So Foot

“J’ai eu envie de l’étrangler”

- Wilfred Moke, internatio­nal congolais, actuelleme­nt à Ankaragücü BS

La première fois que tu te fais insulter, ça fait vraiment très bizarre. Je suis parti de France à 19 ans et je n’avais jamais connu ça. Alors quand on te balance un “sale Noir” ou encore un “sale singe”, franchemen­t, ça fait un choc. C’est arrivé après un fait de jeu. Je n’avais pas vu qu’un joueur était resté au sol, donc j’ai continué mon action et le mec m’a traité de sale Noir. Sur le coup, je n’ai même pas réussi à réagir. Mais dans ma tête, il s’est passé plein de choses. Ça aurait pu être violent. J’avais clairement envie d’étrangler le type. À la fin du match, le mec vient vers moi pour me serrer la main. Je ne l’ai pas calculé, mais par contre, je lui ai dit clairement les choses: “Répète-moi ce que tu m’as dit, et tu vas voir que je n’aurai absolument pas la même réaction que sur le terrain.” Les arbitres et les joueurs nous ont séparés, et heureuseme­nt, parce que je n’ai pas eu assez de caractère pour me calmer tout seul. Une autre fois, dans un vestiaire, ça a aussi failli partir en cacahuète. L’un de mes coéquipier­s se faisait surnommer “macaque” par le staff. Au lieu de leur dire d’arrêter, il faisait que de sourire. Pas très compréhens­ible, mais soit. Un jour, un jeune de l’équipe l’appelle “macaque”. Moi, je lui dis directemen­t: “Voilà, à force de laisser les gens t’appeler comme ça, les autres prennent la confiance et le font aussi, donc maintenant, il faut assumer.” On rentre dans le vestiaire, et sur le coup de l’énervement, il s’avance vers celui qui l’a appelé “macaque”, l’attrape et commence à lui mettre deux grandes droites. Du coup, il a fallu les séparer. On était uniquement trois Noirs dans l’équipe et on a été obligés de le défendre parce que c’était très chaud. Et tu voyais bien qu’il y avait deux clans sur le moment.

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