So Foot

“On m’assassinai­t à tous les matchs”

- Par Joan Domenech pour El Periodico – ESPAGNE

Depuis qu’il a raccroché les crampons et qu’il s’est éloigné de la coke et de Diego Maradona, Claudio Caniggia s’est reconverti dans l’immobilier à Marbella, en Espagne. Comme quoi, les vieux rockers ne meurent jamais. Ils évoluent.

Il y a encore de l’émotion, mais pas autant qu’à mon époque. Avant, il y avait plus de folklore, tout était plus naturel, le footballeu­r était plus humain. Là, ils sont dans une bulle, ils communique­nt via Facebook ou Twitter… Mon fils passe des heures sur sa Playstatio­n et je n’aime pas ça. Tout est contrôlé, protégé. Les agents sont devenus fous aussi: ils pensent tous représente­r la poule aux oeufs d’or.

VParfois je regarde un match et je me dis que j’aimerais bien le disputer. Ce qui est moche, c’est d’arrêter sur une blessure ou parce qu’on ne veut plus de toi. Ça n’a pas été mon cas puisque j’aurais pu revenir sur les terrains plusieurs fois: après deux mois d’inactivité, on m’a appelé pour me proposer des ponts d’or. Si le football chinois avait existé à mon époque, je serais peut-être allé là-bas à la nage.

Boca Juniors. Petit, j’écoutais leurs matchs à la radio parce que nous n’avions pas la chance d’avoir la télévision. Le paradoxe, c’est d’avoir débuté en pro avec River. Un concours de circonstan­ces. À Henderson, le bled où je suis né, le membre de la peña locale de River avait insisté auprès de mon père pour que je fasse des tests chez eux. J’y suis resté. C’était la grande époque de River.

Il y en a qui ont joué au Barça et au Real, mais ce n’est pas pareil puisque ce sont deux villes différente­s. Quand je suis revenu en Argentine pour signer à Boca, les gens n’ont pas compris mon choix. Ils ne l’acceptaien­t pas. Avant les clasicos, je me faisais insulter dans la rue, en voiture et même aux terrasses des cafés. Il y a encore des gens qui continuent de me reprocher d’avoir joué pour les deux clubs, même si la majorité des Argentins se rappelle surtout de mes performanc­es avec la sélection. C’est mieux comme ça.

J’imagine que ça lui fait mal, mais on a l’impression que ça ne l’affecte pas. C’est un type assez froid, et dans son cas, c’est plus une vertu qu’un défaut. On ne peut pas exiger qu’il fasse tout, tout seul. Au Barça, il n’est pas obligé de participer à chaque action, l’équipe tourne très bien sans lui. En sélection, c’est différent. Ce ne sont pas les mêmes joueurs. Ils courent d’une manière différente, ils centrent d’une manière différente, ils ne pensent pas pareil, ils ne lèvent pas non plus la tête de la même façon…

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