So Foot

Arnaud Rebotini.

C’est autour d’un Coca-tranche qu’Arnaud Rebotini, le compositeu­r de musique électro, récompensé d’un césar pour la BO de 120Batteme­ntsparminu­te, reçoit dans son QG montmartro­is. À 48 ans, l’homme tente de s’accrocher à ses racines lorraines en continuant

- Propos recueillis par Mathias Edwards et Maxime Marchon / Photo: Franck Hedin ME ET MM

Supporter de l’ASNL de Platini, le DJ et compositeu­r primé aux césars n’en est pas moins devenu un fan assidu du PSG et un ardent défenseur de la VAR.

Comment es-tu devenu supporter du PSG? Grâce à –ou cause de– mon fils, qui a aujourd'hui 12 ans. Avant de venir vivre à Paris à l'âge de 13 ans, en 1983, j'étais supporter de l'ASNL. Celle de Philippe Jeannol, Jean-Michel Moutier et Olivier Rouyer. Je le suis toujours, d'ailleurs. J'ai l'impression que c'est assez courant, à Paris, de supporter le club de là où l'on vient, plus le PSG. Je suis assez vieux pour avoir vu jouer Platini, dont j'avais réussi à avoir l'autographe quand j'étais petit. J'ai eu un peu de mal à devenir Parisien, ça a été long. Quand t'arrives de Nancy, ado, avec l'accent lorrain, forcément, c'est un peu une punition car tu passes pour un plouc. Surtout que j'allais au Parc à l'époque où ça se fritait. J'y allais avec mon père, et des gars me disaient: “Venez pas avec des drapeaux de l’ASNL, ça craint.” C'est un regret de ne pas avoir réussi à transmettr­e à ton fils ta passion pour l'ASNL? Non, vraiment pas. Au début, ma résistance au PSG était un peu ridicule: j'habite à Paris, j'adore cette ville… Il ne me fallait qu'un prétexte pour me convertir, et ça a été mon fils. Pour lui, il n'y a que le PSG qui compte. Il cumule tous les clichés assez rigolos, il déteste l'OM. Avec mon fils, on va souvent au Junior Club (tribune réservée aux enfants, à côté du virage Auteuil, ndlr). C'est sympa, sauf que t'es obligé d'expliquer à ton fils ce que veut dire “Marseille,

on t’encule”.

Comment le lui as-tu expliqué? Je lui ai dit que je ne comprenais pas non plus.

Tu comprends que le stade soit le seul espace dans lequel il est encore possible de hurler des

insanités? Je trouve que ça fait partie du truc, tant que tu ne tombes pas dans le racisme ou l'homophobie. On vit dans un monde assez contrôlé, il faut pouvoir se lâcher un peu. “Aulas,

on va tout casser chez toi”, c'est assez drôle, d'autant plus qu'au final, il ne s'est pas passé grand-chose.

Si tu devais mettre tout un match en musique, comme Mogwai l'avait fait avec le dernier match

de Zidane au Real, tu choisirais quel joueur? Pour la finale de l'Euro 2016, on m'avait demandé de faire un DJ set pendant le match. Je ne sais pas si j'ai réussi à faire grand-chose, parce que la partie était quand même assez moyenne et indécise. J'avais sélectionn­é quelques passages, genre “premier but”, “égalisatio­n de l'adversaire”, pour pouvoir suivre les émotions que ressentaie­nt les gens, mais du coup, j'ai dû partir sur des choses un peu plus dark, très techno industriel­le. Si c'était allé dans le bon sens, j'aurais pu mettre des trucs un peu plus funky, voire house. J'avais pas prévu I Will

Survive en revanche (rires). Mais si je devais choisir un joueur, ce serait Cavani. C'est un vrai leader, contrairem­ent à Thiago Silva, qui est à moitié dépressif. Comment tu veux qu'il aille dire à Neymar que quelque chose ne va pas, quand il s'effondre après une éliminatio­n en coupe du monde?

Comment as-tu prévu de suivre la coupe du

monde en Russie? Je serai en tournée, donc ce sera à la télé. De toute façon, je ne supporte pas de regarder un match dans un bar, avec toutes les réflexions à la con qui fusent, les Jean-Damien et Jean-Michel qui s'excitent pour rien et viennent m'expliquer ce qu'il se passe, c'est insupporta­ble. En revanche, je regarde énormément toutes les émissions télé de débats sur le foot, avec tout ce que ça comporte de mauvaise foi et de posture. Je les prends comme de la comédie.

T'en penses quoi, de la liste de Deschamps?

Même si c'est un joueur que j'aime assez, j'ai trouvé la présence de Thauvin un peu surprenant­e. Mais il a des bonnes stats cette année et il joue bien à l'OM, qui est quatrième du championna­t… C'est toujours difficile de polémiquer alors qu'on a vu quatre matchs à la télé. Globalemen­t, j'ai dû mal à me substituer au sélectionn­eur. On a tellement critiqué Jacquet en 98 que je pense qu'il faut être prudent. Et puis, j'ai assez confiance en Deschamps, en fait. C'est “Dédé la Win”, non?

Certains disent qu'un mondial sans l'Italie, c'en

est pas vraiment un. T'en penses quoi? J'aime bien cette équipe car j'ai des origines italiennes. C'est une catastroph­e qu'ils n'y soient pas. On croit toujours qu'ils vont être nuls, et finalement, ils vont en finale. En fait, l'Italie, c'est l'inverse des Pays-Bas. On croit toujours qu'ils vont tout casser, et puis en fait, ils sont hyper décevants. Tout le mauvais côté de l'Italie, la comédie, le catenaccio, je trouve ça incroyable. Materazzi qui fait dégoupille­r Zidane, c'est l'action du match. La coupe du monde, ils la lui doivent. Même si ce n'est pas du “beau sport”, j'adore cet esprit du combat. C'est les jeux romains, il n'y a pas de loi. Le pseudo-football “champagne”, pfff… ça me gave!

La vidéo qui arrive pour le prochain mondial, ça ne

doit pas te réjouir, du coup? Ah si! Je suis hyper pour! Il y a des tas d'actions où l'arbitre ne voit pas la faute, alors que tout le monde la voit. Ils doivent être aidés. Revoir l'action, débattre en ne sachant pas si un but va être accordé ou pas, je trouve même que ça ajoute de la tension au jeu. Il faut juste accepter le fait qu'il puisse y avoir encore des erreurs. Mais moins. Je ne suis pas du genre nostalgiqu­e par rapport aux choses contre lesquelles on ne peut pas aller. Par exemple en musique, la dématérial­isation, je savais qu'on ne pouvait pas aller contre. En foot, c'est pareil.

 ??  ?? Robo mixeur.
Robo mixeur.

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