Ronnie le Rossonero.
Avant de rentrer se la couler douce au Brésil, Ronaldinho a vécu la dolcevita pendant deux saisons et demie chez les Rossoneri. Un transfert en forme de coup de foudre de Silvio Berlusconi pour le Brésilien, qui ne sera jamais vraiment consommé, alors mêm
Caprice de Berlusconi, l’arrivée de Ronaldinho a surtout marqué le début de la fin du grand Milan AC… Et les débuts des bunga-bunga.
En 2008, Silvio Berlusconi déploie la tente de son grand cirque médiatique sur l’Italie pour retrouver le trône de président du conseil, poste qu’il a déjà occupé à deux reprises, quelques mois en 1994 puis de 2001 à 2006. Le show est bien rodé et l’animal politique mène tambour battant une campagne électorale où s’entrecroisent injections de botox, poignées de mains, blagues douteuses, sorties démagogues et Milan AC. Un numéro connu de tous. Alors pour éviter le sentiment de déjà-vu, Il Cavaliere met une droite à la gauche locale en dégainant une promesse électorale aussi sexy que ses présentatrices télé: Ronaldinho. Une énième version de l’opium du peuple qui permet au magnat italien de fanfaronner comme jamais après sa victoire aux élections. “Lors de ma campagne électorale, que ce soit au nord, au centre ou au sud, tous mes partisans, et parmi eux les Milanisti, me demandaient deux choses: les libérer des communistes et acheter Ronaldinho. J’ai fait les deux.” Grand perdant de ces législatives, le Romain Walter Veltroni, candidat centre-gauche du Partito Democratico, a du mal, encore aujourd’hui, à s’avouer qu’il a été victime d’un ballon d’or lors de ces élections. “Ce qu’il a fait avec Ronaldinho, il l’avait déjà fait avec Alessandro Nesta. Mais justifier ma défaite par les recrues qu’il promettait aux supporters du Milan serait une exagération, philosophe celui qui a repris son travail de journaliste sportif à la rédaction du Corriere dello Sport. Les raisons sont plus profondes, à dénicher dans l’histoire de ce pays, dans la place que Berlusconi a réussi à occuper avec la fin des partis classiques. Il est arrivé avec un modèle de leadership dans lequel la démagogie est en quelque sorte intrinsèque. Ronaldinho, c’est un élément supplémentaire, mais ce n’est pas le fond du problème. Les gens qui votent Berlusconi parce qu’il a recruté une star représentent une minorité. Enfin je l’espère, parce que renforcer le consensus via un club de foot, c’est un type de leadership qui s’est déjà manifesté en Argentine et avec Bernard Tapie...”
Un échange Kaka-Ronaldinho
Dans la nébuleuse Berlusconi, médias, télévision et politique sont étroitement liés: du Ronaldinho, les Italiens en ont ainsi bouffé à toutes les sauces pendant la campagne électorale. Loin d’être anodin selon Luca Serafini, quatorze ans de boîte chez Milan Channel, la chaîne officielle du club, avant de claquer la porte. “C’est un sujet qui était abordé lors des réunions de Forza Italia (le mouvement politique
de Berlusconi, ndlr), j’en ai été témoin. Certains affirmaient qu’un Milan perdant suscitait de la sympathie et qu’il ne fallait pas investir, d’autres qu’un Milan victorieux ramenait les voix des Milanisti. Il y avait des études très sérieuses sur l’impact que tout cela pouvait
avoir sur les votes.” Alors juste après avoir atteint des sommets en 2007, lorsque le club remporte sa septième ligue des champions, Silvio fait évidemment un peu de récupération politique et décide de faire du dossier Ronaldinho un feuilleton en plusieurs épisodes. Peu importe que le Brésilien soit en détresse à Barcelone. Le vice-président du club Adriano Galliani, qui gère habituellement les opérations sportives en coulisses, laisse même sa place à son patron. Comme d’habitude avec le prédateur italien,
“Lors de ma campagne électorale, les Milanisti me demandaient deux choses: les libérer des communistes et acheter Ronaldinho. J’ai fait les deux” Silvio Berlusconi