So Foot

Luis Suarez Miramontes

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Ballon d’or 1960

“Le football, c’est un peu comme si un jour tu allais au cinéma et que tu ressentais de l’admiration devant la performanc­e d’un acteur. Mes acteurs à moi, c’était mes frères. Ils avaient huit et neuf ans de plus que moi. Quand je les ai vus faire ce qu’ils faisaient avec un ballon, j’ai eu envie de faire la même chose. Tu cherches toujours à imiter tes idoles. Pourtant, mon père était charcutier de profession, et le football, il n’en avait rien à faire. Nous étions dans l’aprèsguerr­e, le plus important était de faire tourner la boutique. Quand mon père et mon grand-père me voyaient jouer, je devais leur apprendre les règles (rires)! Ma mère, elle, ne comprenait pas toute cette agitation autour de moi. Quand les clients lui parlaient de mes matchs à la boucherie, elle disait toujours qu’elle ne savait rien de mes performanc­es car elle avait assez à faire avec le travail (rires)! J’ai eu un fils, et il est devenu biologiste, il n’a jamais joué au football! Les deux fils de mon frère ne jouent pas au football, et les fils de ses fils non plus… Mais pour moi, c’est toujours là, présent. Quand tu as joué à haut niveau, comme moi, tu ne vois pas les matchs comme tout le monde, tu les vois un peu ‘de l’intérieur’. C’est pour ça que j’aime les regarder seul, à la maison. De cette façon, je peux analyser un match de manière plus précise. Parfois, je me mets même à parler avec la télé. Ma femme, qui fait autre chose dans la pièce d’à côté, me demande à qui je parle. Quand je lui dis que je parle à la télé parce que je ne suis pas d’accord avec l’avis d’un commentate­ur, elle se met à rire. Voilà ce que j’appelle aussi la passion. Au stade, la chose est différente: il y a du monde autour, les gens parlent beaucoup… Moi, ce que je souhaite, c’est voir, scruter, observer, ne louper aucun détail. Cette passion ne me quittera jamais. Elle ne partira que lorsque je passerai dans l’autre monde.” – AD

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