So Foot

Le mondial vu de prison

Ils n’ont pas fait la fête sur les Champs. Et pour cause, ils étaient derrière les barreaux…

- PAR RAPHAËL MALKIN

Bobo a longtemps écoulé 20 kilos de haschich par semaine. C’était avant que la patrouille le rattrape et le condamne, en mai 1998, à une amende de trois millions de francs ainsi qu’à une peine de deux ans d’emprisonne­ment. Direction le centre pénitentia­ire de Fresnes. “Mais ça ne m’a pas empêché de vivre la coupe du monde, comme tout le monde. À l’intérieur, il y avait une vraie effervesce­nce”, sourit-il aujourd’hui. Dans la coursive du trafiquant, beaucoup utilisent alors l’argent que leur envoient leurs proches pour louer une petite télévision auprès des services de la prison. Les plus assidus n’hésitent pas non plus à “cantiner” L’Équipe ou Le Parisien pour suivre au plus près l’actualité de la compétitio­n. Et puis on parie, aussi. Celui qui a bon remporte les viennoiser­ies des autres, celles que l’on distribue par boîte de quatre le samedi matin. À Fresnes, à part ce Croate louche qui avertit que la bande à Suker ira loin, on aime d’abord le Brésil, comme ce manager d’un groupe de rap connu, enfermé pour tentative d’homicide avec le survêt de la Seleção. “Le Brésil, c’était le football champagne, note Bobo. Et puis, pour les détenus, soutenir Ronaldo, c’était une manière d’être contre le système, contre l’État français.” Ça n’empêche pas non plus les détenus de s’enthousias­mer pour les Bleus à mesure que la compétitio­n avance. “À partir des quarts de finale, dès que la France marquait, on faisait un boucan pas possible. Tout le monde frappait sur la porte de sa cellule. Pendant un mois, on n’avait pas vraiment l’impression d’être en prison…”

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France