Conspiracy Watch.
Deux exceptions culturelles sont propres au football français: les directeurs de chaînes filmés en tribune, et les présidents de clubs qui lâchent des
“on dérange” à tout-va. On s’est intéressés au deuxième phénomène.
Reims dérange
Ce que l’on sait: Jean-Pierre Caillot en a gros sur la patate. Après le nul de Reims contre Lille émaillé d’un penalty selon lui évident mais non signalé par le VAR, le président champenois craque un fumi (“Je considère que le Stade de Reims, il dérange à la place où il est.”) avant de tutoyer Malraux: “Laissons les nantis, laissons les gros, et puis ben, les petits clubs comme nous, bah on n’a rien à faire dans le football, ça doit sûrement être à cause de ça.” La théorie fumeuse: Quiconque a un jour appris à lire entre les lignes pour remettre les mots dans le bon sens aura très bien compris de quoi il retourne. Les autres, continuez à boire du mousseux sous les chemtrails… La vérité vraie: À la place où il est, c’est-à-dire à mi-chemin entre Paris et Metz, Reims dérange en effet tous les Franciliens désireux de comparer les deux Centres Pompidou et obligés de faire un détour sur l’A4 pour contourner la métropole champenoise. Simplement pénible.
Rennes dérange
Ce que l’on sait: Mars 2011, l’indomptable Stade Rennais balaie Montpellier 1-0 et prend le fauteuil de leader. Jamais content, Fred Antonetti déplore alors le piètre traitement médiatique réservé aux Bretons: “Notre objectif, c’est une place dans les cinq premiers. Mais ce qui me gêne, ce sont les étiquettes de favori que l’on attribue aux uns et aux autres dans les émissions, (…) j’ai l’impression que le Stade Rennais dérange.” La théorie fumeuse: La France, ce pays où l’on déteste les winners… Pas très étonnant, donc, que le Stade Rennais et sa victoire écrasante en coupe des alliés de 1916 agacent jusqu’aux plus hautes sphères. La vérité vraie: En Bretagne, on ne se laisse pas faire. Le Stade Rennais saborde donc sa fin de saison avec 7 défaites et 4 nuls en 12 matchs, et finit bon sixième. Qui c’est qui dérange maintenant, hein?
Montpellier dérange
Ce que l’on sait: Le 30 septembre 2018, l’arbitre Ruddy Buquet interrompt le derby Montpellier-Nîmes pendant 30 minutes. En cause, la présence sur la pelouse d’ultras héraultais, mécontents après le vol d’une de leurs bâches par leurs homologues gardois. “Si on veut nous enlever les trois points, on n’a qu’à nous enlever les trois points, décrypte Laurent Nicollin, tête pensante du MHSC. Mais c’est sûr qu’on en fait chier certains, à être seconds du championnat…” La théorie fumeuse: Des siècles que l’Église nous bassine avec ses histoires de premiers et de derniers (Matthieu 19, 13-20, 16), mais comme par hasard, jamais un mot sur les seconds. L’angle mort d’une civilisation basée sur la dialectique des extrêmes. Et on sait à qui ça profite… La vérité vraie: On parle souvent de la honte qu’il y a à se prendre une bâche. On évoque moins les souffrances endurées par ceux qui s’en font prendre.
L’OL dérange
Ce que l’on sait: Pas facile de descendre du piédestal sur lequel on était installé durant presque une décennie. En cette fin de saison 2014-2015, Maxime Gonalons en a ras la quenelle de ne plus être champion et explose: “Le PSG doit gagner le titre. Les investissements qu’il fait sont très lourds.(…) J’ai l’impression que, peut-être, on dérange un peu.” La théorie fumeuse: Il suffit de regarder n’importe quelle grande comédie française pour le comprendre: les méchants riches ne font rien qu’à tirer les ficelles du pouvoir pour dominer les gentils pauvres. Et comme on dit à la fédé: “Qatari, à moitié dans mon lit…” La vérité vraie: Vous voulez vraiment la vérité? Oui: une attaque avec Clinton Njie titulaire, c’est hyper dérangeant.