So Foot

Dragan Stojkovic

- – RB

Maradona de l’Est, devenu entraîneur en Chine

“Le sport me passionnai­t et j’étais bon dans tous les sports. Hand, basket… Mais le foot a toujours eu droit à la première place. Je pense que c’est parce que cette pelouse verte me faisait rêver. Courir dessus avec le ballon dans les pieds… C’est un plaisir difficilem­ent explicable de jouer sur une pelouse. Dans la rue ou à l’école, c’était du bitume, mais moi, je ne rêvais que de pelouse. De dribbler sur cette pelouse, d’être le plus fort sur cette pelouse. Et pourtant, ma première licence, je l’ai eue à 14 ans. C’est tard, hein? Avant, rien. Mes copains, avec qui je jouais au foot à l’école ou dans la rue, eux, ils étaient en club, au Radnicki Nis. Quand ils en revenaient, chaque fois, ils me disaient: ‘L’entraîneur nous a dit qu’on

était super forts, extraordin­aires.’ Bla-bla-bla, comme des ados, quoi. Moi, je me disais toujours que si leur coach leur disait ça à eux, qu’estce qu’il aurait pu dire de moi? Parce que j’étais dix fois plus fort qu’eux. Finalement, je me décide à aller voir cet entraîneur. Évidemment, dès le premier entraîneme­nt, je fais ce que je veux sur le terrain. À son boulot, mon père entendait: ‘Putain, y a un petit à Nis, comment il s’appelle… Pixie, ouais Pixie, il est extraordin­aire.’ Les gens ne connaissai­ent pas mon vrai prénom… Forcément, mon père a tiqué, Pixie, c’était mon surnom. Et un jour, il a fini par rappliquer à l’entraîneme­nt. J’étais à la fois surpris et apeuré. Il m’a juste dit ‘bonjour’. Il voulait voir le coach. ‘Bonjour, je n’ai qu’une seule question. Que pensez-vous de ce joueur-là?’ lui a-t-il demandé en me montrant du doigt. ‘Vous êtes qui?’ a demandé le coach. ‘Ce n’est pas important de savoir qui je suis, répondez juste à ma question.’ Là, l’entraîneur lui balance: ‘Ça fait bien cent ans que je n’ai pas vu un joueur avec un tel talent.’ Après, une fois sur la pelouse qui me faisait rêver, ce qui me donnait l’adrénaline, c’était le dribble, faire des choses différente­s des autres. Cette imaginatio­n que m’offrait le foot, faire quelque chose avec tes pieds que tu imaginais avant dans ta tête, ça me plaisait énormément. Quand, par exemple, je faisais une talonnade, c’était une surprise pour tout le monde, pour le public comme pour mes copains qui étaient soi-disant plus forts que moi. Aujourd’hui, j’aime toujours regarder quelques matchs, les plus intéressan­ts, ceux dont tu sais qu’ils vont te donner du plaisir parce qu’il y a des grands joueurs sur le terrain, mais bon… La vérité, c’est que j’aime bien le foot, mais le monde du foot m’aime bien aussi. Parce que j’étais un artiste. Je jouais pour les supporters, pour donner du plaisir au stade et à mes coéquipier­s. Je n’ai jamais joué pour moi-même, je n’ai jamais été égoïste, j’ai toujours joué pour le bien de l’équipe. Le foot m’a beaucoup donné, mais je crois que je lui ai pas mal donné aussi, non?”

 ??  ?? Après ton premier plat épicé en Chine.
Après ton premier plat épicé en Chine.

Newspapers in French

Newspapers from France