Angleterre 98: the last gang in town
Au soir du 11 octobre 1997, la bande à Gazza frime à mort en sortant des vestiaires de l’Olimpico. Comme ils l’avaient annoncé en quittant Londres deux jours plus tôt, ils ont bien décroché le 0-0 à Rome, qui les qualifie directement au mondial 98 et relègue la
Squadra en barrages. Sans Shearer, le crazy gang de Glenn Hoddle mené par un Gascoigne des grands soirs a impressionné. Du costaud à toutes les lignes: Seaman, Campbell, Le Saux, Ince, Adams, Southgate, Beckham, Gazza, Wright, Sheringham et Batty. Après la victoire au tournoi de France en 1997 et ce nul chez les redoutables Italiens, l’Angleterre possède sans le savoir une équipe capable de gagner France 98. Talent, expérience, méchanceté: tout est réuni pour aller au bout, à un moment où l’on peine à désigner un favori net pour le mondial français. Qui plus est, les Three Lions ne sont pas soumis à la pression étouffante qui les avait escortés tout au long de leur Euro 96. Mais, patatras! Ils vont dérégler eux-mêmes le bel alignement des planètes… Gazza, d’abord, surpris par les tabloïds lors de beuveries avant le mondial. Glenn Hoddle le vire avec pertes et fracas à l’annonce de sa liste. Une semaine plus tard, à la veille de la compète, c’est Teddy Sheringham qui se fait rattraper par la patrouille au cours d’une soirée arrosée, clope au bec et petite nana court vêtue. Après un premier tour pas mal négocié avec deux victoires 2-0 face à la Tunisie et la Colombie contre une courte défaite concédée aux Roumains (1-2), les Englishmen retrouvent leurs vieux amis argentin. Dans le Chaudron stéphanois, Owen fait une apparition messianique: 2-1 à la 16e pour l’Angleterre. Une grande équipe est en train de naître sous nos yeux... Car ni l’égalisation argentine par Zanetti (2-2, 45e +1), ni la stupide exclusion de Beckham à la 47e ne semblent entamer un collectif tactiquement bien organisé. Un but de la tête a priori valable de Sol Campbell sur corner est même invalidé pour une faute pas évidente. Le 2-2 final n’évoluera pas en prolongation et c’est aux tirs au but que la qualif pour les quarts va se jouer. Cet exercice que les insulaires ont toujours snobé dans leurs coupes nationales respectives va évidemment leur être fatal. Ince et Batty ratent, laissant la voie libre à l’Albiceleste. Dans la tribune VIP, Mick no satisfaction Jagger est mortifié. On ne le sait pas encore mais ces Three Lions sont la dernière grande équipe d’Angleterre, authentique, talentueuse, sale, méchante et coachée par un Hoddle qui respire le foot british. Cette Angleterre-là est morte debout, les armes à la main…