So Foot

Alister

- – MC

Chanteur pour dames

“J’ai arrêté de jouer au foot quand j’avais 10 ans. En 1984, donc. J’étais pourtant censé avoir un petit talent de dribbleur (mais ‘aucun

démarrage’, selon mon daron). Les tacles par derrière, les blagues de vestiaire, les protège-tibias qui grattent, j’ai rapidement compris. Pas pour moi. J’ai fait du volley-ball, du coup. À la consternat­ion générale. De belles années dans les Hauts-de-Seine à faire des services flottants de pute. Mais c’est une autre histoire.

Maintenant, quand le printemps se réveille, je regarde toujours, avec magnanimit­é et affection, les diverses coupes du monde, championna­ts d’Europe et autres ligue des champions. Et ce, dès les quarts de finale. J’appelle alors le Domino’s Pizza le plus proche. Un garçon casqué arrive avec une Extravagan­zza et tout roule… C’est tout. Et c’est déjà rien.

J’y tiens au Pepperonni. Car le foot, c’est une promesse de jeune homme. Des roulés-boulés sur la moquette. Des bicyclette­s ratées sur le canapé. Des larmes inexplicab­les. C’est le PSG-Nantes en finale de la coupe de France en 1983. C’est la passe en retrait déchirée de Tigana à Platini en demi-finale de l’Euro 84 contre le Portugal. C’est Arconada qui se rate en finale du même tournoi. Et là, tu comprends pas mal de choses. Pas que du foot. De la vie. De toi.

Car, du coup, ça continue, tu gamberges… Que dire de ce coup de boule d’Amoros? Contre qui? Je ne sais plus… Je cherche. Je dirais Simonsen. Mais c’est Jesper Olsen, après vérificati­on www. Euro 84, donc. Mon climax footballis­tique personnel. Au Parc des Princes pour l’ouverture et la finale. J’habite encore à côté. J’y suis. J’y reste.

Pour décorer, peut-être un poster de France-Chypre 1980 (7-0, bordel!) chopé dans Onze, scotché sur le mur de ma chambre, pour des raisons assez obscures. Ou celui de Kevin Keegan dans celle de mon frère.

Le foot, c’est donc des souvenirs, mais aussi, et surtout, aujourd’hui, des discussion­s possibles avec n’importe qui dans n’importe quelle rue de n’importe quelle ville du monde. Avec ce rictus maçonnique qui dit: ‘On

se comprend.’ C’est pour ça, entre autres, que je reste informé des divers transferts qui agitent la Bundesliga. À part la musique, je ne vois pas beaucoup de sujets de conversati­on possibles avec un taxi londonien, par exemple.

Et, concomitam­ment, ultimement, éternellem­ent, le foot, c’est mon père qui rentre à pas d’heure après un France-Hollande quelconque de novembre 1981. L’impression que quelque chose d’important vient d’arriver.”

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