“Les gens sont tous sur la coupe du monde”
Finaliste à Wimbledon en 1998, Nathalie Tauziat réalise le plus gros parcours de sa carrière pendant que les Bleus enflamment la France. Récit d’une quinzaine en toute discrétion.
Chez elle, Nathalie Tauziat a précieusement gardé la une de L’Équipe du 3 juillet 1998: “Un bandeau en haut marqué ‘Formidable Nathalie’, et en bas, une grande photo de Didier Deschamps contre le Paraguay.”
Sa seule présence en une du quotidien durant sa formidable quinzaine londonienne quand, un mois plus tôt, Cédric Pioline en avait enquillé huit en atteignant le dernier carré de Roland-Garros. L’édition 1998 de Wimbledon s’est ouverte la veille de la troisième journée de poules pour se terminer au lendemain des quarts. “Évidemment, on parle foot, les journalistes tennis nous demandent si on regarde les matchs, les Anglais si on a vu jouer l’Angleterre, sourit
aujourd’hui Tauziat. J’ai eu la chance de ne pas rater un match de la France grâce au programme de Wimbledon. Ils avançaient, j’avançais. L’engouement a fait passer mon ‘exploit’ en retrait, mais a dû aussi m’enlever de la pression. Là, je me disais: les gens sont tous sur la coupe du monde.” Remise d’un Roland-Garros raté grâce au début de sa saison sur herbe, la Française arrive à Londres dans la peau de la dernière tête de série. Après quatre tours plus ou moins faciles, son quart de finale contre la numéro 2 mondiale Lindsay Davenport, écartée en deux sets, tourne à la démonstration: “Je jouais sur un nuage. Mon tennis était parfait, c’était fluide. J’ai tout rentré: des aces, des retours gagnants, des superbes volées…” La demi-finale contre la Biélorusse Zvereva est plus laborieuse, mais gagnée. Entre Tauziat et une carte de membre à vie du All England Lawn Tennis and Croquet Club se dresse la Tchèque Jana Novotna, disparue en novembre dernier à l’âge de 49 ans. Et avant cela, un autre rendez-vous: “La veille, j’ai
dit à mon agent: ‘je te préviens, une heure avant le quart de finale France-Italie, fini les interviews, je rentre regarder le match.’ J’essayais de ne pas trop m’exciter pour ne pas perdre d’énergie pour ma finale. Quand l’Italien a mis son tir au but sur le poteau d’en haut
[sic], j’ai sauté en l’air.” Le samedi 4 juillet, la pièce tombe de l’autre côté en finale, bouclée sur une courte défaite (6-4, 7-6) et un tour d’honneur effectué à la demande du juge-arbitre: “J’étais tellement contente d’être là que, à la limite, je ne l’ai pas jouée en me disant que ça se gagne.” Au grand dam de Zizou, posté devant sa télévision pour la suivre. “On m’a raconté qu’il avait parlé de moi à la télé après l’Italie. Il était désolé que mon exploit ait un peu été mis en retrait à cause du mondial. C’était gentil de sa part.”