L’attentat qui n’a pas eu lieu
L’info est sortie des années plus tard: un plan pour perpétrer des attaques terroristes pendant le mondial 98 –notamment pendant Angleterre-Tunisie– avait été mis au point par le Groupe islamique armé (GIA).
Le premier terroriste était censé se faire exploser à proximité du but de David Seaman. Le deuxième, jeter une grenade sur le banc anglais où devaient s’asseoir deux jeunes stars, David Beckham et Michael Owen. Le troisième, abattre la star de la sélection aux Trois Lions, Alan Shearer. Selon le journaliste Adam Robinson, ce plan avait été développé par Ahmed Zaoui, un militant islamiste algérien soupçonné d’être un responsable du GIA en Europe, après avoir rencontré Oussama ben Laden himself. Il prévoyait aussi une attaque contre l’hôtel de la sélection américaine et l’ambassade des États-Unis à Paris, ainsi que le détournement d’un avion de ligne contre une centrale nucléaire. Le scénario, exposé sous pseudonyme dans un livre au titre accrocheur publié en 2002, Terror on the Pitch: How Bin Laden Targeted Beckham and the England Football Team, n’a jamais été sérieusement
étayé depuis. En revanche, le terrorisme a bien occupé l’arrière-plan de la coupe du monde 1998. À l’été et à l’automne 1995, une série d’attentats attribués au GIA avait fait huit morts à Paris. En 1996, les JO d’Atlanta ont été ciblés. Fin mai 1998, une série d’arrestations coordonnées en France, en Belgique, en Italie, en Allemagne et en Suisse aboutit à l’arrestation d’une centaine de personnes, dont plus de la moitié dans l’Hexagone, avant un deuxième coup de filet plus modeste à deux jours du match d’ouverture. Selon le ministère de l’Intérieur, la surveillance “laissait présumer la préparation d’actions terroristes à l’approche
de la coupe du monde” de la part de “réseaux
extrémistes dissidents du GIA”, regroupés au sein du Groupe salafiste pour la prédication et le combat, qui deviendra en 2007 Al-Qaïda au Maghreb islamique. Moins d’un mois après la fin de la coupe du monde, deux attentats au camion piégé contre les ambassades américaines à Nairobi (Kenya) et Dar es-Salaam (Tanzanie) font 224 morts – selon l’un des biographes de Ben Laden, Yossef Bodansky, l’opération fait office de solution de repli après l’échec d’une action contre la coupe du monde. Le dossier français, lui, aboutira à un procès fin 2000 et à plusieurs condamnations, dont celle de Youssef Zemmouri. Le beau-frère d’un certain Farid Benyettou, âgé de 17 ans au moment de l’interpellation de l’époux de sa soeur et futur cadre de la “filière des Buttes
Chaumont”, qui façonnera les frères Kouachi, futurs auteurs du massacre de Charlie Hebdo. jPAR JEAN-MARIE POTTIER