So Foot

Gros perso.

- sPROPOS RECUEILLIS PAR SOPHIE SERBINI ET CÔME TESSIER, À LEVERKUSEN / PHOTO: IMAGO/PANORAMIC

Stefan Kiessling parle yoga, trolls, lose et recettes de cuisine. Savoureux.

Il fait du yoga, publie des livres de cuisine et a consacré sa carrière à un club pharmaceut­ique: le Bayer Leverkusen. Le futur retraité Stefan Kiessling est un paradoxe avec la lose chevillée au corps, dont on se souviendra davantage pour un malencontr­eux but fantôme et une absence tenace en équipe nationale que pour ses 144 pions engrangés en plus de 400 matchs de Bundesliga.

CES DERNIèRES ANNéES, JE ME SUIS MIS AU YOGA. Quand je me suis blessé, j’ai reçu beaucoup de documentat­ion et de conseils de toutes les sortes de médecines possibles. Il y avait une école de yoga dans le lot. Ils ont dit pouvoir m’aider avec des exercices particulie­rs… et ils l’ont vraiment fait. C’est grâce à eux que j’ai pu m’entraîner à nouveau et jouer jusqu’à aujourd’hui. J’y vais encore une fois par semaine pour faire mes exercices. C’EST éPUISANT LE FOOTBALL AUJOURD’HUI.

Il y a trop de matchs tous les ans, c’est sûr. Et pourtant je ne joue pas en équipe nationale, et je n’ai jamais été dans le dernier carré d’une compétitio­n européenne. Si j’avais été à Barcelone, à Madrid ou en Angleterre où ils jouent beaucoup, cela aurait été pire encore. Les hanches me font mal. Mon dos a souffert. J’ai un jeu assez physique. Je n’hésite pas à donner des petits coups dans la surface. J’aime aller au contact des défenseurs, les sentir et les défier. Sûrement que j’en ai payé le prix. Cela va me faire du bien d’arrêter. JE N’AI JAMAIS FAIT MIEUX QU’UN HUITIèME DE LIGUE DES CHAMPIONS.

En 2014 contre le PSG, on a le sentiment pendant la phase de poules de pouvoir faire quelque chose au tour suivant. Et pourtant, il manque quelque chose: de la qualité, du talent, de l’expérience… De tout en fait, par rapport à eux. Quand on perd à domicile (0-4, ndlr), c’est la catastroph­e. Je ne sais pas ce qui s’est passé pour que cela se passe aussi mal. Nous avions sûrement peur de cette équipe. Ils étaient beaucoup trop forts pour nous. En ligue des champions, aujourd’hui, il y a des équipes faites pour atteindre les quarts de finale et les autres.

JE NE CROIS PAS à LA MALéDICTIO­N. C’est difficile à dire parce que certaines années, nous avions vraiment une belle équipe, très

talentueus­e, qui n’est pas allée aussi haut que ce qu’elle aurait pu faire. Je n’étais pas là en 2002, quand le Bayer a perdu la finale de la ligue des champions (contre le Real Madrid), la Pokal et la Bundesliga en quelques semaines, mais ces dernières années, j’ai été deux fois deuxième, en championna­t et en coupe. Ce ne sont jamais des beaux moments. J’aurais aimé gagner un titre avec cette équipe, j’ai toujours pensé pouvoir le faire. Heureuseme­nt, il y a le titre de meilleur buteur. Je l’ai dit à l’époque, et c’est encore le cas dans ma tête, cela reste un titre collectif. Un petit titre, mais tout de même un titre pour le Bayer Leverkusen… J’AURAIS PU SAISIR DES OFFRES POUR GAGNER DES TITRES, OU AU MOINS PLUS D’ARGENT, MAIS… À aucun moment, il n’y a eu celle qui me faisait vraiment envie. C’était mon idéal de gagner avec une équipe avec laquelle je m’identifie et pas ailleurs. J’ai rencontré ma femme ici. Mes deux enfants sont nés dans cette ville. Je crois qu’en fait, je n’ai jamais éprouvé le besoin de partir. Après ma carrière de joueur, je veux commencer à travailler ici et continuer de représente­r le club. AUPARAVANT, J’ AVAIS UNE PAGE FACEBOOK. J’ai dû la fermer après le but fantôme à Hoffenheim. La shitstorm a été trop grande. Dans le stade, personne n’a vu que le ballon n’était pas réellement rentré. Je ne l’avais pas vu moi-même. C’est devenu un grand sujet de débat sur Internet, dans les médias, et c’était compliqué à vivre. Mais avant, cela me faisait plaisir de pouvoir échanger avec les fans et d’être une partie de leur vie. Grâce à cette page, l’idée m’est venue de faire un livre de recettes de cuisine. Des amis, de la famille et d’autres joueurs ont chacun écrit une recette. L’argent récolté par la vente du livre a été réinvesti pour faire construire des crèches dans la ville. D’UNE CERTAINE FAçON, JE N’AI JAMAIS EU MA

CHANCE EN éQUIPE NATIONALE. J’ai beau avoir participé à la coupe du monde 2010, j’ai eu tout de suite le sentiment que ce n’était que parce que la presse et les journalist­es avait fait campagne en ma faveur. Jogi Löw n’en avait pas réellement envie. J’ai eu l’occasion d’en parler une fois avec lui, en 2012, quand il est venu me voir à la BayArena. Sa réponse a eu le mérite d’être claire ce jour-là: je n’étais pas son type de joueur. C’est un argument recevable. Entre Götze et moi, il y a des différence­s évidentes, ok. Il est petit, c’est un buteur vif. Mais entre Gomez et moi, où est la différence? Klose était également un buteur avec un profil similaire au mien. Löw a pris Gomez et Klose. Moi, je devais rester à la maison. Si vous lui demandez à nouveau aujourd’hui, je ne suis même pas sûr de ce qu’il répondra. Mais ça m’intéresser­ait beaucoup de le savoir.

“En 2014, nous avons sûrement eu peur du PSG. Ils étaient beaucoup trop forts pour nous”

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