8 JUILLET 1998

5h40 du matin, à trois jours du début du Tour de France, retardé d’une semaine pour ne pas rester dans l’ombre du football, le soig soigneur de l’équipe Festina, Willy Voet, est interpellé au volant de sa Fiat par des douaniers français à Neuville-en-Ferrain, près de la frontière belge. Dans son coffre, 500 doses de produits dopants, dont 235 ampoules d’EPO. “Quand nous l’avons amené au siège de la douane à Halluin, il a même regardé la coupe du monde avec nous, et nous sommes allés lui acheter des frites. Il a pronostiqué le score de 2-1 pour le match France-Croatie et il a gagné, raconte à La Libre Belgique un des quatre douaniers chargés de l’arrestation. On aurait dit qu’il ne mesurait pas vraiment la gravité de son acte, mais c’est quand les policiers sont arrivés vers 23h30 qu’il s’en est rendu compte.” C’est le début

de “l’affaire Festina”, et la fin de la demi-finale du mondial entre la France et la Croatie. Menés 0-1 à l’entame de la deuxième mi-temps, les Bleus finissent donc par l’emporter grâce à un doublé de Lilian Thuram. “Le scénario n’était pas écrit ainsi, raconte ce dernier dans L’Équipe. Ça m’agaçait tellement que j’ai pris le ballon, je suis monté et j’ai frappé. Voilà.” Pour célébrer son second but, il s’agenouille sur la pelouse, bras croisés ; la main droite levée et l’index en l’air pour faire le pistolet. On parle d’une imitation de James Bond. “J’étais dans un état second, même plus que second. À la limite, je me demandais ce que je foutais là, poursuit l’agent tricolore. Avant le match, on réfléchissait au geste à accomplir si l’on mettait un but, et Marcel (Desailly, ndlr) m’a dit: ‘De toute façon, t’es pas concerné. Tu ne marques jamais, ou alors contre ton camp.’ Je me suis marré parce qu’il avait raison. Moi, les buts, même à l’entraînement, je ne le mets pas.” Au total, 8,5 millions de téléspectatrices (sur les 17 millions de téléspectateurs) ont vu la France rejoindre le Brésil en finale sur TF1, soit deux tiers des téléspectatrices en France ce soir-là. Quant au vieil homme Sepp Blatter, les tirages incessants de maillot depuis le début de la compétition, ça commence à sérieusement l’irriter. “C’est incroyable, on a l’impression qu’ils ont été payés par des fabricants de textile pour tester leur tissu”, s’emporte publiquement le président de la Fifa, réclamant l’usage de la vidéo. 23h59, dernier décompte officiel: 240 contrôles antidopage ont été réalisés à l’occasion de cette coupe du monde. Pour le moment, aucun positif…