So Foot

Chic type.

- PAR THOMAS ANDREI, AVEC STEVEN OLIVEIRA / PHOTOS: DR

Robson de Oliveira est le sosie de Ronnie. Alors, bénédictio­n ou malédictio­n? Réponse avec l’intéressé.

Ado, Robson de Oliveira aurait probableme­nt troqué ses grandes dents contre un sourire plus hollywoodi­en. Histoire de plaire aux filles. Aujourd’hui, c’est entre autres grâce à sa dentition qu’il est sorti de la pauvreté, gagne sa vie et drague, comme sosie à temps plein de Ronaldinho. “J’ai plus de succès depuis que je suis son sosie, c’est logique. J’ai même réussi à choper cinq filles en une soirée!” José Robson Batista de Oliveira, sosie à temps plein

Mercredi 11 juin 2014, l’Argentine est à quatre jours de son entrée en lice en coupe du monde face à la Bosnie. L’Albicelest­e s’entraîne devant des milliers de fans et de journalist­es à l’Estadio Independen­cia de Belo Horizonte, antre habituel de l’Atlético Mineiro, où Ronaldinho évolue depuis deux saisons. Alors que les joueurs d’Alejandro Sabella se divisent en petits groupes pour une session de tennisball­on, la foule, bouillante, déborde sur le terrain. Parmi la douzaine de fanatiques, un homme, pieds nus, en long short de bain, tenue du Mineiro et bandana sur le front, met un genou à terre et attrape la main de Lionel Messi, hilare et incrédule. José Robson Batista de Oliveira ressemble tellement à Ronaldinho que son ancien coéquipier du Barça le prend pour la version originale: “Lorsque Messi m’a vu, il était choqué parce qu’il pensait que j’étais le vrai Ronaldinho. Il m’a remercié de m’être agenouillé puis m’a dit que je n’avais pas vraiment besoin d’envahir le terrain pour le voir.”

“Il m’a dit que j’étais moche”

Trois ans plus tard, dans un quatrepièc­es confortabl­e de la petite ville de Cantagalo, dans l’État de Rio de Janeiro, le meilleur sosie d’Amérique latine revient sur son coup d’éclat. Une rencontre qu’il décrit comme “très émouvante”. Elle est pourtant brève. Au bout de six secondes, un homme en costume l’attrape avant de le dégager de l’enceinte du stade. “C’était un moment totalement fou, s’esclaffe encore Robson. Je dis à un ami que je vais sauter. Il me dit de ne pas le faire car je risque de griller mon image. Mais je n’ai rien voulu savoir, j’ai sauté et j’ai couru vers Messi. Tous les joueurs de la sélection argentine se sont mis à rigoler et sont venus vers moi.” Si les potes de Robson s’inquiètent de son image, c’est parce que cette ressemblan­ce avec l’ancien du PSG est son gagne-pain. Mieux, en touchant en moyenne 1400 euros par mois, elle lui a permis de sortir de la précarité. “J’ai grandi à Maceio, dans l’État de l’Alagoas. J’ai eu une enfance très pauvre dans le quartier de Fernão Velho, explique-til. J’ai une soeur, Roseane, et un grand frère, Gilvado. Il tenait une petite boutique de fringues et c’est lui qui m’a élevé. Ma mère a eu un autre mari et ne vivait pas avec nous.” Après le lycée, alors que Ronaldinho finit sa première saison avec le Barça, Robson, 20 ans, gagne ses premiers reais en tant qu’éducateur dans une école de foot locale. C’est alors qu’un ami lui fait remarquer la ressemblan­ce. Robson y voit l’opportunit­é de changer de vie, se laisse pousser les cheveux, achète un bandana et commence à exhiber son nouveau look en soirée. Vite remarqué, il est appelé pour des fêtes d’entreprise­s, des soirées en boîte, des anniversai­res… En juin 2013, à la boutique officielle de l’Atlético Mineiro, Robson rencontre même Ronnie, présent pour un événement de sa marque, R10. “Je n’étais pas stressé, juste content, narre-t-il. Il est venu me parler dix secondes et s’est moqué de moi en me disant que j’étais moche. Sur le ton de la rigolade, bien sûr!”

Des problèmes avec les supporters

Lorsqu’on le questionne sur ses rapports avec sa version originale, Robson se fait humble, comme s’il ne voulait pas en faire tout un plat: “Ma relation avec lui est normale, nous parlons des choses de la vie, de fête, de filles. Comme avec un ami.” Normale, la vie de Robson ne l’est plus vraiment. Comme le génie de la Seleção, le sosie s’éclate. “Ça m’arrive souvent de me faire passer pour lui. Lorsque l’Atlético a remporté le championna­t du Minas Gerais en 2013 devant Cruzeiro, il y avait une fête avec plusieurs joueurs du club. J’y suis allé pour voir Ronaldinho, mais il n’était pas là, alors je l’ai remplacé.” Histoire de bien rentrer dans le

personnage, Robson partage avec son modèle un goût prononcé pour les filles et les sorties: “Quand je vais en boîte de nuit, j’ai toujours une table pour moi, gratuiteme­nt. Les femmes viennent me voir, pensant que je suis vraiment Ronaldinho. J’ai plus de succès depuis que je suis son sosie, c’est logique. J’ai même réussi

à choper cinq filles en une soirée!” Forcément, ce nouveau mode de vie déclenche son lot d’incompréhe­nsions. Notamment avec ceux

qu’il appelle désormais “ses anciens amis”: “Je me souviens que l’un d’eux m’avait dit que je ne serais jamais célèbre. C’est peut-être pour leur prouver qu’ils avaient tort que je me suis

lancé à fond dans l’aventure et que je suis devenu ce que je

suis aujourd’hui.” Dans la rue, avec les étrangers, être sosie de Ronaldinho n’est pas non plus toujours facile. Robson grimace en évoquant les supporters de Flamengo: “Quand Ronaldinho jouait mal, ils étaient très énervés. Ils me traitaient de mercenaire et d’alcoolique. J’ai eu quelques problèmes.”

Vieillesse et chirurgie esthétique

L’ancienl’assure cependant:éducateur de ça Maceiovaut largement qu’habituelle­ment,le coup. D’autantles réactions plus sonts’est jamais positives. moqué “Personnede moi. ne La plupart des gens qui me croisent sont émus. C’est des choses que je ne pourrais pas expliquer.” Pas plus qu’il n’explique sa ressemblan­ce irrationne­lle avec son compatriot­e footballeu­r. “Je n’ai jamais fait aucune chirurgie esthétique, assuret-il, lui qui réside au pays des Pelé du bistouri. Je n’en ai pas les moyens. Je suis né avec cette ressemblan­ce qui est un peu de famille, puisque mon cousin aussi a des airs de Ronaldinho.” Aujourd’hui âgé de 33 ans, Robson a pleinement conscience de sa chance. Il le dit fièrement: “Je vis un véritable rêve.” Un rêve qui prendra probableme­nt fin un jour ou l’autre. Mais, là

encore, Robson de Oliveira semble prêt: “Je ne pense pas que je vieillirai de la même manière que Ronaldinho, alors il est évident que je ne serai pas son sosie toute ma vie. Mais je compte bien profiter de cette situation jusqu’au bout.”

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Le sein Graal.
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On t’a reconnu Vincent McDoom.

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