So Foot

Black-blanc-breizh

Le 7 juillet 1998, le groupe Manau et son étrange rap de fest-noz sort l’album Paniquecel­tique. Son leader, Martial Tricoche, raconte son fol été à jongler entre la promo du CD, les matchs des Bleus et son job à l’usine.

- PAR ANDRÉA CHAZY

Votre album est sorti en plein pendant la coupe du monde. Tu te rappelles de cette période et de cette journée plus que spéciale?

À l’époque, on faisait des showcases, des podiums radio, etc. Moi, j’avais acheté le maillot de Zizou et je chantais avec. Ce dont je me souviens le plus, c’est que pendant la promo, on écoutait les matchs –mais tous les matchs– à la radio, en voiture, en taxi. C’est comme ça que j’ai suivi la coupe du monde.

Durant la compétitio­n et jusqu’à septembre, La Tribu

de Dana était numéro 1 des charts. Vous avez été portés par le morceau jusqu’à la sortie de Panique

celtique?

Pendant la coupe du monde, le morceau passait partout, mais personne n’avait capté mon blair. Quand j’ai écrit La Tribu de Dana, je pensais que tout le monde allait me dire: “Mais qu’est-ce que tu racontes comme conneries!?” Sincèremen­t, je ne pensais pas que ça allait cartonner. Je ne pourrais pas expliquer ce qui s’est passé. Pour te dire, la première fois que j’ai entendu La Tribu de Dana à la radio, j’étais à l’usine!

Dans la chanson L’avenir est un long passé, tu parlais déjà de la montée de l’extrême droite en France, alors que ce que l’on retient de cette

époque, c’est la France “black-blanc-beur”. Je suis un enfant des années 80 et j’ai toujours baigné dans l’antiracism­e. À l’époque, j’habitais à Villetaneu­se, qui était une commune communiste, et on était à fond dans le “Touche

pas à mon pote”. Le “black-blanc-beur” de 98, ça reste une histoire très médiatique. C’est un coup d’un soir. Tout le monde est habillé en bleu, à crier: “On a gagné”, comme à un spectacle. Mais le lendemain, retour à la réalité.

Comment a été vécue la coupe du monde dans

ton quartier?

J’ai souvenir qu’il y avait un grand bloc derrière les Bleus. Après, j’habitais près d’un quartier portugais, on se chambrait tous entre nous. Combien de fois j’ai entendu: “S’il y avait pas eu de Rebeux, on n’aurait pas gagné la coupe du monde”…

La finale, tu l’as regardée où?

Chez mon petit frère, avec mes potes. Et quand on a gagné, on a fait comme tout le monde: on est parti sur Paname, on a bu deux-trois bières, on a fait les cons avec le maillot de Zizou sur le dos, on a essayé de pécho, mais comme on est moches, ça n’a pas marché. Alors on est partis manger un grec à gare du Nord et on est rentrés chez nous. Des galériens, quoi (rires).

“Le soir de la finale, on a fait comme tout le monde: on est partis sur Paname, on a fait les cons avec le maillot de Zizou sur le dos, on a essayé de pécho mais comme on est moches, ça n’a pas marché”

Martial Tricoche, leader de Manau, numéro 1 des charts avec LaTribudeD­ana

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