So Foot

Ramzy Bedia

- – FA

Acteur plutôt grand, parfois avec un petit

Tu es fan de foot et amoureux du PSG… Mais là, je l’ai un peu perdu, l’amour du foot. Je l’ai perdu le jour de la remontada. Quand Barcelone a battu le PSG 6-1. J’étais plein de rêves avec ce PSG, et puis qu’est-ce que je vois? Des mecs qui sont contents de battre des petites équipes de ligue 1, des gars qui valent 700 millions et qui sont contents de gagner contre des boulangers? Et puis on se prend une remontada mais on est contents de gagner la coupe de la ligue? Bah non. J’ai l’impression qu’on est des redoublant­s. Et il y a un truc qui me déprime: j’ai arrêté ma passion football à cause d’un argument qui me dégoûte: je ne retrouve plus le coeur… Ce coeur que j’ai senti jusqu’en 2006… Quand j’en parle avec des gamins, ils me disent: “Mais t’es malade, y a toujours autant de

coeur.” Je me demande si je n’ai pas vieilli… J’ai aimé le PSG quand on avait Bergeroo comme entraîneur, quand on achetait Semak, quand on avait Potillon, toute cette époque de merde. Et qu’on soit arrivés à cette époque mortelle, où on a l’équipe la plus folle qu’on ait jamais eue. Se prendre 6-1… Je me dis: “Putain, à quoi ça sert?” J’ai plus l’énergie pour supporter ça… Je ne vois plus que des mecs avec des coupes flippantes, je ne sais plus qui sont les joueurs. Et attention, hein, je ne suis pas dans le discours “ils sont trop payés”! Qu’ils soient trop payés, c’est génial, ce sont eux les artistes, il faut bien que l’argent de ce spectacle aille à quelqu’un, c’est le spectacle le plus regardé au monde… T’as des joueurs, tu vois bien que ce n’est pas l’argent qui les fait courir. Regarde Messi, regarde Ronaldo. Regarde Mbappé, tout l’argent qu’il a sur le cul, il est sublime. Mais il m’arrive dans le foot ce qui m’arrive dans le hip-

hop. J’aimais le rap français de NTM à IAM en passant par Ideal J, on racontait des choses, il y avait un combat social, du coeur. Aujourd’hui, PNL, tout le monde a les cheveux longs, ils n’ont plus aucune fin sociale les mecs, ce qui compte, c’est d’être beau… On n’entend plus leurs voix, y a que du vocodeur partout. Mais putain, le coeur, il passe par la voix…

Tu te souviens du moment où ton amour du foot est né? Moi, mon amour du foot, il naît vraiment avec les frères Revelli, quand Saint-Étienne joue le Bayern en coupe d’Europe. Je devais avoir six ou huit ans. Je me souviens qu’il faut que Sainté garde le ballon. Il neige, le ballon est orange, et les Revelli, ils font exprès de tomber sur le ballon pour gagner du temps. Ils trouvent tous les vices possibles pour gagner des secondes… Ils se battaient avec ce qu’ils pouvaient. Le foot, le sang, dans la neige, dans le froid, je trouvais ça héroïque. Et que ce soit deux frères qui fassent la carotte, c’était magnifique…

Et le foot au cinéma? J’ai fait un film sur le foot, Les Seigneurs. Que le film soit bien ou pas, je m’en bats les couilles…

Ce n’est pas bien… (Rires) Non, non, c’est pas bien, personne l’a trouvé bien, ce film… Même nous… Olivier Dahan, il a pas de culture foot. Mais je kiffe ce mec. Il m’appelle demain pour un film, j’y vais les yeux fermés… Mais bon, bref, ce que je voulais dire, c’est que dans ce film, il y a des scènes de foot, et tout le monde a des doublures, sauf moi. Bah oui. Moi, ma doublure, je lui ai dit: “Tu restes assis!” Gad, Dubosc, c’est des pieds cassés… Leurs pieds, ils sont pas carrés, ils sont octogonaux. Des pieds à trente faces. Clairement, les mecs ont été dispensés de sport toute leur vie! Mais bon, c’était une super… on dit “expérience” en téléréalit­é, c’est ça? Bref, on a été au bout de nos rêves. On lâche rien!

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Une bande de rigolos.

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