So Foot

James McAvoy.

Dans le dernier film de Night Shyamalan, Split, James McAvoy se démultipli­e vingt-trois fois. Mais en réalité, l’acteur écossais préfère parler du rôle de sa vie: celui de supporter du Celtic Glasgow.

- Propos recueillis par Brieux Férot / Photo: SNS Group/Iconsport PAR BF

À l’affiche du dernier film de Night Shyamalan, l’acteur écossais évoque le rôle de sa vie: celui de supporter du Celtic Glasgow.

Tu as joué sous les ordres de José Mourinho, qui avait gagné la coupe de l’UEFA 2003 avec Porto face à ton équipe de coeur, le Celtic… J’ai chialé toutes les larmes de mon corps après cette finale. Et plus tard, je me suis effectivem­ent retrouvé à un match de bienfaisan­ce pour l’Unicef à Old Trafford sous ses ordres: l’Angleterre contre le reste du monde. La plupart des mecs sont venus juste pour le match. Sauf que José a voulu qu’on s’entraîne pendant cinq jours!

Sérieuseme­nt? Grave. Il y avait Clarence Seedorf, Edgar Davids, Van der Sar, Del Piero, des célébrités australien­nes et américaine­s très lentes, et moi! Il nous parlait beaucoup: “Les gars, vous savez frapper la balle, marquer des buts… Mais tout ça, ça ne marche que si on a la balle. Je vais vous apprendre à récupérer la balle, à la garder et à défendre cette semaine!” Toute la semaine, il a pris individuel­lement des nuls et leur a appris comment se placer, comment défendre… Moi, au début, je ne revoyais que cet enfoiré qui avait piqué la coupe d’Europe, mais il était avec moi, il me gueulait dessus, c’était fou. Surtout, José m’a appris à tricher! Il m’a conseillé de rester dans le rond central et de faire semblant d’être blessé pour gagner trois minutes en fin de match. Alors j’ai simulé et je me suis traîné comme une merde…

Et? Et Jamie Redknapp, qui jouait pour l’Angleterre, est devenu tout rouge et m’a insulté: “Fuck you! T’es écossais, je suis sûr que t’as parié sur ce match, enfoiré!” J’en rajoutais, c’était trop bon. Le foot, c’est ça. Gamin, je pensais que c’était cool d’être joueur, mais après ces cinq jours, je n’ai eu aucun regret: tu passes ton temps à attendre, tu ne peux pas te surentraîn­er car ça ne sert à rien, donc tu fais quoi de ta vie? Si tu n’es pas titulaire, tu t’entraînes pour rien, c’est super frustrant. Je comprends pourquoi les mecs jouent aux jeux vidéo. Après, il n’y a rien de plus déprimant qu’un joueur de 34 ans qui joue à Fifa.

As-tu des amis dans le foot? Neil Lennon (ancien joueur et entraîneur du Celtic, ndlr), oui. Il a arrêté sa carrière en disant qu’il n’était plus prêt mentalemen­t, qu’il était dépressif, mais il est très fort. Mon premier souvenir de Old Firm (le derby contre les Rangers, ndlr), c’était avec mon père, j’avais 5 ans! On est allé au Dolphin Bar puis au stade. À l’intérieur, on était bloqués, on chantait, on criait. J’étais terrorisé. Le seul moyen de kiffer le Old Firm, c’est de le gagner… En parlant du Celtic Park, le truc le plus drôle que j’ai entendu là-bas, c’est un type qui n’arrêtait pas de se lever et le mec derrière lui a dit: “C’est quoi ton boulot? Pénis en érection?” Ton joueur préféré dans l’histoire du Celtic? Lubomir Moravcik me rendait fou. C’était un magicien, ce mec. J’ai joué avec lui pour un autre match de bienfaisan­ce au Celtic Park. Quelqu’un a fait faute dans la surface sur lui… Stiliyan Petrov s’est dirigé pour tirer le penalty, mais le capitaine John Hartson a dit que ce serait moi le tireur. J’ai marqué d’une frappe en rupture devant trente mille personnes, mais j’étais en état de choc, je ne montrais rien. Et puis John m’a regardé en gueulant et en serrant ses poings comme si on venait de battre les Rangers, il a m’a pris dans ses bras! Sur le coup, j’étais à l’ouest, mais cinq minutes plus tard, j’ai pris conscience de ce que j’avais fait, alors j’ai fait la roue. En plein match…

Le Celtic est traditionn­ellement le club catholique de Glasgow. Quel est ton rapport à la religion?

Dans mon cas, catholique, ça veut d’abord dire être solidaire avec les pauvres, ce genre de trucs… J’ai quelques potes catholique­s avec qui j’ai grandi qui supportent les Rangers, néanmoins. Le club s’est créé comme une action de bienfaisan­ce à destinatio­n des Irlandais. Traduction: il y aura toujours un gamin tout blanc et tout roux au premier rang du Celtic Park! On avait un gardien, Artur Boruc, le “Holy Goalie” (le “saint gardien” en français, ndlr) comme on l’appelait. Lui, son truc, c’était de se balader sur le terrain avant le match avec son teeshirt “Dieu prie pour le pape!”. On a une identité, on se bat pour cela même si on ne sait pas qui on est. Car quand il s’agit de compétitio­n internatio­nale, beaucoup se voient comme Britanniqu­es, arborent l’Union Jack, mais loin du foot, c’est plutôt: “J’emmerde les Britanniqu­es!”

À voir: Split, de M. Night Shyamalan. En salles le 22 février.

“Au Celtic Park, un type n’arrêtait pas de se lever. Alors le mec derrière lui a dit: ‘C’est quoi ton boulot? T’es un pénis en érection?’”

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