raison: son fils n’avait aucun talent avec un ballon. Gamin, j’allais bien aux entraîneme­nts en club mais je n’ai jamais fait un seul match officiel. Le coach n’a jamais osé tenter l’expérience. Je me rattrapais sur les parties de rue entre potes, celles où tu rejoues indéfinime­nt les grands matchs. Comme j’étais assez costaud, je faisais office de gardien ou de défenseur central. Le poste classique du mec qui n’a pas de ballon mais compense en mettant le pied haut ou en foutant des coups. Il m’arrivait même de coller des buts, presque par erreur…

Tu supportes Benfica parce qu’il n’y a aucun grand club dans ton coin? C’est plus une histoire de famille, cela vient de mon père. Lisbonne, ce n’est pas loin. Mais, à Beja ou dans l’ensemble de ma région, l’Alentejo, le FC Porto compte aussi beaucoup de supporters. Comme dans tout le pays d’ailleurs… À l’étranger, ils ne connaissen­t désormais que ce club. Qui parle de Benfica aujourd’hui? Pourtant, jusqu’à la fin des années 80, c’était nous la grande équipe du pays, celle d’Eusebio. Mais c’était avant de voir Porto tout rafler dans les années 1990 et 2000.

Comment expliquer une telle domination? À Porto, ils sont mieux organisés et savent surtout faire les bons choix. C’est simple, ils ont Jorge Nuno Pinto da Costa, le plus grand président de la planète. Nous, on a eu le pire: Manuel Damasio, un imbécile notoire qui avait pour seul mérite d’avoir de l’argent. Il débarque après le titre de 1994, ne reste que trois saisons, et ça fait vingt ans qu’on essaie de s’en remettre… Ses successeur­s furent à peine meilleurs. Hulk aurait pu signer à Benfica, on l’a laissé filer. Idem pour Falcao, Lucho Gonzalez, Lisandro Lopez… Pendant ce temps, Porto signe Jackson Martinez, juste après le départ d’“El Tigre”. Tout est dit. Quant à nos jeunes, on cède les meilleurs tous les ans. Inlassable­ment. Et de manière pas si étonnante…

C’est-à-dire? Durant des décennies, le FC Porto n’était le club que d’une région, au contraire des équipes lisboètes. Venant de la capitale, elles

“Petit, je faisais office de gardien ou de défenseur central. Le poste classique du mec qui n’a pas de ballon mais compense en mettant le pied haut ou en foutant des coups”

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Et sur le terrain?

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