Le défilé du 12 juillet
Quelques minutes avant Christian et les joueurs français, c’est Adriana Karembeu qui était sur la pelouse du Stade de France. Pour quoi faire? Fêter les quarante ans de carrière d’Yves Saint Laurent en lever de rideau de la finale. Coulisses d’un show pensé par… Platini.
“C’est bien le match où la France a gagné avec Zidane?” Si sa mémoire flanche un peu, Jack Lang n’a pas oublié cette soirée du 12 juillet 1998, pendant laquelle il a pu admirer “la France telle [qu’il] l’aime, la France de
la rencontre des cultures”. C’est peu dire, en effet, que célébrer les quarante ans de carrière du couturier Yves Saint Laurent au Stade de France en lever de rideau de la finale France-Brésil revenait à lier des univers pour le moins différents. “Deux mondes opposés, uniquement reliés par la passion”, souligne même Olivier Massart, chargé de l’organisation du défilé. Pourtant, cette idée originale est une demande de la FFF. Elle émane d’une rencontre entre Michel Platini et Pierre Bergé, plus précisément. Et pour que le show soit à la hauteur de l’élégance française, les deux hommes ont vu les choses en grand: quinze minutes de représentation au rythme d’un Bolero de Ravel revisité par les Tambours du Bronx au cours desquelles 300 créations du styliste français sont portées par autant de mannequins venues du monde entier. Parmi celles-ci, Adriana Karembeu, Carla Bruni, Laetitia Casta. En coulisses, les “combattantes de l’art et de la mode”, comme les appelle justement l’ancien ministre de la culture, n’ont qu’une trouille, la chute sur cette bâche couleur ciel qui protège la pelouse, détail qui a convaincu la fédération internationale d’autoriser la cérémonie. Tout comme les 300 paires de chaussures compensées spécialement créées pour l’occasion dans le but de laisser le billard intact. Promesse tenue, le défilé est réussi. Côté modèles, on fête ce succès en rejoignant discrètement, pour certaines, quelques-uns des finalistes. Jack Lang, quant à lui, s’était déjà “précipité sur les Champs-Élysées pour participer à la liesse et à l’ivresse collective”.
De quoi justifier ces quelques trous de mémoire.