Le bisou de Zizou

Le geste de Zidane embrassant son maillot bleu après son doublé tranche une bonne fois pour toutes le débat sur la binationalité.

ZZ pique un sprint au paradis. Deuxième but de la tête et 2-0 pour les Bleus! Dans sa course dans les nuages, il se met soudain à embrasser frénétiquement sa tunique bleue. Trois fois. Puis une quatrième, plus longue, avant de tomber à genoux dans les bras de Djorkaeff. Il n’a pas levé les bras ou sauté en l’air. Juste une cavalcade et quatre baisers aux couleurs, comme un salut au drapeau. Rejeton tardif de la fameuse deuxième génération de l’immigration maghrébine (il est né en 1972), il est en train d’offrir sa première coupe du monde à la France, dont il chérit le maillot bleu, et de sceller la réconciliation symbolique entre deux peuples qui s’étaient autrefois déchirés. Dans sa course effrénée, Zidane entraîne aussi derrière lui la cohorte des métèques black et beurs qu’il représente et dont il est le héros. Ses deux buts et ses quatre baisers adoubent de façon citoyenne les filles et fils de l’immigration encore partagés entre un retour fantasmé au pays inculqué par leurs parents et le désir problématique d’intégration pleine et entière. Zidane tranche le débat une bonne fois pour toutes: “Vive

la France!” Mais sans renier ses origines, bien sûr. Zinédine reste Yazid (son deuxième prénom) et en 2006, il embrassera le maillot de l’équipe d’Algérie dans une pub pour la marque Nedjma! Ce 12 juillet 1998, Zinédine a poursuivi en sprintant la longue marche de l’intégration commencée symboliquement par son père Smaïl quarante ans plus tôt et au même endroit. C’est à la Plaine SaintDenis, à deux pas du futur Stade de France, que le paternel désargenté venu de Kabylie avait bossé comme simple manoeuvre sur les chantiers…