So Foot

Rafael van der Vaart.

- Par Arthur Renard pour Voetbal Internatio­nal – PAYS-BAS

Alors qu’il est proche de la fin, le Batave revient sur les joueurs et les clubs qui ont émaillé une carrière riche en grand n’importe quoi.

Il a passé toute son adolescenc­e dans une caravane parquée en banlieue d’Amsterdam avant de bourlingue­r dans toute l’Europe du foot. À 35 ans, Rafael van der Vaart se termine aujourd’hui en Superligae­n, le championna­t danois, au sein du FC Midtjyllan­d. Retour sur une vie de bohème.

“À Tottenham, Harry Redknapp

disait: ‘Donnez la balle à Luka Modric. Il trouvera Rafa et on gagnera le match’”

Les débuts

Romario était mon joueur préféré quand j’étais enfant. Je trouvais ça génial de ne pas le voir pendant 90 minutes et qu’il décide de l’issue du match, d’une action brillante, à la toute dernière minute. Comme il y jouait, je regardais souvent le PSV, mais j’ai toujours préféré l’Ajax. Le jour où l’Ajax m’a pris dans son centre de formation, j’avais 10 ans et je me rappelle encore ce que j’ai ressenti quand j’ai reçu les équipement­s. L’autre moment dont je me souviendra­i toujours, c’est le coup de fil que j’ai passé à mon père pour lui dire que j’avais été pris dans l’effectif pro. J’avais 17 ans. Pour la première élection du Golden Boy (un prix créé par Tuttosport pour récompense­r un jeune footballeu­r, ndlr), j’ai terminé premier devant Wayne Rooney et Cristiano Ronaldo. À l’époque, on m’appelait

“le nouveau Johan Cruyff”, mais je n’ai jamais aimé ce genre de comparaiso­n. Je voulais me faire mon propre nom.

L’Ajax

Gérard Houllier a tenté de me recruter à Liverpool quand j’avais 19 ans. Il m’a expliqué qu’il avait discuté de moi avec Michael Owen et que ce dernier aurait été très heureux de jouer à mes côtés. J’étais flatté, bien sûr, mais ça n’était pas le moment de partir à l’étranger. Je voulais rester à l’Ajax. Un jour, Ronald Koeman m’a retiré le capitanat parce que j’avais refusé de jouer ailier gauche contre le Bayern Munich, c’est vrai. La veille, il m’avait dit: “Tu n’es pas assez bon pour jouer milieu de terrain dans notre équipe, mais je te veux sur l’aile gauche.” Si je n’étais pas assez bon pour évoluer à mon poste, comment pouvais-je l’être à un autre? Je lui ai donc demandé de me mettre sur le banc. Et oui, à l’Ajax, Zlatan Ibrahimovi­c a bien menacé de me casser les jambes. Il l’a dit à tout le monde. On n’était pas les meilleurs copains du monde, mais je préfère évoluer dans une équipe avec des gars honnêtes comme lui plutôt qu’avec des mecs qui parlent dans ton dos. D’ailleurs, il n’y a pas eu de moment précis où on ne s’est pas entendus, lui et moi, c’était tout le temps comme ça.

Le Real Madrid

J’ai passé de bons moments là-bas. En revanche, Juande Ramos n’est clairement pas mon coach préféré. Le football qu’il mettait en place n’était pas en accord avec un club comme le Real, selon moi. Ma seconde saison au club, je n’avais même pas de numéro assigné. Manuel Pellegrini m’a très vite dit que j’étais son cinquième choix derrière Guti, Kaka, Granero et Raul. Pendant la présaison, je faisais des tours de terrain tout seul, à l’écart. Une fois le mercato clôturé, Pellegrini m’a réintégré au groupe. Finalement, j’ai réussi à récupérer une place, derrière les attaquants, et j’ai fait quelques bons matchs. On dit que mon passage au Real n’est pas une réussite, mais si vous regardez les stats, j’ai beaucoup joué et marqué quelques buts.

Tottenham

Mourinho a été très honnête avec moi, il m’a dit que je pouvais rester mais qu’il avait recruté Mesut Özil pour jouer à mon poste et que je ne faisais pas partie de ses plans. Malgré cela, j’étais prêt à rester à Madrid une saison de plus. Puis, mon agent m’a appelé à 16 heures lors du dernier jour de mercato pour me dire que les Spurs s’intéressai­ent à moi. J’ai dit que j’allais y réfléchir. Pendant ma sieste, j’ai été réveillé par un coup de téléphone. Il était 18 h 40 et mon agent me pressait de choisir, là, maintenant. J’ai réfléchi une demi-seconde: “Oui, allez!” En arrivant au complexe sportif de Spurs Lodge, je me suis rendu compte que j’avais fait le bon choix. Pendant les discussion­s d’avant-match, Harry Redknapp écrivait toujours la compo sur un petit bout de papier. Puis il disait un truc du genre: “Donnez la balle à Luka Modric. il trouvera Rafa et on gagnera le match.” Quand je jouais une bonne première mi-temps, il me compliment­ait à sa manière: “Fuckin hell,

Rafa, quel joueur!” Ça stimulait, ça mettait en confiance. Son style et le mien s’accordaien­t très bien. Quand je suis arrivé à Tottenham, j’ai tout de suite lu plein de trucs sur l’histoire du club, notamment sur les derbys face à Arsenal. Lors de chacun d’entre eux, j’essayais d’offrir aux fans quelque chose avec lequel ils puissent crâner le lendemain au boulot. Une fois, j’ai mis deux petits ponts à Jack Wilshere en l’espace de quelques secondes. Je suis passé devant lui et je lui ai dit: “Ferme les jambes la prochaine fois!” Ce Spurs-Arsenal d’avril 2011 reste mon plus beau jour en tant que footballeu­r. Une chaude soirée de printemps avec un peu de soleil et une atmosphère folle dans le stade. On perdait 1-0, j’égalise avant qu’on se prenne deux nouveaux buts. On est revenus à 3-3, un superbe match. Et puis il y a eu la nomination d’André VillasBoas en 2012… Il a acheté Gylfi Sigurdsson pour en faire son meneur de jeu. C’est facile de dire ça maintenant, mais je n’aurais jamais dû quitter Tottenham.

Les Oranje

Les matchs de poule contre l’Italie (3-0) et la France (4-1) à l’Euro 2008 restent mes plus beaux souvenirs en équipe nationale. J’aurais pu jouer six heures sans me fatiguer. Après ces deux victoires, on était les favoris du tournoi avec l’Espagne. Contre la Russie, en quart de finale, on a été malchanceu­x. Juste avant la fin du match, on est parvenus à égaliser, mais dans les prolongati­ons, alors qu’il faisait 40 ºC, les Russes étaient encore incroyable­ment en forme, les mecs continuaie­nt à courir partout. Si en 2008 on s’est tous dit: “Waouh, on est vraiment

forts!”, on ne s’attendait pas à gagner le tournoi. En 2010, c’était l’inverse: “On n’est vraiment pas impression­nants mais personne ne peut nous battre.” C’est probableme­nt la meilleure sensation que tu puisses avoir. Cette finale de coupe du monde 2010, Howard Webb a eu des problèmes à l’arbitrer. Alors qu’il ne reste que quelques minutes à jouer, on obtient un coup franc. Wesley Sneijder tire dans le mur, qui détourne en corner, sauf que l’Espagne obtient un six mètres. Une minute plus tard, ils marquent. Je ne veux pas dire que cette décision a changé le cours du jeu, mais on s’est tous demandé: “Comment c’est possible?”

La fin de carrière

Mes grands-parents maternels sont originaire­s d’Espagne, ils vivent dans la région de Séville. C’était génial de les voir dans le public lors de ma présentati­on au Betis. Ce club constitue un tournant pour moi. J’y ai vécu le changement de philosophi­e des entraîneur­s qui, aujourd’hui, s’appuient de plus en plus sur la vitesse et la puissance, laissant moins de chance aux joueurs techniques comme moi de briller. Quand je voyais l’équipe jouer, je n’en croyais pas mes yeux: les joueurs balançaien­t de grands ballons en touche et se faisaient quand même acclamer parce qu’ils couraient et taclaient comme des morts de faim. Je ne veux pas devenir ce genre de joueur. Andrés Iniesta, David Silva, Isco, c’est le genre de joueurs pour lesquels tu vas au stade. Tout le temps. Si j’avais pu changer une seule chose? J’aurais aimé être un tout petit peu plus rapide. Si je l’avais été, j’aurais pu gagner le Ballon d’or.

“Au Betis, les joueurs balançaien­t de grands ballons en touche et se faisaient quand même acclamer parce qu’ils taclaient comme des morts de faim. Je ne veux pas devenir ce genre de joueur”

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Quel est le con qui l’a secouée?
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L’effondreme­nt de la théorie de l’évolution.

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