So Foot

9-8, c’est la Champions League

- cPAR CHERIF GHEMMOUR

La Roja, en blanc et sans tiki-taka, se fait déchiquete­r par des Super Eagles au sommet de leur art. Focus sur le plus beau match du mondial 98.

En écho aux supporters nigérians, tout le public de la Beaujoire scande des “Nigeria!

Nigeria!” Dans cette seconde mi-temps toujours dominée au score par l’Espagne (2-1) grâce à une volée céleste de Raul sur une ouverture de Hierro à la 47e, le soleil réapparaît sur Nantes. C’est à ce moment que les Super Eagles renaissent eux-aussi, poussés par un stade qui sent que le grandiose va se produire. Au milieu, en numéro 10 à l’ancienne, le bon petit génie Okocha virevolte et sème le zouk en Hispanie… Dans la foulée de la victoire du Real en ligue des Champions face à la Juve (1-0), la Roja était donnée favorite, bien articulée autour de son épine dorsale Alkorta-Hierro-Luis Enrique-Raul. À la 21e, Hierro avait même donné le ton en ouvrant le score sur un coup franc direct plein d’autorité. Sauf que… Le Nigeria a prouvé lors de son succès aux JO d’Atlanta, face à l’Argentine, puis face au Brésil, qu’il savait revenir au score. Adepoju égalise donc, trois minutes après le but de Hierro, d’une tête puissante sur un corner tiré par Lawal (1-1). Le match s’emballe, il fait beau, on est jeunes, c’est la coupe du monde, alors on attaque! Malgré les préceptes plutôt prudents des deux sélectionn­eurs, Javier Clemente et l’impayable mercenaire serbe Bora Milutinovi­c. En 1998, le foot n’a pas encore cédé au formatage généralisé de la mondialisa­tion. Foot africain contre foot européen: l’opposition de style est encore palpable et rafraichis­sante. À la 73e, Lawal déborde côté gauche et décoche un centre-tir puissant au premier poteau. Zubizarret­a dévie du poing dans sa cage… Les fantômes de l’Euro 1984 ressurgiss­ent: une Arconada! 2-2: la Roja met un genou à terre. L’estocade survient à la 78e. Sur une longue touche nigériane renvoyée dans l’axe de la défense espagnole, Oliseh, seul à 25 mètres, reprend d’une demi-volée qui s’en va trouer les filets du portier espagnol: 3-2! Cette mini remontada exclut déjà la Roja de la compétitio­n mais lance enfin le mondial 98. Beaujoire = beau jeu! Cinq buts, sur coup franc, de la tête, en reprise de volée, plus des dribbles comme ceux d’Okocha, des ouvertures lumineuses, des changement­s de rythme… Le tableau d’excellence du foot comme on l’aime est complet. D’autant qu’avec cette performanc­e, les Eagles valident la décision de porter le contingent de qualifiés du continent noir à cinq représenta­nts en 1998 contre trois en 1994. La chevauchée fantastiqu­e de la Beaujoire s’achèvera en huitièmes à Saint-Denis, contre des Danois déchaînés (4-1). Les belles promesses d’un samedi après-midi nantais ne seront jusqu’ici pas tenues: aucune équipe africaine n’est encore parvenue à atteindre les demies de la coupe du monde.

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Alors que revoilà Taribo West.

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