So Foot

“Pour eux, j’étais un Blanc”

- NJ

Je m’occupe des jeunes de l’académie Diambars, au Sénégal. Au début, on ressentait chez eux un complexe du Blanc. C’est un héritage de la colonisati­on. Avant même la formation footballis­tique, il y a un travail d’éducation pour expliquer aux jeunes joueurs qu’une personne ne se juge pas à sa couleur de peau. Il y a un gros travail à faire sur leur estime d’eux-mêmes… À l’époque où j’étais capitaine de l’équipe nationale du Bénin, après un match contre l’Algérie, des chants insultants à mon égard et celui de mon père décédé ont retenti. J’ai été insulté comme si j’étais étranger et blanc, alors que j’étais dans mon propre pays et en train de porter le maillot de mon équipe nationale. C’est paradoxal, car je n’ai pas vécu de situation aussi violente et clairement raciste en France… J’ai beaucoup plus subi de violences verbales d’ordre raciste au Bénin qu’en France. On m’en voulait d’avoir fait comprendre à un joueur de 39 ans qu’il était temps qu’il raccroche. Les supporters du club dans lequel il évoluait au pays s’en étaient pris à moi en retour. On m’avait clairement fait comprendre, de manière moralement très violente, que j’étais un étranger. Pour eux, j’étais un Blanc… Je n’ai plus jamais rejoué avec le Bénin après cet incident.

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Jean-Marc Adjovi-Boco, icône des 90s

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