So Foot

Asensio.

- Par Léo Ruiz, à Majorque / Photos: UE Syndicatio­n/Iconsport, Iconsport, DR et Panoramic

À 22 ans, l’Espagnol a déjà tout gagné avec le Real Madrid. Autant le dire tout de suite, il compte bien en faire de même avec la Roja.

Marco Asensio À 22 ans, a déjà marqué en finale de ligue des champions, fusillé le Barça à plusieurs reprises et tout raflé avec le Real Madrid. La tête sur les épaules, le feu dans les jambes et la magie dans les pieds, le Majorquin récite gentiment ses gammes en attendant de prendre pour de bon la place qui l’attend sur le front de l’attaque merengue. Car lui et sa mère, partie trop tôt, le savent depuis toujours: c’est avec le Real et la Roja qu’il triomphera. Alors, pourquoi se presser?

Dehors, les touristes allemands tapent énergiquem­ent la balle sous le soleil, sur la demi-douzaine de courts de tennis en terre battue. À l'intérieur, les locaux s'enfilent les plats du jour –paella, épaule d'agneau et escargots à la majorquine– dans le brouhaha de la cafétéria du complexe sportif municipal de Magaluf. Gabriel Grillé, lui, est posté derrière le comptoir, entre un vieux poster de Zidane et un calendrier du Real Madrid. Une fois envoyé les derniers cafés, il prend enfin le temps de souffler en terrasse. Après ses expérience­s au Angelholm FF, en deuxième division suédoise, et au Club Deportivo Badajoz, en Segunda B (le troisième échelon espagnol), en Estrémadur­e, ce jeune trentenair­e est revenu à la maison, à Calvia, dans le sud-ouest de Majorque. Un coin comme les autres sur la côte: des montagnes et de la verdure dans le dos, la mer à perte de vue en face, et du béton partout le long des plages, histoire d'accueillir le million de touristes annuel. “Mon père a été le premier président de Marco ici, lance ‘Gaby', orientant son regard vers le stade local, celui du CF Platges de Calvia. Moi, j’entraînais Igor, son grand frère. Marco venait jouer avec nous, il avait trois ans de moins, était tout gringalet, mais personne ne pouvait lui prendre le ballon.” Les Asensio vivaient alors à cinq kilomètres du stade, près du parc aquatique Western Water Park, à Son Ferrer. Un quartier paisible où résident des familles de classe moyenne, sans luxe, mais où on ne manque de rien.

“Ils ont un peu retapé la maison, poursuit Gaby Grillé. Quand ils viennent à Majorque, ils dorment encore là-bas. Le problème, c’est que maintenant que Marco joue au Real Madrid, tout le monde le reconnaît et le sollicite. Mais lui est exactement le même qu’avant. Ça fait presque peur, en fait. Il rend les choses tellement normales qu’on dirait qu’il ne se rend même pas compte.” Gaby a un exemple récent à donner. Quelques jours plus tôt, il était à Madrid chez l'indéboulon­nable trio: Marco, Igor et Gilberto, le papa. “Je suis allé le voir jouer contre l’Argentine, au Wanda Metropolit­ano. Il a fait comme d’habitude: un grand match, deux passes décisives. Après la rencontre, on se retrouve dans leur appartemen­t. On était tous tout excités par ce 6-1, sauf lui: il a mangé un yaourt et nous a dit: ‘Allez, bonne nuit!'”

Roulette de Zizou et coup de pouce de Nadal

Si Marco Asensio, 22 ans, vit normalemen­t le fait d'être passé en trois ans d'un maintien en deuxième division à une finale de ligue des champions et la préparatio­n de la coupe du monde, c'est sans doute parce qu'il a compris quel était son destin: devenir l'un des meilleurs joueurs de la planète. Un destin initié dès la naissance, quand sa mère, néerlandai­se, emportée par un cancer en 2011, décide de lui donner ce prénom, en hommage à Van Basten, son idole. Très tôt, Asensio se distingue de ses pairs balle au pied, dans le gymnase de Son Ferrer, sur le terrain synthétiqu­e de Calvia et sur tous ceux de l'île. “Il avait 7 ans quand l’entraîneur de Platges m’a appelé, retrace Toni Barea Martin, sélectionn­eur des 10-14 ans des Baléares depuis 25 ans. Il m’a dit: ‘Viens voir ce petit, il est d'une autre planète.' Il faisait des passes que je n’avais jamais vues de ma vie. La première fois que j’y suis allé, il a mis trois corners directs.” Une des nombreuses spécialité­s du jeune Marco. Quand Clemente Marin, recruteur historique de l'île, se déplace à son tour pour observer le phénomène avec Pepe Bonet, le secrétaire technique du RCD Majorque, les deux hommes ont eux aussi droit à un spectacle all inclusive: “La roulette de Zidane, son idole, un corner direct, un coup franc en force dans la lucarne et un quatrième but où il avait effacé à peu près toute l’équipe adverse.” Gaby Grillé, aux premières loges depuis le début, ajoute l'elastico de Ronaldinho à la palette du jeune gaucher, “mais avec les deux pieds”. “Lors d’un match sur un petit terrain, comme il avait déjà une grosse frappe du gauche, je lui dis de tirer de loin. Il se retourne et me dit: ‘Premier ou deuxième poteau?' Évidemment, il l’a mise là où je lui avais demandé, mais sans aucune prétention. C’est juste qu’il faisait ce qu’il voulait.” À l'époque, Asensio

“Après la rencontre contre l'Argentine et ses deux passes décisives, on était tous tout excités par ce 6-1, sauf lui: il a mangé un yaourt et nous a dit: ‘Allez, bonne nuit!'” Gabriel Grillé, ami d'Asensio

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